Manuel Fraga Iribarne, ancien ministre du dictateur Francisco Franco, et figure clé de la transition démocratique espagnole, est décédé, avant-hier, à l'âge de 89 ans, a annoncé un responsable du Parti populaire (PP, conservateur), dont il était président honoraire. Selon des sources proches de la famille, Manuel Fraga est décédé à son domicile à Madrid d'un arrêt cardiaque provoqué par une affection pulmonaire due à un rhume sévère. La santé de Manuel Fraga, retiré de la vie politique depuis seulement quelques mois, s'était détériorée dernièrement après une opération de la hanche en avril et une chute à son domicile, l'obligeant à se déplacer en fauteuil roulant. Dernière grande figure vivante du régime franquiste, Manuel Fraga Iribarne a été l'un des principaux acteurs de la vie politique espagnole durant un demi-siècle, d'abord comme ministre du dictateur et ensuite comme leader de la droite conservatrice et fondateur du parti Alliance populaire, d'où est issu le PP. Né le 23 novembre 1922 à Villalba, dans la province galicienne de Lugo, Manuel Fraga Iribarne fut de 1962 à 1969 ministre de l'Information et du Tourisme de Francisco Franco, natif comme lui de Galice. Un portefeuille qui fit de lui à la fois le premier censeur d'Espagne, redouté des journalistes, et le promoteur d'une industrie touristique alors en plein essor. Après la mort de Franco le 20 novembre 1975, il devient ministre de l'Intérieur puis sera l'un des pères de la constitution votée en 1977, qui scelle la transition vers la démocratie. La même année, il fonde l'Alliance populaire, qui rassemble toutes les tendances de la droite espagnole et devient en 1982 la première force d'opposition au gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez. Fraga se choisit pour successeur José Maria Aznar, futur chef du gouvernement espagnol, et lui cède son fauteuil de leader conservateur en 1990, lorsque l'Alliance populaire devient le Parti populaire (PP), revenu depuis novembre à la tête du pays. Homme politique infatigable, dont le rêve était de finir sa vie politique en Galice, il se consacrera à partir de 1989 à sa région natale, comme président jusqu'en 2005, puis comme sénateur jusqu'à sa retraite l'an dernier.