Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunis mercredi à Vienne, devraient s'entendre pour maintenir leur production à son niveau actuel, le ministre saoudien jugeant le marché équilibré. Comment voulez-vous qu'une décision ait déjà été prise, alors que nous ne nous sommes pas encore réunis', a déclaré le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi, interrogé par les journalistes sur sa rencontre de la veille avec son homologue iranien, Rostam Ghassemi. Nous avons eu des discussions très amicales avec la délégation saoudienne, mais il faut maintenant discuter des questions (relatives à la production de l'Opep) durant la réunion, a déclaré de son côté M. Ghassemi, dont le pays préside cette année l'organisation. Bien que la plupart des analystes écartent l'idée d'un changement des quotas individuels répartis par pays, certains évoquaient la possibilité d'un accord pour maintenir la production totale de l'organisation à son niveau actuel, autour de 30 millions de barils par jour, son plus haut niveau depuis 3 ans. Les quotas fixés par l'Opep, qui regroupe douze pays et pompe 35% de l'or noir mondial, sont fixés à 24,84 mb/j depuis janvier 2009, mais l'offre réelle des onze pays soumis aux quotas (l'Irak en est exclu) se situe bien au-delà: elle s'élevait en novembre à 27,97 mb/j, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Il y aura un plafond de production général si c'est nécessaire, a indiqué la ministre nigériane Diezani Alison-Madueke, avant le début de la 160e réunion du Cartel, dont le siège est à Vienne. Il n'est pas nécessaire pour assurer la stabilité du marché que nous nous accordions sur des chiffres parfaits pour tous les pays, mais il faut que nous aboutissions à un accord, a-t-elle poursuivi. Lors de leur dernière réunion en juin, les membres de l'Opep n'étaient pas parvenus à s'entendre, les conservateurs, Iran et Venezuela en tête, s'opposant au relèvement des quotas proposé par l'Arabie saoudite. Les différents ministres jugeaient satisfaisants mercredi l'actuel niveau de production du cartel, tout en refusant de se prononcer sur l'éventualité d'un plafond fixé à ce niveau. Le marché est équilibré, a estimé M. Ghassemi. Tout à fait équilibré, a renchéri le ministre saoudien, précisant ne pas être inquiet pour les perspectives de la demande d'or noir, en dépit du ralentissement de l'économie mondiale. Nos clients veulent davantage de pétrole, et nous leur fournissons, a expliqué M. al-Nouaïmi, notant que l'offre saoudienne ne dépendait pas de l'ampleur de la production libyenne, qui a redémarré avec vigueur depuis septembre. Nous ne réagissons pas à ce que fait la Libye. Nous avons nos propres clients, qui sont différents, a-t-il fait valoir, alors que le Venezuela avait appelé mardi l'Arabie saoudite à réduire son offre dans les prochains mois pour s'adapter au retour du brut libyen sur le marché. Il ne faut pas réduire l'offre de l'Opep dans son ensemble, seulement celle des pays du Golfe qui sont en surproduction, avait souligné mardi le ministre vénézuélien Rafael Ramirez, tout en avertissant que l'environnement économique était très inquiétant pour la consommation énergétique - qui devrait en conséquence très peu progresser en 2012. L'Arabie saoudite, qui avait décidé unilatéralement d'accroître sa production à partir de mai pour compenser la pénurie du brut libyen, a pompé plus de 10 millions de barils par jour (mb/j) en novembre, soit bien plus que les 8,55 mb/j du premier trimestre de l'année. Chaque pays est responsable pour sa propre production, c'est à eux de décider ce qu'ils veulent faire, a commenté l'iranien Rostam Ghassemi, modérant quelque peu sa position après avoir vertement fustigé dimanche la surproduction des pays du Golfe.