C'est hier que ce sont ouvertes les Journées du film engagé à la Cinémathèque d'Alger avec la projection d'une œuvre tout à fait symbolique, "De Gaulle et la bombe" de Larbi Benchiha, projection qui fut suivie d'un débat passionné. Ce film documentaire qui était rediffusé le 22 février 2011 sur France 3, traite d'un sujet aussi actuel que complexe, celui de l'explosion le 13 février 1960 à 7h04, de la première bombe nucléaire française dans le désert du Sahara au sud de Reggane. Sujet complexe d'autant que le nucléaire, même civile, divise les politiques de tout bord compte tenu de son aspect nocif et même mortel. Ce film rappel aussi l'arrogance des colons français qui, quand, en 1962 après les accords d'Evian, les rapatriés quittent en masse l'Algérie devenue indépendante, des militaires et des scientifiques français vont continuer tranquillement, pendant plusieurs années, leurs essais au sud du Sahara. Des essais qui auront des conséquences graves sur la santé de la population du sud algérien. Ce rendez-vous cinématographique qui se poursuivra jusqu'au 05 décembre prochain, verra à l'affiche pas moins de dix-huit longs et courts-métrages, dont " Ecuador " de Jacques Sarasin (Suisse), " Territoire perdu " de Pierre-Yves Vandeweerd (Belgique), " la Fin de la pauvreté ? " de Philippe Diaz, et " Namibia " de Richard Burnett (USA). Au programme également, deux focus sur le cinéma féminin palestinien, et la projection de trois films d'Oliver Stone, à savoir " Commandante ", Persona non grata et " South of the border ", œuvres projetées déjà à la Cinémathèque en présence du cinéaste invité quelques jours avant ce rendez-vous, le 19 novembre par le ministère de la Culture. L'un des premiers films, "Poussières de vie" du réalisateur adoré par le ministère, Rachid Bouchareb sera projeté en soirée de clôture. Des débats seront organisés avec les réalisateurs à l'issue ou alors au lendemain de chaque projection, puisque tous les cinéastes viendront présenter leurs films, mis à part Rachid Bouchareb, pris par d'autres engagements, et Oliver Stone qui avait avancé sa venue. "La programmation obéit à des critères d'excellence. Il y a cinéma et engagé dans l'intitulé, c'est-à-dire le contenu et l'aspect technique", disait Zahia Yahi, lors d'une conférence de presse sur le sujet de cette rencontre. Cette sélection de films d'affiche en mettant en avant dans la programmation des réalisations cinématographiques qui soulignent toute la thématique d'engagement pour laquelle ont opté les organisateurs est prise non pas dans le sens politique étroit, mais comme la mise en valeur d'idées, de principes et d'éthique que cette petite équipe du festival voudrait défendre dans quelque domaine que ce soit avec un constat en faveur d'un mieux-être de l'homme, d'où la tendance générale de ce pré-festival aux connotations largement humanistes qui engage les discussions autour de la notion de justice et de droits de l'homme. Ce festival, qui n'est qu'un prélude à d'autres événements prochains qui prendront des dimensions encore plus importantes, est, cette fois-ci, une occasion inespérée pour le public algérien de faire connaissance avec des personnalités du monde du 7e art. Un pré-festival, en attendant l'année 2012 - qui sera marquée par les festivités du cinquantenaire de l'Indépendance -, durant laquelle les organisateurs de ce festival, promettent une "très grande édition". " Nous n'avons pas la prétention de faire un festival, nous sommes en train de rôder la formule. L'objectif est de lancer quelque chose. À terme, on veut faire un festival international", avait soutenu Ahmed Bédjaoui. Mme Yahi signalait que cet évènement a été institutionnalisé en 2009 (lors du deuxième Festival culturel panafricain d'Alger), comme étant un festival international, et pour que le terme engagement puisse figurer sur son intitulé, il faudrait modifier le décret, ce qui le sera prochainement.