Le délicat dossier du thon rouge pourrait connaître des développements décisifs en 2009. Scientifiques et écologistes considèrent l'espèce menacée en raison d'une pêche industrielle beaucoup trop importante. Les pécheurs sont-ils en train de détruire la ressource qui les fait vivre? Les 50 000 tonnes de thons rouges pêchés chaque année, dont 20 000 tonnes illégalement, représenterait près du triple de ce que l'espèce peut supporter. La pêche est réglementée mais les pays la pratiquant se livrent une véritable course à la fraude. L'Espagne et l'Italie semblent mériter une double médaille d'or dans cette triste compétition avec des dépassements estimés à plus de 100%. La France, la Libye et le Japon trichent à peine moins. Ecologistes de Greenpeace et pêcheurs européens, français notamment, ont décidé de sortir leurs calculettes et leurs jumelles pour conduire ensemble une campagne de comptage des thons dans le golfe du Lion. Elle doit avoir lieu en septembre prochain sur une trentaine de thoniers et permettra peut-être de savoir enfin si oui ou non les thons rouges risquent de disparaître de nos mers comme le pensent les écologistes, alors que les pêcheurs affirment au contraire n'en avoir jamais vu autant. Les enjeux sont énormes même si l'aquaculture devrait à moyen terme constituer une solution alternative. Une ferme espagnole a en effet réussi cet été les premières pontes en captivité. Le comité scientifique de l'Iccat (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique) demande de réduire les prélèvements à 15 000 tonnes par an alors que WWF et Greenpeace tentent de faire inscrire le thon rouge à l'annexe 1 de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction, ce qui reviendrait à en interdire le commerce. Monaco, rejoint par l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume Unis et la France soutient ce projet. Rappelons par ailleurs que ce n'est qu'après des discussions difficiles en novembre dernier, que la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique avait déterminé de nouveaux quotas de pêche au thon rouge en Atlantique Est et en Méditerranée et adopté un plan qui définit ces mécanismes de contrôle à tous les stades de la chaîne d'exploitation et de commercialisation du thon , une espèce migratrice, dont la chair se négocie à prix d'or au marché aux poissons de Tokyo, qui a fini par devenir le symbole de la surexploitation des ressources marines et de l'inefficacité de la gestion politique des pêches. Et non seulement les quotas, âprement négociés chaque année par les membres de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), excèdent les recommandations des scientifiques, mais ils sont, dans les faits, largement dépassés.