Alors que l'opposition de gauche s'est engagée à s'agréer au scrutin de mesures relatives aux désendettements de l'état, Silvio Berlusconi a essayé d'apaiser, avant-hier, les marchés ayant une crainte que l'Italie ne soit écartée par une crise financière. "Pour nous, pour l'Italie, ce n'est certainement pas un moment facile", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué après une matinée agitée sur les marchés financiers lors de laquelle les emprunts obligataires de l'Etat italien à dix ans ont vu leur rendement dépasser les 6%, un niveau sans précédent depuis plus de dix ans. Le ministre de l'Economie Giulio Tremonti a quitté plus tôt que prévu une réunion des ministres des Finances de la zone euro pour regagner Rome afin d'élaborer un plan d'austérité de 40 milliards d'euros sur quatre ans qui devrait être voté par le parlement dans les jours qui viennent. "Les mesures en discussion au Parlement vont accélérer la réduction de la dette", a souligné Silvio Berlusconi. "La crise nous force à accélérer le processus de correction de manière extrêmement rapide, à renforcer son contenu, à définir précisément de nouvelles mesures permettant de ramener le budget à l'équilibre d'ici 2014", a ajouté le président du Conseil. L'Italie, troisième puissance économique de la zone euro, est pour l'instant passée à côté des difficultés qu'ont connu la Grèce, l'Irlande et le Portugal, grâce à un déficit budgétaire relativement modeste, un système bancaire assez solide et un taux d'épargne des ménages élevé. LE VENT DE PANIQUE S'APAISE Par contre, le montant de la dette publique du pays, provoque l'appréhension des marchés, dont le montant de la dette représente 120% du produit intérieur brut (PIB). Le ministre de l'Economie a pour objectif, par son programme d'austérité, de permettre au gouvernement de respecter le but assuré à amener le déficit public de 3,9% du PIB en 2011 à l'équilibre en 2014. Les partis d'opposition ont fait savoir qu'ils soutiendraient les mesures d'austérité de façon à ce qu'elles soient votées vendredi au parlement avant l'ouverture des marchés lundi, malgré quelques contestations à certaines parties du programme. Quand la panique s'est apaisée sur les marchés avant-hier, l'écart de rendement entre le Bund allemand à dix ans et le papier italien de même échéance, qui était monté à un moment à 350 points de base, un record, est retombé à 288 points, soit un resserrement de 15 points sur la séance, grâce notamment à des rumeurs de rachats de papier par la Banque centrale européenne. Avec l'annonce du retour de Giulio Tremonti, les bancaires malmenées ont pu se ressaisir Silvio Berlusconi a aussi affirmé que l'Union européenne soutenait l'Italie et que son gouvernement était stable. "Les banques italiennes sont solides et ne sont pas exposées aux problèmes qu'ont pu connaître certaines de leurs homologues étrangères", a-t-il rajouté. "Nous devons être unis, soudés dans notre intérêt commun, conscients que les efforts et les sacrifices sur une brève période équivaudront à des gains permanents et sûrs", a déclaré le chef du gouvernement.