La zone euro semble être entrée en "légère récession" et son économie devrait presque stagner en 2012 en raison de la crise de la dette qui, en cas d'événement "négatif majeur", pourrait avoir des conséquences "dévastatrices" pour tous les pays riches, a prévenu, hier l'OCDE. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques, l'Organisation de coopération et de développement économiques revoit nettement à la baisse ses prévisions par rapport aux précédentes qui remontaient au mois de mai. La croissance mondiale devrait ainsi encore ralentir: après 3,8% cette année (au lieu de 4,2% prévus auparavant), elle freinerait à 3,4% l'an prochain (au lieu de 4,6%). Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis progresserait de 1,7% en 2011 cette année (au lieu de 2,6%), puis à 2% l'an prochain (au lieu de 3,1%). Elle rebondirait quelque peu en 2013, à 2,5%, selon une première prévision. Dans la zone euro, la révision est encore plus drastique: la croissance devrait être de 1,6% en 2011 (au lieu de 2%) puis de seulement 0,2% en 2012 (au lieu de 2%). Elle repartirait péniblement l'année suivante, à 1,4%. "La zone euro semble traverser une légère récession", prévient le club des pays les plus riches de la planète. Cela se traduit par un recul du PIB de l'Union monétaire, mais aussi, dans le détail, de ses trois premières économies (Allemagne, France et Italie) au dernier trimestre 2011 puis au cours des trois premiers mois de 2O12, voire jusqu'au printemps pour l'économie italienne. L'OCDE est la première institution internationale à annoncer une entrée en récession de la zone euro. La Grèce et le Portugal, pays sous perfusion financière internationale, devraient eux connaître une récession plus prolongée cette année et la suivante. "Après une brève amélioration, le chômage est reparti à la hausse dans plusieurs pays, notamment en Europe", et "le chômage de longue durée devient de plus en plus courant", explique aussi l'organisation. Selon elle, le taux de chômage devrait être encore de 10,3% en 2013 dans la zone euro et de 8,6% aux Etats-Unis. Surtout, selon le rapport, ce scénario, qui suppose que la crise ne dégénère pas, n'est pas forcément le plus probable et les résultats "d'un événement négatif majeur dans la zone euro" pourraient être "très dévastateurs", met en garde l'organisation. Cela "ferait très vraisemblablement basculer toute la zone OCDE dans une récession, avec un recul sensible de l'activité aux Etats-Unis et au Japon, tandis qu'il prolongerait et aggraverait la récession dans la zone euro", détaille le chef économiste de l'organisation Pier Carlo Padoan. Même "les économies émergentes ne seraient pas épargnées", ajoute-t-il. Pour l'instant le Japon s'en sort mieux, grâce au rebond post-tsunami, même si là aussi "la reprise est en train de ralentir": la croissance devrait être de 2% en 2012 après une légère récession de 0,3% en 2011. C'est pourquoi "les décideurs doivent se préparer au pire" et il faut envisager "une plus grande utilisation des ressources de la Banque centrale européenne (BCE)" pour contrer la crise de la dette, estime M. Padoan. La France entre en brève récession, un nouveau plan nécessaire L'OCDE a drastiquement révisé en baisse, hier, sa prévision de croissance l'an prochain pour la France, laquelle semble entrée dans une "brève" période de récession en cette fin 2011, une situation qui "exige" un nouveau plan anti-déficits, selon l'organisation. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a ramené sa prévision de croissance de l'économie française de 2,1% à 0,3% pour 2012, avant une reprise espérée en 2013 à 1,4%, selon ses prévisions semestrielles. La récession que connaîtrait la France serait "de faible ampleur" et se produirait au quatrième trimestre 2011 et au premier trimestre 2012, a-t-elle précisé. Ces prévisions -les plus mauvaises annoncées à ce jour par une institution internationale- sont bien en-deçà de celles du gouvernement qui table encore sur 1% de croissance en 2012. "Compte tenu du ralentissement de la croissance économique et de la charge croissante de la dette", atteindre l'objectif d'un retour du déficit public à 4,5% du PIB en 2012 "exigera de nouvelles mesures de consolidation budgétaire", poursuit l'OCDE. L'organisation chiffre cet effort supplémentaire à 0,4% du PIB, soit près de 8 milliards d'euros, qui s'ajouteraient ainsi au montant des deux plans de rigueur de 11 et 7 milliards d'euros annoncés depuis la fin août par le gouvernement. Il en va selon elle de la "crédibilité" des engagements français. Selon l'OCDE, les perspectives de créations d'emplois en France se sont également "dégradées", avec un taux de chômage qui devrait franchir la barre symbolique des 10%, à 10,4%, fin 2012, avant de se stabiliser en 2013. Au deuxième trimestre 2011, le taux de chômage calculé par l'Insee atteignait 9,1%. "Le risque que le chômage structurel augmente est significatif", selon l'OCDE. Quant à l'inflation, elle devrait retomber à environ 1% en 2013. L'organisation souligne également "l'incertitude considérable qui pèse sur ces projections" suspendues à l'évolution de la crise de la dette en zone euro. Au-delà de l'an prochain, de nouvelles "mesures détaillées devraient être annoncées rapidement" pour ramener comme prévu le déficit public à 3% du PIB alors que "les élections (présidentielles et législatives) de 2012 vont sans nul doute ralentir ce processus", s'inquiète-t-elle encore. L'organisation préconise de porter les efforts sur la réduction des dépenses avec des mesures comme le renforcement de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui prévoit déjà le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, la suppression des départements ou la réduction de la durée et de la fréquence des hospitalisations.