Le blé coté sur le Matif a battu, lundi 4 juin, un record historique en se hissant jusqu'à 166 euros 50 la tonne pour une livraison en novembre. Des cours aussi élevés avant même la récolte, de mémoire de courtier, on n'a jamais vu ça. Les prix grimpent beaucoup plus vite et beaucoup plus haut qu'en 2003/2004, lors de la campagne marquée par la sécheresse alors que cette année, la production de l'Union européenne s'annonce nettement supérieure. La situation n'est pas comparable, oppose un trader, parce que les stocks mondiaux sont aujourd'hui au plus bas depuis 1981. Dans ce contexte, les avanies que connaît la production de la mer Noire assombrissent le tableau. le Premier ministre ukrainien a demandé à son ministre de l'Agriculture de mettre en place, de toute urgence, des limitations à l'exportation. Vu la faiblesse de la récolte attendue, les autorités veulent constituer des réserves pour la consommation domestique. Lors de la campagne marquée par la sécheresse cette année, la production de l'Union européenne s'annonce nettement supérieure. Les prix sont soutenus par la perspective d'une suspension des exportations en Ukraine, grand rival des céréales européennes sur le pourtour méditerranéen. Vu la faiblesse de la récolte attendue. La Roumanie a, elle aussi, confirmé ses craintes, sa récolte pourrait être la plus faible depuis 4 ans. La mise à l'écart des céréales de l'Est ouvrirait la porte aux orges et blés européens sur certaines destinations méditerranéennes, notamment le Maghreb et l'Egypte. Par ailleurs, un recul des productions en Russie et en Ukraine pourrait conduire à une révision à la baisse du stock mondial de blé, aujourd'hui au plus bas depuis 1981. Qui plus est, les pluies retardent les moissons en Chine et en Argentine tandis que la qualité des blés d'hiver américains se dégrade au fil des semaines en raison de conditions climatiques peu favorables. En France, certains doutent de la qualité de la récolte, car le mauvais temps a empêché les céréaliers de traiter leurs cultures au moment approprié pour éviter les maladies. A Londres, où est coté le blé destiné à l'alimentation animale, les cours ont suivi le même mouvement. Une hausse qui devrait persister jusqu'à ce que les premières récoltes permettent de dégager une appréciation plus juste du niveau exact de la production. L'information était déjà connue mais, sur un marché ultra sensible, sa confirmation officielle a fait monter la pression. Toujours dans la veine des informations haussières, la Roumanie a, elle aussi, confirmé ses craintes, sa récolte pourrait être la plus faible depuis 4 ans. Enfin, en France, on doute de la qualité de la récolte, car le mauvais temps a empêché les céréaliers de traiter leurs cultures au moment approprié pour éviter les maladies. Partout, dans le monde, la tension est manifeste : après Paris, Chicago a pris le relais. Le contrat de référence sur le marché américain des céréales a gagné une poignée de cents dès l'ouverture de la séance. Les gros pays importateurs, notamment ceux du Maghreb et du Golfe, commencent à s'inquiéter sérieusement. Idem pour les industriels, selon l'analyste Hélène Morin d'Agritel, ils ne sont toujours pas couverts pour la prochaine campagne, effrayés par cette spirale haussière, ils seraient passés aux achats hier, d'où le bond enregistré sur le Matif où l'on traite le blé meunier.