Les tensions franco-allemandes sur le rôle que doit jouer la BCE pour résoudre l'interminable crise de la dette et un mauvais indicateur chinois ont maintenu les Bourses européennes sous l'eau, hier, à l'ouverture. A Paris la baisse était de 1,06%, à Francfort de % et à Londres de 0,80%. Peu après l'ouverture, Milan perdait 0,65% et Madrid 0,77%. Les Bourses européennes, tout comme Wall Street avaient terminé en baisse, la veille. La Bourse de Tokyo était fermée, hier, mais les Bourses de Hong Kong (-2,12%) et Shanghai (-0,73%) ont été rattrapées par les mêmes inquiétudes qu'en Europe. En Chine, l'activité manufacturière a en effet enregistré en novembre sa plus forte chute depuis mars 2009, selon la banque HSBC, ce qui ravive les craintes sur la croissance mondiale au lendemain de l'importante révision à la baisse du Produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre (2,0% contre 2,5% précédemment). Les divergences entre responsables européens sur les meilleurs moyens de juguler la crise de la dette en zone euro continuent également d'affaiblir les marchés. "Toujours dans la tourmente, les dirigeants européens continuent de chercher les moyens qui permettront de mettre un terme à l'aggravation de la crise de la dette", ont souligné les analystes de Crédit Mutuel-CIC. Bruxelles et Paris veulent pousser Berlin à déroger à son orthodoxie pour permettre à la BCE une intervention plus poussée sur le marché de la dette. Mais faire de la BCE le créancier de dernier recours des pays de la zone euro "ne marchera en aucun cas", a répété la chancelière Angela Merkel, avant-hier. Le gouvernement allemand espère qu'un renforcement de la discipline budgétaire des Etats sera suffisant et des avancées pourraient être faites en ce sens lors du prochain sommet européen le 9 décembre, selon le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Nicolas Sarkozy a de son côté réaffirmé son intention de faire "prochainement" des propositions pour modifier les traités européens afin de permettre une plus grande convergence des politiques économiques de la zone euro. En attendant, la Commission doit présenter ce mercredi une étude de faisabilité pour l'introduction d'euro-obligations, un mécanisme de mutualisation des emprunts obligataires des Etats de la zone euro perçu par ses promoteurs comme le seul moyen durable de régler la crise. Plusieurs statistiques sont attendues outre-Atlantique, notamment les commandes de biens durables et les dépenses et revenus des ménages pour octobre. Paris: le CAC en baisse, affectée par la Chine et la crise en Europe La Bourse de Paris était en baisse, hier matin, pénalisée par la poursuite du bras de fer franco-allemand sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans la crise de la dette. Peu après l'ouverture, l'indice CAC 40 perdait 0,50% à 2856,45 points. Du côté des valeurs, le secteur bancaire était de nouveau chahuté, BNP Paribas cédant 1,86% à 25,06 euros et Société Générale 1,49% à 15,23 euros. A contre-courant de la tendance, Veolia Environnement s'adjugeait 1,35% à 8,26 euros, profitant du relèvement de recommandation d'HSBC sur son titre à "surpondérer" contre "neutre" auparavant, selon une source de marché. Hors CAC 40, Club Méditerranée perdait 7,00% à 10,50 euros. "Le titre est affecté par les déboires financiers du britannique Thomas Cook et par l'avancée des discussions entre Marmara et Nouvelles Frontières pour leur rapprochement", a expliqué un analyste parisien sous couvert d'anonymat. Areva reculait de 3,04% à 19,45 euros. Le groupe s'est engagé auprès du gouvernement à épargner les emplois du groupe en France, au lendemain de la révélation d'un projet de suppression de plus de 1 000 emplois dans l'Hexagone. Londres: le Footsie baisse de 0,54%, les minières dans le rouge La Bourse de Londres reculait, hier matin, les valeurs minières pâtissant des inquiétudes sur un recul de l'activité en Chine après un indicateur décevant. Dans les premiers échanges, l'indice Footsie-100 des principales valeurs perdait 28 points, soit 0,54% par rapport à la clôture de la veille, à 5178,82 points. Les valeurs minières faisaient les frais des inquiétudes concernant un ralentissement de l'activité en Chine et donc de la demande de métaux de la part du géant asiatique: Xstrata perdait 2,60% à 863,8 pence, Vedenta Resources 2,46% à 934,06 pence, Rio Tinto 1,91% à 2996,5 pence et BHP Billiton 1,67% à 1736 pence. Randgold Resources faisait en revanche cavalier seul, progressant de 0,65% à 6920 pence. Le groupe de restauration collective Compass abandonnait pour sa part 0,45% à 557,5 pence, après avoir annoncé une progression de 8% de son bénéfice net sur l'exercice 2010/11. Le groupe s'est dit "optimiste" concernant les opportunités de croissance à l'avenir en dépit des incertitudes liées à la situation économique actuelle. Hors Footsie-100, le voyagiste Thomas Cook rebondissait de 7,84% à 11 pence, au lendemain d'une chute historique de 75% en une seule séance. Le groupe avait semé la panique mardi, suscitant des doutes sur sa survie en annonçant être entré en discussion avec ses banques face à la