Si Silvio Berlusconi a bien gagné une bataille, il s'agit juste d'un sursis. Le président du conseil italien démissionnera avant la fin du mois de novembre 2011. Pendant ce temps, l'Italie est confrontée à des taux d'emprunts record qui pourraient faire vaciller son économie. À l'heure où sa popularité se trouve au plus bas, Silvio Berlusconi vient d'emporter, le 8 novembre, un vote test à la chambre des députés. Les comptes publics 2010 de l'Etat italien ont été adoptés par 308 voix pour, en dessous des 316, seuil de la majorité absolue, et zéro contre. Ce succès à la Pyrrhus a, en effet, été obtenu grâce à l'abstention de l'opposition. Il ne changera cependant rien à la situation du président du conseil plus isolé que jamais. Avant même le vote, son principal allié dans la coalition, Umberto Bossi, chef de la Ligue du Nord, avait réclamé sa démission, à l'unisson avec l'opposition. "Le gouvernement n'a pas la majorité dans cette assemblée" relativise donc Pierluigi Bersani, le chef du parti démocrate (PD), principal parti d'opposition. Cette perte de majorité absolue apparaît bel et bien comme un revers qui risque d'être fatal à Silvio Berlusconi dans les prochains jours. Le Cavaliere doit faire valider ses mesures anticrises (relèvement de l'âge de départ à la retraite à 67 ans, libéralisation de certaines professions, ventes de biens de l'Etat) devant le Sénat le 15 novembre 2011 puis la Chambre des députés en fin de mois. Depuis la fin de l'après-midi tout laissait penser à sa prochaine démission. Son ministre de la défense, Ignazio La Russa, avait indiqué que Silvio Berlusconi allait consulter le président italien Giorgio Napolitano, seul à pouvoir provoquer des élections législatives anticipées ou à nommer un nouveau président du conseil. en fin de soirée du mardi dernier, c'est le président italien qui annonçait "le président du conseil remettra son mandat au chef de l'Etat qui procédera aux consultations." Dernière mission restant au futur démissionnaire, le vote du train de mesures d'austérité. Délaissé lors du dernier G20 à Cannes, Silvio Berlusconi apparaissait urbi et orbi comme le principal problème de l'Italie pour les marchés financiers et sa population. Alors que le doute planait encore sur son départ, la compagnie Ryanair s'est emparée du sujet en proposant dans une campagne de publicité au président de Conseil des idées de vols au départ de Rome pour seulement 9,99 €. "Cher Silvio, une nouvelle occasion de s'échapper avec Ryanair" clame la pub montrant un Silvio Berlusconi aux anges tenant le calendrier 2012 de Ryanair montrant des hôtesses dénudées de la compagnie irlandaise. Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a qualifié la situation économique de l'Italie (1 900 mrds € de dette publique soit 120% du PIB) de "très inquiétante". Et le départ ou non de Silvio Berlusconi ne changera rien. Même si les Bourses européennes spéculent sur une démission rapide et ont clôturé à la hausse mardi 8 novembre 2011. Déjà les inspecteurs de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) ont commencé à roder dans les couloirs du gouvernement italien pour vérifier tous les trois mois les comptes italiens. Et que le pays respecte son engagement de parvenir en 2013 à l'équilibre budgétaire. Si le chômage ne touche que 9% de la population active, il atteint les 30% chez les moins de trente ans selon une étude de l'Istat (équivalent de l'Insee français). Les taux d'intérêt du pays décrochent un nouveau record, l'Italie étant désormais obligée d'emprunter à un taux de 6,77 % pour les titres à dix ans. Un taux supérieur à 7% fermerait son accès aux marchés obligataires conduisant tout droit le pays à un défaut de paiement. La banque d'Italie a déjà communiqué que l'Italie et l'Espagne dépendent des investisseurs étrangers pour 42% de leur dette souveraine : "l'Italie doit rembourser 198 mrds € d'obligations en 2012, cela fait donc environ 83 mrds entre des mains étrangères."