Des taux d'emprunt italiens ont fortement baissé, hier, à 3,251% lors d'une émission d'obligations à six mois attendue avec impatience par les marchés, contre 6,504% à l'occasion d'une opération similaire le 25 novembre, ce qui constituait une bonne nouvelle pour Rome. Les taux obligataires du pays se sont nettement détendus après ce succès. Le Trésor italien a émis pour 9 milliards d'euros de titres de dette à six mois, à un taux également plus bas que lors d'une émission semblable d'octobre (3,535% le 26 octobre), ce qui pour les analystes constituait une très bonne performance. Pour preuve, la Bourse de Milan progressait de 1,24% à 15.108 points peu après l'annonce des résultats de cette émission. Selon le Trésor italien, la demande a été très forte pour ces bons du Trésor (BTP) à six mois puisqu'elle s'est élevée à 15,2 milliards d'euros. Pour une autre émission qui avait lieu, hier, de certificats du Trésor (CTZ) à deux ans, les taux ont également fortement diminué à 4,853% contre 7,814% lors de la dernière émission semblable datant de fin novembre. Le Trésor a choisi d'en placer pour 1,733 milliards d'euros, et donc dans le bas de la fourchette des montants qu'il se proposait de lever (entre 1,5 et 2,5 milliards d'euros) alors qu'il avait reçu une demande équivalent à 3,875 milliards d'euros. L'Italie est le dernier pays européen à devoir encore emprunter des obligations sur les marchés d'ici le 31 décembre. Une autre série d'émissions test sont attendues jeudi pour le refinancement de la dette italienne à moyen et long terme, avec l'émission de 5 à 8 milliards d'obligations à 3, 9 et 10 ans. La faiblesse des volumes de transactions en cette période de fin d'année et la persistance d'un certain scepticisme des marchés à l'égard de l'Italie et de sa colossale dette (1900 milliards d'euros, 120% du PIB) avaient fait craindre une nouvelle poussée de fièvre des taux italiens. A la mi-journée, le rendement des obligations italiennes à 10 ans reculait à 6,732% contre 6,943% la veille. Ce taux avait même dépassé brièvement les 7%, avant-hier, un seuil jugé insoutenable dans la durée par les experts. Les taux à cinq ans repassaient pour leur part sous les 6%, à 5,998% contre 6,341%. A propos de l'émission de ce jour, "C'est une très bonne nouvelle, non seulement la demande a été au rendez-vous mais les rendements ont violemment baissé", constate Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis. La tendance reste toutefois extrêmement fragile, aux yeux des experts. "Le plan d'austérité certes draconien n'a pas encore fait ses preuves et le marché navigue en ce moment dans des conditions très particulières car de nombreux investisseurs sont en congés", a expliqué M. Regnat qui préconise d'attendre les premières semaines de 2012 pour voir si cette détente se confirme. Pour Laurent Geronimi chez Swiss Life Gestion Privée, les décisions prises lors du sommet européen début décembre expliquent en partie ce net recul des taux, mais il faut maintenant que "ces mesures soient entérinées rapidement". Jeudi, de nouvelles émissions de dette italienne à échéance 3 et 10 ans sont prévues. Mustapha S.