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Son avenir dans l'euro en question
La Grèce convoquée à Cannes avant le G20
Publié dans Le Maghreb le 03 - 11 - 2011

Les principaux dirigeants européens et le FMI ont convoqué, hier, à Cannes (France), le Premier ministre grec pour tenter de ramener le calme à la veille du sommet du G20, en laissant planer, pour la première fois, le spectre d'une sortie de la Grèce de la zone euro. "La France et l'Allemagne ont décidé de convoquer Georges Papandréou pour qu'on s'explique avant le G20", a expliqué une source gouvernementale française. "Il fallait réagir immédiatement." Athènes a ébranlé l'Europe ainsi que les marchés financiers en annonçant, lundi soir, à la surprise générale, sa décision de soumettre à un référendum à hauts risques le plan européen d'allègement de la dette grecque et d'endiguement de la crise de la zone euro. Après leur chute libre de la veille, les places boursières européennes et l'euro restaient en plein doute, hier matin, après une ouverture en hausse. Georges Papandréou était attendu de pied ferme sur la Croisette de Cannes à 20H30 (19H30 GMT) par le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, les principaux dirigeants de l'UE et la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde. Auparavant, ce petit comité baptisé "groupe de Francfort" a eu un premier mini-sommet de crise à 18H00 pour discuter de la Grèce en l'absence de son dirigeant. La décision grecque a bouleversé toute la stratégie du groupe des vingt principaux pays riches et émergents (G20) dont les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent, aujourd'hui et demain, sur la Côte d'Azur avec pour ambition au départ d'éviter au monde de replonger dans le marasme économique. Les Européens devaient y présenter à leurs partenaires leur plan de sortie de crise adopté dans la douleur, la semaine dernière, à Bruxelles, dont le but était aussi de rétablir la confiance et rassurer les Etats-Unis et les pays émergents inquiets de voir les problèmes européens stopper la croissance mondiale. Mais la mise en œuvre de ce plan est menacée par un "non" au référendum grec. Cet accord est pourtant "la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque", a martelé mardi soir Nicolas Sarkozy. Avec Angela Merkel, il compte adresser, selon une source gouvernementale, un message clair à Georges Papandréou: son référendum doit porter sur l'appartenance de la Grèce à la zone euro. Quitte à ce que les Grecs décident d'abandonner la monnaie commune. Ce serait la première fois que le couple franco-allemand envisage aussi explicitement la sortie d'un Etat de l'Union monétaire, solution jusqu'ici totalement taboue. "Le problème c'est qu'aujourd'hui, dans le climat social et politique grec, quelle que soit la question la réponse risque d'être ''non''", souligne-t-on dans l'entourage d'un des dirigeants attendus, hier, à Cannes. "Sauf peut-être si on demande aux Grecs s'ils sont pour ou contre le chaos...". Un responsable gouvernemental européen prévient: "Ce serait malheureux pour la Grèce, car leur sort en dehors de la zone euro serait bien pire que les solutions qu'on leur propose aujourd'hui. Mais s'ils le décident, eh bien, qu'ils en sortent!" Au contraire, selon Georges Papandréou, le référendum fournira un "message clair" sur "notre appartenance à l'euro". L'autre exigence du couple franco-allemand, de l'UE et du FMI porte sur la date du référendum. Le mois de janvier a été évoqué à Athènes. "Il serait utile que les doutes soient levés le plus vite possible sur la voie que la Grèce souhaite prendre", a expliqué, hier, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Selon un responsable européen, le référendum "doit pouvoir se faire avant Noël". En attendant, l'urgence grecque chamboule tous les efforts de la présidence française du G20 pour obtenir, de la part des grandes puissances émergentes, une participation claire à l'effort contre les risques de nouvelle récession et une contribution financière au fonds de secours de la zone euro. Ces derniers, Chine en tête, demandaient aux Européens de ramener le calme sur les marchés avant de se prononcer.
