Les prix du pétrole se stabilisaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, dans un marché pénalisé par les incertitudes en zone euro et un net renchérissement du dollar, qui n'arrivait pas à profiter des bons chiffres sur l'emploi américain et des tensions croissantes sur l'Iran. À la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier s'échangeait à 108,92 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 7 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance gagnait 6 cents, à 100,26 dollars. L'unique facteur de soutien au marché au plan fondamental, ce sont les tensions géopolitiques croissantes au Moyen-Orient, avec la question nucléaire iranienne et des violences en Syrie, soulignait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. L'Union européenne et le Sénat américain ont durci, jeudi, les sanctions, notamment financières, contre l'Iran, deuxième pays producteur au sein de l'Opep, soupçonné par les Occidentaux de chercher à développer l'arme atomique. Mais les cours du baril sont toujours freinés par les préoccupations sur la zone euro, que l'annonce d'une rencontre franco-allemande lundi avant le sommet européen crucial du 9 décembre peinaient à dissiper, relevait M. Kryuchenkov. La grande crainte est que la crise des dettes souveraines européennes puisse continuer à affecter la croissance mondiale l'année prochaine, ce qui affecterait sévèrement la consommation énergétique sauf si les marchés restent suffisamment approvisionnés en liquidités, poursuivait-il. Pour l'instant, les incertitudes restent trop fortes pour que s'apaise la forte volatilité des cours du baril, relevait-il. Les cours ont été brièvement soutenus après la publication du très attendu rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, traditionnellement considéré comme un baromètre de la santé économique du pays (premier consommateur de brut de la planète). Le taux de chômage des Etats-Unis est ainsi tombé en novembre à 8,6%, son niveau le plus faible depuis mars 2009. Mais les prix du baril ont rapidement effacé leurs gains, alors que le dollar remontait fortement face à l'euro, plombé par des prises de bénéfices des investisseurs face à un regain d'inquiétudes sur la situation en zone euro. Ce raffermissement du billet vert rendait moins attractifs les achats de matières premières libellés en dollars pour les acquéreurs munis d'autres devises. Par ailleurs, le marché devrait continuer de pâtir d'un gonflement de l'offre à court terme, estimaient les analystes de Commerzbank. La Compagnie nationale libyenne a ainsi indiqué cette semaine que la production de brut en Libye avait déjà atteint 840 000 barils par jour, un redémarrage bien plus rapide que prévu.