Le prix du sucre a ainsi atteint 19,67 cents la livre jeudi à New York, ce qui constitue un plus haut depuis mi-mars. Les analystes s'attendent à une baisse de la production brésilienne alors que le pays est le principal exportateur mondial. En mai et juin dernier, une sécheresse a en effet touché la région productrice du centre-sud du pays. En ce qui concerne la demande, les fondamentaux sont également haussiers, les observateurs estimant que le Vietnam devrait importer 150 000 tonnes de sucre dans les mois à venir afin de faire face à une pénurie sur son marché local et de stabiliser les prix. A noter également : la persistance de difficultés logistiques d'acheminement dans les ports brésiliens, si l'on en croit Barclays Capital. Même si le Brésil fait partie des 10 plus grandes puissances économiques, le pays est paralysé depuis de nombreux mois par les difficultés logistiques. En 2007, la Banque Mondiale avait même classé le pays en 61ème position dans ce domaine. Des améliorations se mettent certes en place, mais lentement. En 2008, le temps moyen de convoyage de marchandises du fabriquant au point d'embarquement pour les exportations était en moyenne de 3,5 jours, soit 1 de plus que le Canada, pays dont le PNB est le plus proche de celui du Brésil. Il était de 7 jours depuis le point d'entrée des marchandises importées jusqu'au destinataire, alors que ce délai était en 2008 de 4 jours au Canada et 4,5 jours en France. Compte-tenu de tous ces éléments, au final, sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 580 livres vendredi vers 15H00 GMT, contre 555 livres vendredi dernier vers 16H30 GMT. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 19,40 cents, contre 18,30 cents la semaine précédente pour la même échéance. De leur côté, es prix du blé se sont de nouveau envolés vendredi sur le marché à terme européen l(Euronext) grimpant à leurs plus hauts niveaux depuis plusieurs mois, dopés par la sécheresse qui sévit en Europe de l'Est et dévaste les cultures, principalement en Russie. Sous l'effet d'une vague de chaleur sans précédent, près de 10 millions d'hectares de cultures ont été détruits en Russie, soit 20% des surfaces céréalières cultivées, selon le ministère russe de l'Agriculture. Le ministère a revu à la baisse des prévisions de production de céréales à 85 millions de tonnes (Mt) contre 95 Mt engrangées l'an passé. Mais les analystes estiment ce chiffre bien trop optimiste et tablent plutôt sur une récolte autour des 75 Mt, voire même sous les 70 Mt pour certains. La situation est également préoccupante en Ukraine et au Kazakhstan, deux autres pourvoyeurs importants du marché mondial. Les récoltes sont aussi attendues en repli en Europe de l'Ouest, France et Allemagne en tête, ainsi qu'en Europe centrale (Hongrie, Bulgarie, Roumanie) ou encore au Canada où les pluies ont eu raison des rendements. Exportateur majeur, la Russie a vendu 18 Mt de blé en 2009 assurant 15% des exportations mondiales. Une présence moindre des blés russes en 2010 laisserait la place libre à la concurrence d'Europe de l'ouest, sur le pourtour méditerranéen, ou américaine, sur le sud-est asiatique. Cette perspective de ventes et le resserrement des disponibilités en Europe de l'Est a provoqué un fort mouvement spéculatif sur les marchés à terme spécialisés des deux côtés de l'Atlantique où les prix ont progressé de 35%. A la Bourse de Chicago (CBoT), place de référence mondiale, le cours du blé a atteint jeudi soir un plus haut depuis plus d'un an, le contrat pour livraison en septembre grimpant jusqu'à 6,2750 dollars le boisseau (25 kg). Parallèlement sur le marché à terme européen (Euronext), le contrat de blé meunier pour livraison en novembre progressait de 5 euros vendredi après-midi valant 193,25 euros, soit un gain de 22 euros sur la semaine et de 33 euros sur le mois. Ce même contrat valait tout juste 130 euros au printemps dernier. Autre conséquence de la grande