Pékin espère que l'UE appliquera le plan anticrise
La Chine espère que le plan de sauvetage de la zone euro sera appliqué, a déclaré, hier, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, interrogé au surlendemain de l'annonce surprise de l'organisation d'un référendum sur ce plan par la Grèce. "Nous espérons que les Européens pourront vraiment mettre en œuvre ce plan pour résoudre la crise de la dette", a dit ce porte-parole, Hong Lei. "La Chine soutient les efforts de l'UE, de la zone euro et du FMI contre la crise de la dette en Europe", a encore dit M. Hong lors d'un point de presse régulier, ajoutant que "la Chine a été et continuera d'être un investisseur important sur le marché européen". "La Chine est confiante dans la capacité de l'Europe à s'attaquer aux difficultés actuelles", a-t-il poursuivi. "Nous espérons que les pays européens vont agir de concert pour s'attaquer de façon efficace à la crise de la dette".
Rétablir la confiance
Dans un commentaire publié, hier, la presse chinoise a, de son côté, estimé que le projet de référendum grec était "une alerte qui pourrait déclencher d'autres reculs ou revers". "Les leaders européens devraient essayer de rétablir la confiance dans le plan de sauvetage, soit en persuadant les dirigeants grecs d'abandonner l'idée du référendum -- même si cela semble désormais infaisable -- soit en les aidant à trouver une meilleure solution à leurs difficultés politiques, qui mettent désormais en danger le plan de sauvetage", écrit l'agence officielle. L'accord européen du 27 octobre tient en plusieurs volets: sauvetage de la Grèce avec réduction de 100 milliards d'euros de sa dette détenue par les banques privées, nouveau programme de prêts internationaux, recapitalisation des banques européennes et renforcement du pare-feu financier de la zone euro pour éviter une contagion.
Discussions à cannes
Lundi, soir, le Premier ministre grec Georges Papandréou, a annoncé la tenue d'un référendum en janvier prochain, pour vérifier l'adhésion de la population aux plans de rigueur adoptés par la Grèce. Cette annonce choc a fait lourdement chuter les places financières, avant-hier, mais elles rebondissaient, hier. L'organisation de ce référendum devait être au centre de discussions dans la journée à Cannes (France) entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, notamment. Ce dernier doit également rencontrer le président chinois Hu Jintao, avant la tenue du G20, aujourd'hui et demain. Selon des experts français et allemands, les obligations d'Etat européennes détenues par la Chine, deuxième économie mondiale, s'élevaient début 2011 à quelque 550 milliards de dollars, soit environ la moitié de ce que Pékin possède en bons du Trésor américain.
Schäuble appelle la Grèce à se décider le plus vite possible
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a souhaité, hier, que la Grèce lève les doutes le plus vite possible, tout en assurant croire à la force des arguments pour convaincre après l'annonce d'un référendum dans le pays. Le plan décidé la semaine dernière à Bruxelles contient des éléments clé pour un deuxième plan d'aide à la Grèce. Nous pensons que la Grèce a conscience de ses responsabilités et va se conformer aux décisions prises en commun et de manière unanime, a déclaré le ministre dans une interview au quotidien régional Hamburger Abendblatt. Il serait utile que les doutes soient levés le plus vite possible sur la voie que la Grèce souhaite prendre, a-t-il dit. Je crois à la force des arguments, a-t-il ajouté dans une autre interview, au Financial Times Deutschland. Si la Grèce veut bien assumer les efforts et le poids des programmes d'aide et des réformes, si elle veut rester dans la zone euro, alors nous la soutiendrons, a-t-il ajouté. Avant-hier, en fin d'après-midi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont, dans un communiqué conjoint, réclamé une feuille de route pour la mise en application du plan de sauvetage. Hier, les places boursières se reprenaient timidement. Les analystes étaient partagés sur l'issue d'un référendum, dont la tenue, la date et les termes sont encore incertains. Si la question est formulée correctement lors du scrutin, je pense que (le Premier ministre grec) obtiendra le soutien du peuple et ainsi un bon mandat pour avancer sur les réformes, estimait ainsi Erik Nielsen, d'Unicredit. Un tel référendum serait certainement lié à la question de rester membre de la zone euro ou pas (...) La majorité de la population est critique (face aux plans de sauvetage). Dans cette mesure, M. Papandréou prend un risque extrêmement élevé avec ce référendum, jugeaient par contre les économistes de la banque Helaba.


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