En l'absence de tradition dans la réflexion stratégique et ainsi fatalement avec le développement de visions qui ne peuvent qu'être polémistes, nous pouvons bien nous poser la question de savoir quelle ligne directrice politique globale suit l'Algérie et quelle ligne directrice économique suit l'Algérie . Pourquoi des émeutes, pourquoi des sit-in, sinon que ces procédés traduisent non pas l'absence de dialogue, mais le refus de celui-ci ? Il y a bien les concepts de sécurité, de paix, de dialogue, qui sont mis en avant et même souvent dans les discours même officiels, mais cela suffit-il à définir les éléments d'une ligne politique stratégique, puisqu'il apparait que les politiques d'action ne sont pas toujours, et même souvent, en accord avec ce qui est attendu des concepts. En ce qui concerne plus particulièrement l'arrimage à un espace géopolitique, la diplomatie donne l'impression que le pays veut contracter deux mariages en même temps, à savoir entrer dans une situation de bigamie avec la Ligue arabe et l'Union africaine. Mais, là encore, il y a une confusion par rapport au choix de l'identité du Maghreb qui est affublé d'une identité en relation avec le monde arabe mais pas avec l'Afrique. D'abord, de quelle crise ou de quelles crises faudrait-il en sortir ? Il y a des visions personnelles, mais pratiquement pas de crises reconnues par tous et donc pas de thérapies consensuelles. On dit, par exemple, qu'à haut niveau, en matière de gestion de crise, c'est le dialogue permanent qui sera promu comme base de l'action stratégique. Cela est dit, mais cela sera-t-il fait ? L'énoncé du concept de dialogue n'implique pas fatalement un engagement irréversible des pouvoirs publics. Les preuves en sont nombreuses. Que d'émeutes et de grèves auraient pu être évitées si avait prévalu le dialogue et si avait été reçu le syndicat autonome comme partenaire social à part entière ? Si on se réfère à la décision américaine de contourner le Conseil de sécurité de l'ONU, on sait tous ce qui en a été généré. Al Qaïda n'existait pas en Irak avant l'agression de mars 2003, mais après celle-ci, il y eut un appel d'air qui a ramené Al Qaïda en force dans ce pays, avec des implications sur toute la région et même au-delà.