détérioration accélérée de son activité. Francfort hésitante en matinée La Bourse de Francfort commençait la séance, d'hier, sans direction claire, affectée par le blocage persistant en Europe sur le rôle de la BCE pour sortir de la crise de la dette et par un mauvais indicateur industriel en Chine. A l'ouverture, l'indice Dax était en petite hausse de 0,07% à 5542,01 points, mais ses incursions dans le rouge étaient fréquentes. Le MDax (valeurs moyennes) gagnait 0,52% à 8250 points à la même heure. Les valeurs automobiles allemandes accusaient le coup de la chute de l'activité manufacturière en Chine en novembre, qui ravivait les craintes sur la croissance mondiale: Volkswagen perdait 1,29% à 114,95 euros, BMW 0,71% à 50,48 euros et Daimler 0,4% à 29,73 euros. Deutsche Telekom reculait de 2,45% à 8,73 euros, après que l'autorité américaine des télécommunications, la FCC, a signifié qu'elle s'opposerait à la fusion entre sa filiale T-Mobile USA et l'opérateur AT&T au cas où le ministère américain de la Justice n'obtiendrait pas gain de cause en justice. Infineon était en bonne hausse (+2,27% à 5,64 euros). Le fabricant de semi-conducteurs a annoncé mercredi qu'il allait proposer un dividende de 0,12 euro par action au titre de l'exercice 2011, contre 0,10 euro pour l'an passé. Commerzbank prenait 5,04% à 1,20 euro. La veille l'action a chuté de 15%, atteignant son plus bas niveau historique, en raison de rumeurs sur un besoin de capital au-delà de ses moyens: une augmentation de capital, si nécessaire par l'Etat fédéral, en serait la conséquence. Avant-hier soir, à Berlin son patron Martin Blessing a toutefois redit qu'il ne voulait plus d'argent public et qu'une solution serait trouvée même si le besoin de capital de sa banque montait à 5 milliards d'euros contre 2,9 milliards d'euros actuellement, rapporte l'agence financière Dow Jones Newswires. Suisse : le SMI ouvre en léger recul, indications et ambiance négatives La Bourse suisse a ouvert en net recul, hier, pour ensuite regagner du terrain dans la première demi-heure d'échanges. Les indications négatives d'outre-Atlantique et une ambiance délétère sur les marchés en raison de la crise de l'euro expliquent la tendance. Peu après l'ouverture, le SMI se contractait de 0,17% à 5438,33 points; le SLI perdait 0,18% à 809,73 points et le SPI 0,26% à 4927,04 points. Le flot de nouvelles commence à se tarir du côté des entreprises, ce qui recentre l'attention des investisseurs sur les données macroéconomiques. On attend cet après-midi aux USA les commandes de biens durables, les dépenses et les revenus des ménages pour le mois d'octobre ainsi que les stocks hebdomadaires de pétrole brut. La zone euro publie pour sa part les chiffres d'entrées de commandes de l'industrie pour le mois de septembre. Le spectre de la récession affectait particulièrement les cycliques. Transocean reculait de 1,3%, Logitech de 1,1% et Kühne+Nagel de 1,1%. Les valeurs du luxe, qui avaient déjà souffert la veille en dépit de très bons chiffres d'exportations horlogères, lâchaient du lest, à l'image de Richemont (-0,9%) et de Swatch (-0,7%). ABB (+0,2%) et Adecco (+0,2%) gagnaient tous deux un peu de terrain. Parmi les financières, Julius Bär (-0,8%) baissait le plus, alors que le titre était nettement monté la veille. UBS (-0,2%) et CS (+0,2%) performaient en sens contraire. L'ancien CEO d'UBS, Oswald Grübel, s'est exprimé dans la presse et estime que l'adoption de normes plus sévères en matière de fonds propres des banques va limiter la croissance économique en général. Swiss Life se négociait en baisse de 0,5% et ZFS en hausse de 0,1%, alors que le réassureur Swiss Re gagnait 0,5%. Givaudan (+0,8%) se positionnait en tête de liste comme déjà la veille. Le groupe spécialisé dans les arômes et les parfums avait tenu conférence de presse la veille dans le cadre de sa journée des investisseurs. L'action avait alors déjà gagné 0,4%. Le poids lourd alimentaire Nestlé (-0,4%) pesait sur l'indice principal de la Bourse, alors que les pharmas Roche (+0,2%) et Novartis (-0,1%) réussissaient à se démarquer de la moyenne générale. Sur le marché élargi, les actions Schlatter étaient encore non traitées; elles avaient clôturé à 125,50 franc la veille. La société spécialisée dans les équipements de soudage a augmenté ses pertes sur les 9 premiers mois 2011, autant au niveau de son chiffre d'affaires que de celui de l'EBIT. Schlatter a en outre aussi confirmé sa hausse de capital initialement annoncée fin octobre, à hauteur de 20 million franc, prévue pour début décembre. Charles Vögele (-14,0%) a lancé un avertissement sur bénéfice ce matin. Le résultat opérationnel du deuxième semestre est attendu en nette baisse par rapport aux premiers six mois de l'année 2011. Le groupe de commerce de détail veut en outre se doter d'une nouvelle structure de direction et réadapter la stratégie de ses marques. Gategroup (-16,1%) a aussi communiqué un avertissement sur bénéfice. La marge EBITDA est désormais prévue entre 7,4% et 7,7%. Le chiffre d'affaires annuel est quant à lui attendu dans une fourchette de 2,65 à 2,70 mds franc.