Les prix du pétrole grimpaient, hier, en cours d'échanges européens, soutenus par un regain de tensions géopolitiques après une vague d'attentats au Nigeria et dans l'attente d'un rapport crucial sur le nucléaire iranien par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). A la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s'échangeait à 115,67 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, progressant de 1,11 dollar par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 63 cents à 96,15 dollars. Le cours du Brent s'est hissé dans les premiers échanges, jusqu'à 116,06 dollars, un nouveau plus haut niveau depuis début septembre, tandis qu'à New York, le WTI grimpait à un sommet depuis le 1er août, à 96,15 dollars. Les cours du baril étaient portés par un regain de tensions géopolitiques, avant la publication, attendue aujourd'hui, d'un rapport de l'AIEA sur l'Iran, qui devrait étayer, selon des sources diplomatiques occidentales, les soupçons sur les ambitions militaires du programme nucléaire iranien. "Ce qui a filtré jusqu'à présent suggère que le pays a fait des avancées importantes dans son programme d'enrichissement d'uranium, plus que nécessaire pour des visées pacifiques", et le rapport de l'AIEA est susceptible de renforcer la pression internationale sur Téhéran, expliquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. La presse israélienne évoque depuis une semaine un débat au sein du gouvernement sur l'opportunité de frappes préventives contre les installations nucléaires iraniennes, et Washington ne cache pas son intention de durcir encore les sanctions occidentales contre l'Iran. L'Iran est le deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et contrôle le détroit d'Ormuz, passage maritime stratégique par lequel transitent 40% du trafic maritime pétrolier mondial. L'Afrique mise en question Le Nigeria, comme la Libye, produit un brut léger et pauvre en soufre très apprécié des raffineurs européens. "L'escalade du risque géopolitique pourrait continuer de faire grimper le Brent", soulignait M. Kryuchenkov, d'autant que les opérateurs surveillaient également le Nigeria, premier pays producteur d'or noir d'Afrique. Les forces de l'ordre au Nigeria restaient sur le qui-vive, hier, après des attaques d'islamistes qui ont fait au moins 150 morts dans le nord-est du pays vendredi, et une mise en garde des Etats-Unis contre de possibles attentats dans la capitale fédérale Abuja. En revanche, alors qu'un début de résolution de la crise politique grecque avait soutenu les marchés financiers, avant-hier, après l'annonce d'un accord entre les deux principaux partis politiques du pays pour former un gouvernement d'union nationale, la prudence revenait, hier, sur le front de la zone euro. "Les taux des obligations italiennes continuent de s'envoler, ce qui suggère que l'Italie entre dans une phase critique où la Grèce et le Portugal ont plongé avant elle. Il est désormais clair que les pare-feux" mis en place par les dirigeants européens pour limiter la contagion de la crise des dettes souveraines "ne sont pas suffisants", commentait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix. Mais selon lui, les tensions sur l'Italie passent au second plan, "la perspective des risques géopolitiques permettant au marché de résister, dans l'attente du rapport de l'AIEA". En Asie le brut en hausse Les cours du pétrole étaient en hausse, hier matin, en Asie, entre relatif apaisement sur le front politique grec et regain de tensions au Nigeria et sur le dossier du nucléaire iranien, deux importants producteurs d'or noir. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre gagnait 8 cents à 95,60 USD dans les premiers échanges électroniques. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre prenait 22 cents à 114,78 USD. Après avoir empoisonné les marchés la semaine dernière, la crise politique en Grèce semble en voie de résolution avec la conclusion d'un accord dimanche soir entre les deux principaux partis politiques pour former un gouvernement d'union nationale chargé de mettre en oeuvre le plan européen anti-crise. L'attention s'est cependant déplacée sur l'Italie, la troisième économie de la zone euro, qui voit les taux de ses obligations s'envoler à des niveaux historiques.