Le Nord et le Sud refusent d'enterrer la hache de guerre. Alors que les discussions sur l'enclave d'Abyei s'éternisent à Addis-Abeba, Khartoum menace de priver Juba de l'utilisation de ses infrastructures pétrolières si un accord ne sera pas conclu avant le 9 juillet, date de la sécession. Les Nations unies et les Etats-Unis redoutent de voir cette reprise des combats depuis le 5 juin menacer les accords de paix de 2005 qui ont mis fin à la guerre civile. Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Sud-Soudan depuis le référendum de janvier. «Le Soudan va perdre 36,5% de ses revenus à partir du 9 juillet, c'est le pourcentage des revenus pétroliers que le gouvernement perçoit du brut produit dans le Sud», a déclaré à la presse le ministre des Finances, Ali Mahmoud. «Nous avons envoyé une lettre au Sud Soudan pour les informer qu'ils ne pourront pas utiliser les oléoducs, la raffinerie ou le port (sur la mer Rouge) après le 9 juillet, à moins qu'un accord ne soit conclu sur le prix de la location de la raffinerie», a-t-il précisé. Cette mesure du cabinet d'El-Bachir vise à compenser la chute de ses revenus alors qu'il fait face à une inflation galopante et une énorme dette extérieure, estimée à environ 38 milliards de dollars. Cette question est également au menu des discussions à Addis-Abeba. Les représentants du Nord et du Sud tentent de trouver un consensus sur la gestion de l'industrie pétrolière après la partition, notamment les frais à verser par le Sud pour l'utilisation de l'infrastructure pétrolière du Nord. Ils négocient aussi sur l'enclave d'Abyei et les modalités de mise en œuvre d'un accord de principe prévoyant le retrait des troupes de Khartoum de cette ville riche en pétrole et en eau. Lundi, le ministre de l'Information du Sud-Soudan, Barnaba Marial Benjamin, a relevé que le président El-Bachir aurait accepté de retirer ses troupes de la région. L'information n'a, toutefois, pas été confirmée par Khartoum dont les troupes ont lancé de nouveaux raids sur le Kordofan Sud. «Nous faisons face à une rébellion au Kordofan Sud et nous ciblons les rebelles», a déclaré le porte-parole des forces armées du Soudan (SAF, nordistes), Sawarmi Khaled Saad. La mission de l'Onu au Soudan (Minus) déplore cette escalade de violence entre les deux parties. Washington menace d'interrompre le processus de «normalisation» des relations entre avec Khartoum si «l'escalade» de la violence se poursuit au Kordofan Sud. Elle a appelé, hier, les deux parties à l'arrêt immédiat des hostilités. «Il n'y a pas de solution militaire», a déclaré le président Obama, ajoutant que «les leaders du Soudan et du Sud-Soudan doivent être à la hauteur de leurs responsabilités. Le gouvernement du Soudan doit prévenir toute nouvelle escalade de ce conflit en cessant immédiatement ses actions militaires, y compris les bombardements aériens, les déplacements forcés (de populations) et les mesures d'intimidation». Barack Obama estime que «l'heure est venue pour les dirigeants soudanais, du Nord comme du Sud, de choisir la paix». Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU fait état d'un sentiment de panique qui aurait gagné une partie des quelque 1,4 million d'habitants présents dans les onze zones du conflit, dont 1 600.000 ont dû fuir leurs habitations.