De notre correspondant à Valence (Espagne) Ali Aït-Mouhoub Valence s'étirait ce vendredi caniculaire et s'apprêtait à vivre un weekend end marqué par les commentaires les plus passionnés concernant le match des quarts de finale que livrera l'Espagne face à l'Italie ce dimanche en coupe d'Europe. Mais pour Mariano Rajoy l'enjeu était autre. Le solide et néanmoins chef contesté de la droite espagnole, seul candidat à sa succession au congrès du parti populaire (PP), tentait de recoller les morceaux d'un parti qui a volé en éclats par deux fois face à son éternel rival José Luis Zapatéro du PSOE, lors des deux dernières consultations législatives remportées par la gauche. C'est un camp divisé qui s'est réuni ce vendredi à Valence et où première surprise du chef, s'est entouré d'une équipe féminisée et modérée. M. Rajoy a souhaité que son parti sorte de son XVIe congrès " au centre " et " plus ouvert que jamais à l'ensemble de la société espagnole ". Attelé depuis à un virage au centre contesté par l'aile dure du parti, il a souligné que le PP devait être attentif à ses électeurs, mais aussi aux Espagnols. " Nous ne sommes pas venus ici pour nous battre les uns les autres ", a rappelé dans un discours énergique de bienvenue la maire de Valence, Rita, Berbera, évoquant les " moments durs et difficiles " que traverse son parti. " Nous sommes ici pour battre le socialisme et revenir au gouvernement ", a-t-elle lancé aux 3.000 délégués du PP massés dans l'enceinte futuriste de la Feria de la Valence, l'un des bastions électoraux du parti. Les délégués devaient ensuite débattre à huis clos, tard dans la soirée, autour des trois documents d'orientation générale (statuts, politique, économique) du PP qui ont été formellement adoptés samedi. Les conservateurs ont réélu également à leur tête Mariano Rajoy, dont le leadership et la volonté de recentrage du parti ont été rudement critiqués depuis la défaite du 9 mars. Dans la même semaine de cet échec, ce Galicien, barbu à lunettes de 53 ans, avait surpris son camp en annonçant qu'il se représenterait à la tête du PP et qu'il comptait bien le conduire à nouveau à la conquête du pouvoir aux législatives de 2012. Il a depuis montré la porte au secrétaire général sortant Angel Acebes et au porte-parole parlementaire Eduardo Zaplana, tenants de la ligne dure et fidèles lieutenants de l'ancien chef du gouvernement José Maria Aznar. Chahuté au sein d'un parti regroupant démocrates-chrétiens, libéraux et centristes, le peu charismatique mais tenace Rajoy a tenu bon. Il a opéré son contrôle sur l'appareil du PP et le soutien des barons régionaux pour tuer dans l'œuf toute candidature dissidente, avant d'annoncer jeudi dernier la composition d'une garde rapprochée formée de modérés. Il a en particulier nommé secrétaire générale du PP Maria Dolores de Cospedal, 42 ans, une fidèle alliée mais aussi une proche de la présidente de la région de Madrid Esperanza Aguirre, qui a fédéré la fronde des mécontents. Le choix de cette libérale célibataire, mère d'un enfant conçu par fécondation in-vitro, favorable au divorce rapide instauré par Zapatero, illustre la volonté de Rajoy de moderniser l'image d'un parti encore très influencé par l'église catholique. M. Rajoy a fait accéder deux autres femmes à des postes-clés: Soraya Saenz de Santamaria, nommée au printemps porte-parole parlementaire, et Ana Mato, nommée jeudi vice-secrétaire de l'organisation du parti." Un bon casting pour un mauvais scénario ", commentait vendredi le quotidien libéral El Mundo, qui milite pour le départ de M. Rajoy et une démocratisation du PP, avec l'organisation de primaires à l'Américaine pour élire son chef. M. Rajoy sortira conforté de Valence mais sans certitude d'être à nouveau candidat du PP pour la conquête du pouvoir de 2012. Ce choix se fera lors du prochain congrès du parti, en 2011, après des élections régionales (Pays Basque, Galice) et européennes auxquelles de nouveaux échecs ne lui seraient probablement pas pardonnés.