La profession d'opticien est en crise. C'est ce qui ressort des contacts avec les exposants au Salon national de l'optique et de la lunetterie, qui a débuté jeudi dernier à Riadh El-Feth (Alger), et qui doit clore aujourd'hui. Ce salon a été organisé par l'Agence international communication (RH) avec la participation d'ophtalmologues et d'entreprises spécialisées dans ce domaine. En effet, selon le Dr Ghaouti Chaâbane, spécialiste en ophtalmologie et directeur de l'Etablissement de formation paramédicale d'Oran, "si cette 4e édition du salon, qui reprend du service après une interruption depuis 1994 pour des raisons spécifiques à une période donnée, l'objectif du salon est de rentrer en contact avec les gens de la profession et les autres mobilisables d'une part et d'autre part pour une approche médiatique au profit de la santé des citoyens. Il y a lieu de noter que nous comptons un déficit en matière de couverture sanitaire, puisque nous enregistrons 15 millions de sujets à traiter ; et sur ces 15 millions, 6 millions sont porteurs de correction, alors que 9 millions sont perdus." De plus, note le directeur de l'institut d'optique ophtalmique El Faraby d'Oran, "nous comptons 1200 boutiques d'optique médicale en Algérie qui n'arrivent pas à couvrir les besoins de la population”. Faut-il indiquer, remarque-t-il, “que nous avons, compte tenue de notre population estimée à 37 millions d'habitants, un rapport de 1 opticien pour 37 000 d'habitants, alors que la norme de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est de l'ordre de 1 pour 7000 habitants. C 'est dire, combien est large le déficit des opticiens dans notre pays. D'autre part, nous (les privés, ndr) avons formé 700 opticiens sur les 1200 existants". Et de là à évoquer le cas de la formation paramédicale, le pas est vite franchi par le Dr Ghaouti qui constate que L'institut d'Oran créé en 1972 et qui a fermé ses portes en 1989 pour une cause particulière, a formé 159 ophtalmologistes. Puis, il y a eu un examen de validation en octobre 1988. Et c'est l'hécatombe actuellement, poursuit le Dr Ghaouti, puisque les 4 établissements de formation paramédicales sont fermés. Questionné sur la cause de cette fermeture, le directeur de l'Institut explique que "c'est un texte qui a tout bloqué. Il s'agit du décret 11-121 du 20 mars 2011 et qui a été publié au Journal officiel du 7 avril dernier. On n'inscrit plus d'étudiants. Ce décret précise que tous les métiers paramédicaux basculent du ministère de la Santé au ministère de l'Enseignement supérieur. Et au ministère de l'Enseignement supérieur, ils disent qu'il faut trois années pour se préparer. Ce qui veut dire qu'il n y aura plus de formation durant trois années”, note le Dr Chaâbane Ghaouti. Il est vrai, poursuit-il que "nous voulons bien revaloriser ces métiers car, avec le ministère de l'enseignement supérieur il va falloir obtenir le rang magistral. C'est une exigence.". Quant à la solution préconisée pour ne point perdre ce volet de formation paramédicale, le Dr Ghaouti déclare :"nous demandons qu'à titre de dérogation on nous assure la poursuite de cette formation pour ne plus souffrir du manque du personnel paramédical. Il y a 17 établissements paramédicaux privés et 34 d'Etat. Nous interpellons donc les responsables concernés pour mettre en place une dérogation pour assurer la formation avant d'apprendre à assurer le cahier des charges futur dans 2 ou 3 ans". Concernant le déroulement de ce 4è salon national de l'optique et de la lunetterie, le Dr; Chaouti estime que "c'est un succès et nous préparons d'ores et déjà le prochain salon prévu du 24 au 27 mai prochain dans un lieu à déterminer, dans quelques temps. Je déplore l'absence d'un quelconque responsable du ministère de la Santé qui a parrainé ce salon. Mais, nous comptons également réactiver l'association des opticiens et sa redynamisation et produire une revue dont le titre est "Al Bassar" dont le numéro, zéro paraîtra justement lors du prochain salon." De son côté, le directeur de l'Agence international communication (RH), estime que ce salon a été une occasion pour les visiteurs de se rapprocher des spécialistes en vue d'avoir de plus amples informations sur la santé des yeux. Des équipements de pointe utilisés dans l'ophtalmologie et d'autres dans la fabrication de lunettes médicales ont été exposés lors de ce salon composé de 12 exposants. Ce nombre, poursuit M. Hassas, sera largement multiplié lors du prochain salon qui aura une dimension maghrébine et européenne. Et justement, M. Yacine Merad, responsable commercial, et partenaire de ce salon précise que c'est une bonne opportunité que de revoir ce salon ouvert au public. “Seulement, je déplore le manque d'exposants. En tout cas, nous sommes chargés de publier la revue "Al Bassar" lors du prochain salon. C'est un défi que nous nous lançons en prenant du temps pour bien faire". Quant à M. Boubekeur Safsaf, patron de Concept optique Annaba, il estime que "les droits de douanes et les taxes nous pénalisent beaucoup. Nous avons 30% de droits de douanes et 17% de TVA. Ce qui, à mon sens, est très élevé. Et qui sera pénalisé ? Le patient c'est évident; puisque c'est lui qui paie. On a même constaté, poursuit-il, des marchandises sous déclarées avec une valeur moindre. 2 ou 3 dollars environ la monture est une véritable pénalisation pour moi qui paie la moins chère à 27 dollars et la plus chère à 47 dollars. Voyez la différence….", remarque M. Safsaf. En tout cas, ce 4e Salon national de l'optique et de la lunetterie a permis de renouer les contacts, en attendant le prochain salon qui sera lancé sous le slogan: "La non-voyance n'est pas une fatalité"…