L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé, avant-hier, avoir abaissé la note de solvabilité de l'Espagne de deux crans, et indiqué que celle-ci risquait d'être abaissée encore à moyen terme. L'agence note désormais A1 les obligations d'Etat espagnoles à long terme, et non plus Aa2, refusant ainsi à l'Espagne le statut d'émetteur de haute qualité pour la ravaler au rang des émetteurs solides mais susceptibles d'être affectés par des changements de la situation économique. A1 correspond à la cinquième meilleure note sur l'échelle de Moody's. Celle-ci est plus dure avec l'Espagne que ses concurrentes Standard and Poor's et Fitch, qui ont toutes deux abaissé la note du pays à AA- (quatrième meilleure note) dans les quinze derniers jours. Moody's justifie sa décision par le fait qu'à ses yeux, l'Espagne continue d'être vulnérable aux tensions sur les marchés, que sa croissance économique ne devrait atteindre que 1% au mieux en 2012 (et non 1,8% comme elle le pensait jusque-là), et que cela rendra encore plus difficile la réalisation des objectifs budgétaires ambitieux du pays. En ce qui concerne l'Espagne, Moody's a maintenu la perspective négative qu'elle attribue à la note du pays. Cela reflète les risques que fait peser sur le pays une éventuelle aggravation de la crise de la zone euro, écrit l'agence. Selon elle, le gouvernement qui sortira des élections législatives du 20 novembre sera fermement engagé à continuer sur la voie du rééquilibrage des finances publiques, ouverte par le cabinet sortant dirigé par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Donnée favorite dans les sondages, l'opposition de droite du Parti populaire espagnol a promis l'austérité face à la crise et des mesures de soutien à l'emploi afin de faire baisser un taux de chômage de près de 21%. L'agence menace le pays de voir sa note soumise à des pressions à la baisse supplémentaires si cette attente ne se matérialise pas. En revanche, indique-t-elle, la mise en œuvre d'une politique crédible et rigoureuse de réformes budgétaires et structurelles de moyen terme, accompagnée d'une solution convaincante à la crise de la zone euro, entraînerait un retour à une perspective stable pour la note espagnole. Moody's justifie le fait qu'elle ne considère plus l'Espagne comme un émetteur de haute qualité (contrairement à ses deux concurrentes) par le fait que le pays est exposé à une contagion possible de chocs extérieurs et à ses propres fragilités internes. Selon elle, la force de l'économie espagnole à long terme n'est plus très élevée mais seulement moyenne, étant donné que le rééquilibrage économique s'annonce long pour le pays. L'Espagne a émis, avant-hier, pour 4,602 milliards d'euros de bons à 12 et 18 mois, en maintenant des taux stables par rapport aux dernières émissions malgré la dégradation de sa note par Standard & Poor's et Fitch.