Comment pérenniser les relations bilatérales entre Rome et Alger ? Comment se placer comme le meilleur partenaire économique et social ? Comment se placer toujours en tête des partenaires étrangers ? Ce sont là les quelques questions qui découlaient implicitement de la longue rencontre qu'à organisé mercredi dernier, l'ambassade d'Italie en Algérie à l'occasion du double événement du 150ème anniversaire de l'unité italienne et du cinquantenaire de l'indépendance algérienne. Ce rendez vous qui a rassemblé de nombreux conférenciers dont une chercheuse italienne, l'ancien ambassadeur italien ainsi que l'actuel, des invités, pour la plupart issus de la société civile ou du gotha économique comme Mékidéche du CNES, était une occasion de présenter pour la seconde fois en une semaine, (la première fois c'était dimanche dernier) les deux ouvrages, "La contribution de l'Italie à la construction de l'Algérie indépendante " et " Enrico Mattei et l'Algérie, pendant la Guerre de Libération nationale", que l'institution diplomatique vient de publier pour fêter ce double événement. Les conférenciers dont le journaliste Meziane Ferhani ont évoqué la longue histoire des relations bilatérales entre l'Algérie et l'Italie qui ne sont pas seulement basé " sur le commerce mais aussi sur les rapports humains " révèle Ferhani. Cette relation longue de 5 siècles peut d'ailleurs se voir à travers énormément de traces archéologiques qu'ont laissé un peu partout dans l'antique Algérie les romains, combattu d'ailleurs farouchement par les rois berbère. Les conférenciers ont insisté sur l'importance du double événement indépendantiste ainsi que la publication de ces doux ouvrages qui "semble être une façon très forte de rappeler les liens indéfectibles entre l'Algérie et l'Italie " diront l'ambassadeur et ses proches collaborateurs. " Relation fortes et basées sur l'héritage qu'à laissé un des amis sincères de l'Algérie, Enrico Mattei. Relations sans conflits mais sereines " dira Giampaolo Cantini qui espère démarrer très prochainement d'autres projets dans non pas seulement la culture mais aller plus loin dans le domaine de l'énergie, l'industrie, économie portuaire, la formation professionnelle etc…..En clair, l'Italie qui est confrontée à une grave crise avec une dette colossale, cherche à se placer parmi les partenaires étrangers les plus solvables et les plus anciens, et pour cela, le corps diplomatique italien à Alger, rappelle la longue histoire d'amitié entre les deux pays, ses aides sans chantage apporté avant et après la révolution. Les deux ouvrages publiés en français et en italien, illustrent d'ailleurs très bien cette relation basée sur la confiance et les intérêts mutuels dans tous les domaines. Sensible à la question révolutionnaire, Alger découvrira dans l'un des ouvrages un personnage qui a joué un grand rôle pour la libération de l'Algérie, Enrico Mattei. " Enrico Mattie et l'Algérie, pendant la Guerre de Libération nationale " qui se présente comme une compilation d'un riche colloque présenté en décembre de l'an dernier par des universitaires ainsi que des politiques, des anciens du MALG qui ont eu à approcher de très près cet italien qui a défendu mordicus l'indépendance de l'Algérie. Dans cet ouvrage il y a d'abord une série de témoignages d'algériens comme l'actuelle ministre de l'Intérieur, qui ont eu à collaborer avec Enrico Mattei, qui juste après la Seconde Guerre mondiale, a pesé de tout son poids pour créer la puissante ENI, le groupe italien d'énergie, dont il deviendra le patron en 1953. Homme puissant certes, mais politicien sincère et démocrate puisqu'il soutiendra l'indépendance de l'Algérie, en refusant que son puissant groupe ne s'engage, contrairement à la France, dans des opérations de recherche pétrolière en Algérie. Respectant une logique commerciale de "gagnant- gagnant", Mattei qui voulait que son pays affaibli par la guerre se relève via le secteur de l'énergie avait une idée en tête; se tourner vers les pays du Sud, non pas pour pomper leur richesse souterraine, mais pour créer des rapports commerciaux, sans chantage ni hégémonie aucune. En plus clair, Mattei voulait des rapports commerciaux aussi loyaux que respectueux. Pour démontrer sa bonne volonté, il ira jusqu'à proposer un contrat à 75% de bénéfice pour le pays producteur contre 25% pour ENI. Sa vision allait à contresens des multinationales qui le regardaient d'ailleurs avec des yeux tout ronds. Mais cette collaboration qui a trouvé écho auprès des patrons du GPRA, sera stoppée nette en 1962, soit quelques mois après l'indépendance de l'Algérie, année où Mattei décède dans un accident d'avion, dans des circonstances qui suscitèrent bien des interrogations, et amenèrent certaines personnes, à émettre l'hypothèse de son assassinat par la Mafia commanditée par le cartel du pétrole, hypothèse non confirmée par l'enquête officielle. En définitive tout ceux qui étaient à la tribune défendaient l'apport de l'Italie pour l'Algérie en "gardant cette confiance et cette complicité formidable, en laissant la porte ouverte à la relance " plaidera l'ancien ambassadeur (1988-1992).