Le recours à la justice internationale reste, sans doute, l'ultime moyen dont dispose Sonatrach pour obtenir une révision à la hausse du prix du gaz qu'elle livre à l'Espagne. C'est du moins ce qui ressort des propos du ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui a souligné samedi que face à la partie espagnole qui "n'a accepté ni l'arbitrage international ni les négociations", Sonatrach est disposée à aller à la justice internationale pour obtenir cette révision du prix du gaz. Le ministre a souligné que ce droit d'aller à la justice était prévu dans le contrat liant les deux parties. "Nous allons en justice, car c'est elle qui va trancher sur le droit de Sonatrach de négocier les prix du gaz, une demande qui dure depuis deux ans", a-t-il ajouté. M. Khelil a, par ailleurs, fait savoir que la non-révision du prix actuel "va faire perdre à l'Algérie environ 300 millions de dollars par an", ajoutant que Gas Natural est en arbitrage avec la plupart de ses clients. Cette décision de recourir à la justice internationale intervient après que les négociations entre Sonatrach et la société espagnole Gas Natural sur une augmentation du prix du gaz algérien commercialisé en Espagne, à la demande de l'Algérie, soient interrompues depuis plusieurs semaines. Les négociations, entamées il y a deux ans, concernaient les anciens contrats dans lesquels les prix de vente du gaz de Sonatrach à Gas Natural sont plus bas que ceux qui sont obtenus par les autres clients desservis dans la péninsule ibérique. Pour ramener ces prix à des niveaux raisonnables qui tiennent compte des augmentations des prix du gaz sur le marché international, tout en tenant compte de l'impact sur le consommateur espagnol, Sonatrach avait demandé une augmentation de 20%. Les effets sur le consommateur espagnol ne seraient que de 6%. L'augmentation devrait être de l'ordre de un dollar par un million de BTU (unité thermique britannique). Après un premier accord, Gas Natural a changé d'avis. Ce genre de révision des prix est prévu dans les contrats. Les rapports entre l'Algérie et l'Espagne sont de plus en plus tendus. Outre cette question de révision des prix du gaz, la situation ne semble pas meilleure concernant le projet Medgaz qui, pour sa part, est aussi source de conflits entre les deux parties. Devant une telle situation, l'Algérie envisage d'autres options pour la commercialisation de son gaz, notamment l'éventualité de le vendre sous forme de GNL. D'ailleurs, M. Khelil a, récemment, réaffirmé que l'Algérie place le marché américain parmi ses principaux objectifs en matière de commercialisation de GNL. Le ministre a aussi précisé que l'expérience algérienne en matière de liquéfaction du gaz (GNL) "place l'Algérie dans une position lui permettant de renforcer sa présence outre atlantique et de sécuriser l'accès aux marchés US à travers, notamment, la réservation de capacités sur des terminaux de regazéification".