Avec la célébration de l'Aïd El Adha et l'immolation de nombreuses bêtes, le commerce des peaux de mouton connaît un regain d'activité à Oran. La fête religieuse est devenue, ces dernières années, une source de revenus pour les jeunes, notamment, qui sont plus ou moins spécialisés dans ce type d'activité saisonnière. A chaque fête de l'Aïd, des commerçants se livrent à une concurrence féroce pour acquérir ces peaux auprès des citoyens afin de les revendre à des tanneries. Ces dernières se chargeront à leur tour de les transformer en matières premières utilisées dans la fabrication de produits en cuir, ou exportés vers certains pays européens et asiatiques. Exercée par des jeunes expérimentés dans la collecte des peaux de moutons pour les vendre aux bouchers, à certains abattoirs et tanneries locales, cette activité commerciale est devenue, au fil des années, un créneau porteur et à la fois pourvoyeur d'emplois. Nombreux sont, en effet, les Oranais qui ne désirent plus garder ces peaux chez eux. Disposer d'une ou de plusieurs peaux de mouton chez soi n'est plus à la mode. Un jeune, qui s'adonne à cette activité depuis des années, a indiqué qu'il voulait acquérir une grande quantité de ces peaux pour les revendre à des tanneries à des prix variant entre 300 et 500 dinars l'unité. Cependant, il doit d'abord laver les peaux, les nettoyer avant de couvrir leur surface avec des quantités considérables de gros sel afin de les conserver et, partant, les préserver de la pourriture. Les peaux sont ensuite emballées dans des sacs en plastique avant d'être cédées aux tanneries. Plus connues à Oran sous le nom de "B'tana" ou "Hidoura", l'opération de collecte de ces peaux de mouton, débute dès l'après-midi du premier jour de l'Aïd. Les jeunes sillonnent les différents quartiers et les zones à forte densité de population, à la recherche de personnes désirant se débarrasser de ces peaux encombrantes. Les revendeurs les acquièrent gratuitement auprès des citoyens ou les récupèrent carrément dans les poubelles, avant le passage des camions de ramassage des ordures. Les toisons intéressent également certains comités chargés de la construction de mosquées dans différentes localités de la wilaya d'Oran. Les peaux, une fois vendues aux tanneries, constituent un revenu supplémentaire contribuant à la concrétisation du projet. C'est ainsi que de nombreux citoyens cèdent également leurs peaux de mouton à ces comités pour contribuer à cette action sociale. En revanche, les opérateurs versés dans ce créneau assurent que les produits collectés à l'occasion de l'Aïd El Adha représentent la grande part des quantités de cuir exportées à partir de la capitale de l'ouest algérien. Le bilan de la Chambre de commerce et de l'industrie de l'Oranie indique que le volume total des exportations de cuir a atteint plus de 217.000 unités, soit environ 199 tonnes au cours du premier semestre de l'année en cours. Exportées principalement vers la France, l'Italie, l'Inde et la Turquie par des entreprises privées spécialisées dans ce type d'activité, les marchandises en question occupent la première place des exportations oranaises hors hydrocarbures. Il faut rappeler, cependant, que c'est avec la laine extraite de ces toisons que sont fabriqués les matelas traditionnels. Disposer d'un de ces matelas est un signe de fierté pour de nombreuses femmes, surtout les plus âgées, qui se vantent d'avoir fabriqué leur lit de leurs propres mains.