Le Soudan du Sud a ordonné cette semaine l'arrêt de sa production de pétrole en raison du différend avec le Soudan, qui prélève une partie de ce pétrole lors du transit sur son territoire, a annoncé le ministre sud-soudanais de l'Information Barnaba Marial Benjamin. Le gouvernement a donné instruction au ministre du pétrole et de l'extraction minière de prendre les mesures en vue d'un arrêt complet de la production de pétrole, a déclaré Barnaba Marial Benjamin à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres dans la capitale sud-soudanaise Juba. Le conseil des ministres a décidé cette mesure aujourd'hui (vendredi) en raison des quantités de pétrole actuellement détournées par Khartoum, qui dispose à ce jour du seul terminal pétrolier par lequel transite le pétrole sud-soudanais, a précisé le ministre. Le ministre sud-soudanais a laissé la porte ouverte à une possible solution au plus haut niveau. La production de pétrole ne va pas s'arrêter comme on ferme une porte (...). Cela ne peut pas prendre moins de sept jours, a-t-il précisé. Or le Conseil des ministres a également convenu que le président sud-soudanais Salva Kiir rencontrerait le président soudanais Omar el-Béchir à l'Union africaine à Addis Abeba le 27 janvier, a précisé M. Benjamin. Le partage des revenus pétroliers entre le Soudan du Sud, qui dispose de la majeure partie des réserves, et le Soudan, qui contrôle les infrastructures indispensables à l'exportation du brut, plombe les relations entre les deux pays depuis l'indépendance proclamée en juillet par le Soudan du Sud. Les autorités soudanaises ont annoncé qu'en attendant un accord, elles prélevaient une partie du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation, une démarche dénoncée par le Sud comme un acte de piraterie d'Etat sur des biens en transit et une violation grave du droit international. Khartoum réclame un droit de passage de 36 dollars par baril pour le pétrole sud-soudanais, alors que Juba propose 70 cents, selon le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Al-Obeid Meruh. Plusieurs tentatives de négociations, dont une à nouveau engagée cette semaine à Addis Abeba, n'ont pas permis de dénouer le différend. L'ambassade des Etats-Unis à Khartoum a fait part le week-end dernier de son inquiétude devant les menaces soudanaises et des actes unilatéraux qui entravent le flux pétrolier en provenance du Soudan du Sud tout en plaidant pour que Juba paie un juste prix fondé sur la pratique internationale. Le Soudan du Sud détient désormais 75% de la production pétrolière soudanaise, qui était avant la sécession d'un total de 470 000 barils/jour. La Chine appelle les deux Soudans à la retenue La Chine a appelé, avant-hier, le Soudan et le Soudan du Sud à la retenue après la décision de ce dernier d'arrêter sa production de pétrole, et a demandé aux deux gouvernements de garantir les droits des entreprises chinoises sur leur territoire. Le pétrole est une ressource économique vitale partagée par le Soudan et le Soudan du Sud, a déclaré Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le partage des revenus pétroliers entre le Soudan du Sud, qui dispose de la majeure partie des réserves, et le Soudan, qui contrôle les infrastructures indispensables à l'exportation du brut, plombe les relations entre les deux pays depuis l'indépendance proclamée en juillet par le Soudan du Sud. Nous appelons les deux parties au calme et à la retenue, à éviter d'entreprendre des actions extrêmes et à continuer à travailler ensemble pour résoudre leur différend le plus tôt possible par la négociation, a ajouté M. Liu. La Chine espère que les deux gouvernements vont tenir leur engagement de protéger les droits des entreprises chinoises et ceux des autres partenaires, a dit le porte-parole chinois. Selon l'entreprise étatique China National Petroleum Corporation (CNPC), qui a investi des milliards de dollars dans l'industrie pétrolière soudanaise, la Chine a importé 12,6 millions de tonnes de pétrole du Soudan en 2010, soit un peu plus de 5% du total de ses importations de brut. La Chine a longtemps soutenu le régime de Khartoum mais a été prompte à établir des liens avec Juba lors de la proclamation d'indépendance du Sud. Pékin a envoyé en décembre un émissaire dans les deux capitales qui a appelé les deux parties à faire des compromis.