Le phénomène de la désertification menace de plus en plus les terres, notamment agricoles. Cependant, la plantation d'arbres rustiques pour ralentir la marche du sable et adoucir l'aridité du climat, est connue ces derniers temps, chez les habitants des localités longeant les étendues sablonneuses du sud de la wilaya de M'sila. Réputé pour sa longévité proverbiale pouvant aller jusqu'à plusieurs siècles, l'olivier sauvage dont le fruit n'est pas comestible est l'une de ces espèces prisées. Egalement appelé oléastre, ce genre d'olivier est particulièrement répandu à Sidi Ameur, région où les services de la Conservation des forêts gèrent, depuis quelques années, un site pilote de lutte contre la désertification en recourant à d'autres espèces faute, est-il noté, de reproduction en série des plants de l'olivier sauvage. A tronc très large et à racines plongeant plusieurs mètres dans le sol, cet olivier rustique fixe fermement le sol contre les facteurs érosifs, de sorte à contribuer efficacement à stopper les phénomènes favorables à l'accélération de la désertification, affirme-t-on. Poussant à des endroits particulièrement arides et à sols très pauvres, cet arbre ne nécessite aucun entretien et ses racines enfoncés lui permettent de capter les eaux s'écoulant à profondeur moyenne, affirment les habitants de Sidi Ameur. Verdoyant à longueur d'année, les feuilles des rameaux bas de l'oléastre constituent un aliment d'appoint pour les petits troupeaux des ménages de la localité dont les habitants trouvent sous ce majestueux arbre un abri frais contre le soleil de plomb des journées suffocantes de la steppe. Le pistachier de l'Atlas, autre arbre, également rustique, qui prédomine dans les alentours des localités de Sidi M'hamed au pied du djebel Boukehil, peut avoir, quant à lui, un tronc de 2 à 5 mètres de diamètre, avec un feuillage et un branchage particulièrement dense au point qu'un seul arbre arrive parfois à abriter sous son ombre un troupeau d'une cinquantaine de bêtes, estiment des bergers de la région. Selon des habitants de Sidi M'hamed, une mission scientifique portugaise avait, au cours des années 1980, arraché en entier un pistachier de l'Atlas de la région pour l'étudier. Cette expérience était alors censée, notent-ils, conduire à une utilisation plus large de cet arbre autochtone dans la lutte contre la désertification qui continue de faire appel à des espèces acclimatées sous d'autres cieux même si des variantes locales en existent comme l'Atriplex. Résistant à la désertification mais pas avec la même force que l'oléastre et le pistachier de l'Atlas, l'eucalyptus, a été introduit dans les zones steppiques de M'sila par des militaires français qui le plantaient autour, notamment des campements de leur armée.Fixant solidement le sol, le feuillage annuel de cet arbre favorise le développement de l'apiculture et la production du miel d'eucalyptus particulièrement recommandé pour le traitement des cas de rhume et autre affection respiratoire. Toutefois, le tronc de cet arbre ne résiste pas efficacement aux rafales très fortes des vents soufflant parfois sur les aires dénudées de la steppe du Hodna. Le mûrier aussi était, par le passé, un arbre assez commun dans la région de M'sila. En témoignent encore les anciennes cités de la capitale des Hammadites au travers de leurs très vieux vergers qui abritaient cet arbre et jouissaient des faveurs de ses fruits. A fruit comestible mais à feuillage caduc, le mûrier possède un tronc bien rempli et ses racines s'enfoncent à plusieurs mètres dans le sol protégé de la sorte contre l'érosion. L'ensemble de ces espèces notamment celles autochtones présentent des caractéristiques de robustesse qui en font d'idéales plantes à même de faire barrage à l'avancée du désert mais dont l'exploitation à cet effet exigerait des études et des structures de reproduction qui devront voir le jour à l'avenir grâce à l'émergence d'un nouveau pôle universitaire à M'sila, explique-t-on à la Conservation des forêts de la wilaya.