Le nouveau gouvernement d'urgence palestinien, dirigé par l'économiste indépendant Salam Fayyad, a prêté serment dimanche devant le président Mahmoud Abbas à Ramallah. L'Autorité palestinienne se dote ainsi d'un gouvernement appelé à faire appliquer l'état d'urgence dans les territoires après la prise de contrôle par le Hamas de la bande de Gaza, où le mouvement islamiste règne désormais en maître. Salam Fayyad, un économiste indépendant respecté à la fois par les Palestiniens et la communauté internationale, a mis en place un gouvernement de douze membres qui devait être officiellement dévoilé à hier à Ramallah, en Cisjordanie, en présence du président palestinien et chef du parti Fatah Mahmoud Abbas. Le cabinet est composé exclusivement d'indépendants peu connus. Outre son poste de chef du gouvernement, M. Fayyad, 55 ans, occupera le portefeuille des Finances alors que celui de l'Intérieur a été confié à un général à la retraite, Abdelrazak Al-Yahya, qui avait déjà servi à ce poste. Le Hamas, qui dominait le gouvernement limogé par M. Abbas jeudi, conteste la légalité du nouveau cabinet. Le Hamas a pris vendredi le contrôle de la bande de Gaza, un territoire pauvre de 1,5 million d'habitants, désormais coupé du monde, après avoir mis en déroute les forces de sécurité fidèles au Fatah, au cours de combats qui ont fait 115 morts et des centaines de blessés. Ajoutant à l'isolement du territoire, Israël a gelé dimanche la fourniture de carburants pour la bande de Gaza. "C'est un gouvernement illégitime. La seule légitimité dont il jouit est celle que lui ont accordée l'administration américaine et l'occupation israélienne", a déclaré à Gaza le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Il a répété que le gouvernement du Premier ministre démis issu du Hamas Ismaïl Haniyeh restait en place. "La position d'Abbas nous importe peu. Le gouvernement en place a été investi par le Conseil législatif (CLP, Parlement), qui n'accordera pas sa confiance à un gouvernement", a ajouté M. Abou Zouhri. M. Abbas a "suspendu" par décret dans la nuit de samedi à dimanche les dispositions de la Loi fondamentale, qui fait office de Constitution, stipulant que tout gouvernement doit être investi par le CLP avant d'entrer en fonction. Le CLP actuel est dominé par le Hamas depuis sa victoire aux élections législatives en janvier 2006. En Israël, le Premier ministre Ehud Olmert, dont le gouvernement boycottait le cabinet dominé par le Hamas, a affirmé qu'il traiterait avec celui de M. Fayyad. "Un gouvernement palestinien qui n'est pas un gouvernement du Hamas est un partenaire et nous coopérerons avec lui", a déclaré M. Olmert dans la nuit, avant son départ pour les Etats-Unis. Le Quartette international pour le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, Russie, ONU) a de son côté reconnu samedi la "légitimité" de la décision du président Abbas de limoger le gouvernement d'Ismaïl Haniyeh. Israël va continuer d'isoler totalement la bande de Gaza pour éviter que le Hamas étende son influence en Cisjordanie et va soutenir le président palestinien Mahmoud Abbas, a affirmé dimanche le ministre des Infrastructures Binyamin Ben Eliezer. "Israël doit renforcer l'isolement de la bande de Gaza et ne plus rien laisser passer, sauf l'électricité et l'eau", a affirmé à la radio militaire M. Ben Eliezer, un membre du cabinet de sécurité. Depuis vendredi et la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, tous les points de passage entre ce territoire et Israël sont bloqués. Selon les médias israéliens, seuls de hauts responsables du Fatah, le parti du président Abbas, qualifiés de "VIP", ont pu franchir le point de passage d'Erez pour se réfugier en Cisjordanie.