volatilité des cours, les volumes échangés sur le marché à terme européen ont explosé depuis quelques semaines sous l'effet de rachats de positions et de la présence inhabituelle des fonds de pension américains. En effet, les producteurs européens qui avaient vendu leur blé à 130 euros il y a trois mois sur l'Euronext se sont empressés de racheter leurs positions afin de profiter de l'envolée des cours. Au même moment, la flambée des prix sur le vieux continent a alerté les fonds anglo-saxons lesquels ont investi le marché européen devenu subitement très intéressant. Une grande première pour ces investisseurs qui se concentrent d'ordinaire sur les grandes places américaines. Ainsi, le 22 juillet dernier, l'activité à battu un record sur l'Euronext où plus de 50.000 lots de 50 tonnes chacun ont été échangés dans la journée contre 10 à 15'000 tonnes habituellement. Ce jour-là, 7% de la récolte française a changé de mains. "Aujourd'hui c'est le marché européen qui dicte la tendance au marché de référence américain", a affirmé un trader. Toutefois, les spécialistes demeurent prudents et jugent ce mouvement haussier "purement spéculatif". Ils rappellent que les moissons ne sont pas encore achevées dans l'hémisphère Nord et que celles du Sud (Argentine, Australie) ne débuteront que dans quelques mois. De plus, les stocks mondiaux sont amplement suffisants pour combler le recul des productions. Dans son dernier rapport publié le 29 juillet, le Conseil International des Céréales (CIC) basé à Londres, chiffre la production mondiale de blé pour 2010 à 651 Mt (-26 Mt par rapport à 2009) à laquelle il faut ajouter les 197 Mt de stock accumulé l'an passé. Soit un total disponible de 848 Mt, volume largement suffisant pour assurer une consommation estimée à 655 Mt. Par ailleurs, les cours du cacao ont connu des parcours contrastés cette semaine, finissant en légère baisse alors que les prix new-yorkais rebondissaient. Le rebond du cacao coté à New York a été favorisé par un accès de faiblesse du dollar, à son niveau le plus faible depuis début mai face à l'euro et depuis fin novembre 2009 face au yen, rendant plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en septembre cotait 2279 livres sterling à 15H00 GMT (17H00 HEC) contre 2302 vendredi dernier vers 16H00 GMT. Sur le NYBoT-ICE US, le contrat pour livraison à la même échéance valait 3070 dollars la tonne contre 2967 dollars une semaine plus tôt. Les cours du café ont retrouvé le chemin de la hausse cette semaine, touchant même un plus haut depuis 12 ans à New York. La livre de café a atteint 178,75 cents vendredi à New York, son niveau le plus fort depuis février 1998, portée à ébullition par un regain d'intérêt des investisseurs -- qui profitent d'une accalmie saisonnière dans la consommation de café pour effectuer des achats à bon compte, ont expliqué des analystes. A Londres, la tonne de café a atteint le même jour 1.810 dollars, son niveau le plus fort depuis fin octobre 2008. Cependant, "comme les acheteurs commerciaux et industriels sont actuellement particulièrement discrets et que les fonds (d'investissement) sont déjà (très présents), on peut se demander si les marchés vont pouvoir continuer sur cette lancée", prévenait Ralph Hawes, analyste de la maison de courtage Sucden. En effet, si l'offre d'arabica de qualité est actuellement faible, "l'approche de la récolte brésilienne limite le rebond" du café, a noté la revue spécialisée The Public Ledger. Autre pression sur les cours, "les exportations vietnamiennes de café ont bondi de 70% en juillet par rapport à la même période (en 2009)", selon The Public Ledger. Sur le Liffe de Londres, le robusta pour livraison en septembre valait 1.786 dollars la tonne vers 15H00 GMT contre 1.724 dollars pour la même échéance vendredi dernier vers 16H30 GMT. Sur le NYBoT-ICE US, l'arabica pour livraison en septembre cotait 175,25 cents la livre, contre 166,70 cents une semaine plus tôt.