Les Etats pêcheurs de thon rouge, réunis à Istanbul du 11 au 19 novembre, doivent renforcer les contrôles des prises pour mettre fin à la pêche illégale et la surpêche des espèces menacées, recommandent des ONG. Malgré les efforts des membres de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) pour réduire les quotas de thon rouge de l'Atlantique, la pêche illégale et les fraudes continuent à faire augmenter le total des prises au-delà de ce que les scientifiques considèrent durable, souligne l'ONG américaine Pew Environment Group. Un récent rapport de cette organisation mettait en évidence que le commerce international réel du thon rouge dans l'Atlantique en 2009 et 2010 représentait le double du quota de pêche mis en place par la CICTA pour ces deux années. Pour 2010, la limite avait été fixée à 13.500 tonnes, et pour 2011 et 2012 à 12.900 tonnes par saison. Si les niveaux de prises réels élevés continuent à augmenter, le thon rouge de Méditerranée a moins de 24% de chances de se reconstruire d'ici à 2022 selon le comité scientifique de la CICTA, précise l'ONG. De même, ajoute-t-elle, malgré l'interdiction depuis 2003 de l'utilisation des filets dérivants pour les grandes espèces pélagiques en Méditerranée, cette pratique continue pour le thon rouge et l'espadon. Pour lutter contre la fraude, Pew appelle les Etats membres de la CICTA à mettre en place pour 2012 un système électronique de documentation des prises de thons rouges afin de remplacer les actuels documents papiers souvent aléatoires. L'ONG préconise aussi d'établir une liste noire des bateaux connus pour leur utilisation illégale des filets dérivants. En outre, des mesures pour arrêter la surpêche de certaines espèces de thon albacore notamment dans le sud de l'Atlantique sont également requises, selon les recommandations de Pew. Le World Wild Fund (WWF), de son côté, demande la mise en place d'un système de traçabilité infaillible y compris dans les fermes d'engraissement de thons rouges, ou, le cas échéant de les interdire. Selon Sergi Tudela, responsable pêche du WWF, 15 ans après leur apparition en Méditerranée, les fermes d'engraissement sont encore des zones d'ombres rendant impossible toute traçabilité. Enfin, selon le WWF et Robin des Bois, la pêche illicite et non déclarée reste très répandue en particulier dans les eaux libyennes. Le WWF propose d'interdire tout simplement la pêche au thon rouge dans ces eaux et de transformer la zone en sanctuaire pour cette espèce.