En l'absence de parkings et de zones pour piétons, la voiture prend de plus en plus possession de l'espace public à Oran à telle enseigne que le centre-ville a atteint un niveau de saturation jamais égalé. Le nombre de véhicules a explosé au cours des dernières années et le parc automobile a atteint quelque 426.399 voitures immatriculées à Oran en 2011 contre 302.969 en 2010, soit une augmentation de plus de 40%, selon les services de la Direction de la réglementation et de l'administration générale. La ville est constamment confrontée à un imbroglio et tout le monde semble désarmé face à cette situation où la voirie routière est dédiée largement à l'automobile. "Oran croule sous le poids de la motorisation rendant difficile son désengorgement, en attendant la réalisation du 5ème boulevard périphérique reliant douar Belgaïd à El Kerma, de 4 trémies au niveau des ronds-points de l'ENSET, de la cité Emir Abdelkader, de Coca et de haï El Louz", clame un automobiliste. "C'est une ville pratiquement asphyxiée notamment aux heures de pointe", ajoute-t-il, agacé par les embouteillages monstres au quotidien et le nombre croissant de véhicules en circulation à Oran. "Réaliser un plan de transport, c'est prendre en compte les évolutions que connaît le grand projet urbain (GPU) d'Oran et ses exigences. Le hic est que les routes sont conçues pour les besoins presque exclusifs de la voiture et de la circulation automobile", se désole un autre citoyen. Le constat qui se combine avec une désorganisation du transport en commun des voyageurs dans la wilaya d'Oran, qui recense plus de 1,6 million d'habitants rendant aujourd'hui "inconfortable" la marche à pied, comme en témoignent les conflits quotidiens entre piétons et automobilistes. L'absence de zones et d'espaces piétons, de véritables places structurées en réseaux irriguant l'ensemble des agglomérations urbaines, constitue un handicap majeur et un problème de promiscuité. "Il faut repenser l'infrastructure, les flux, les déplacements, la mobilité, les accès et les continuités", explique un expert en urbanisme qui plaide pour plus de partage de la voirie entre les différents modes de transport, compte tenu de l'importance d'Oran. Une métropole de plus en plus attractive, qui accueille au quotidien des milliers de véhicules supplémentaires d'autres wilayas. Pour rendre la ville plus humaine, il faut prioriser le transport collectif et rendre la ville plus ouverte aux piétons et aux deux roues, estime une monitrice d'une auto-école d'Oran qui se dit favorable pour plus d'espaces publics, avec la création d'accès de promenades, de détente, de lieux de rencontres à l'intérieur de la ville. "C'est bien beau d'augmenter le nombre de sociétés de taxis et le nombre de véhicules de transport en commun, mais il faut penser aussi aux piétons", a-t-elle conclu.