Les taux à 10 ans italiens ont dépassé le niveau des 7%, indifférent à l'annonce de la démission prochaine du président du conseil, Silvio Berlusconi, prouvant que le marché attend encore davantage pour reprendre confiance dans la dette italienne. Hier, le taux à 10 ans de l'Italie est monté à 7,16% contre 6,76% la veille au soir et ce malgré le prochain départ de Berlusconi, appelé de ses vœux par les marchés et qui était censé redonner de la crédibilité à l'Italie sur le marché de la dette. La démission annoncée de Berlusconi n'est pas assortie d'un calendrier, le plus grand flou demeure a indiqué Laurent Geromini, directeur de la gestion des taux chez Swiss Life gestion privée. La possibilité d'un appel à l'aide européenne se renforce avec des taux à ce niveau, indique l'analyste Manoj Ladwa de chez Extcapital. L'Italie se trouve prise dans un cercle vicieux équivalent à ce qui s'était passé pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Ces trois pays ont été contraints de demander l'aide de la communauté internationale pour ne pas avoir à se déclarer en situation de cessation de paiement. Les taux à 5 ans italiens sont à 7%, soit au même niveau que les taux longs ce qui correspond à une situation de quasi-faillite, a fait remarquer M. Geromini. En effet, s'il devient plus cher d'emprunter de l'argent à court terme qu'à long terme, on se retrouve dans un inversement de la courbe des taux qui correspond à une faillite, a-t-il expliqué. La progression des taux longs italiens intervient alors que la chambre de compensation LCH Clearnet a relevé mardi les marges demandées pour les transactions sur les titres de dette italienne. Pour réduire la pression, la Banque centrale européenne (BCE) se livrerait actuellement à des rachats de titres de la dette italienne, a indiqué une source de marché. Sur la semaine qui vient de s'achever la BCE a plus que doublé ses rachats d'obligations publiques à 9,52 milliards d'euros pour tenter de freiner l'envolée des taux d'emprunt des pays en difficulté, notamment l'Italie. La dette italienne s'élève à environ 1.900 milliards d'euros soit plus du double du total des dettes grecques, portugaises et irlandaises.