L'activité dans le secteur manufacturier a continué de se contracter en janvier dans la zone euro, mais moins brutalement qu'auparavant, suggérant que la zone euro pourrait finalement échapper à la récession, selon une deuxième estimation de l'indice PMI publiée, hier. L'indice s'est établi à 48,8 points en janvier contre 46,9 en décembre, atteignant son plus haut niveau en cinq mois. Il a également fait mieux que lors de la première estimation (48,7 points). Alors qu'un indice supérieur à 50 points signale une progression de l'activité, le passage sous cette barre est synonyme de repli. "La zone euro pourrait échapper à une nouvelle phase de récession, d'après les données PMI de janvier qui signalent, contre toute attente, un début d'année positif pour l'industrie manufacturière de la zone euro", estime Chris Williamson, chef économiste chez Markit. Même si ce redressement est marginal, la tendance représente "une nette amélioration par rapport aux fortes chutes de l'activité observées en fin d'année 2011", souligne-t-il. La contraction de l'activité dans ce secteur a ralenti grâce à une reprise de la croissance en Allemagne (à 51 points, un plus haut sur six mois) et en Autriche (51,8 points, un plus haut de sept mois), note Markit. Par ailleurs, la contraction de l'activité dans l'industrie ralentit en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas. "Cette enquête conforte l'idée selon laquelle la Banque centrale européenne (BCE) ne va probablement pas abaisser son taux directeur une nouvelle fois compte tenu des signes de stabilisation économique en zone euro", estime Howard Archer, chef économiste chez IHS Global Insight. Mais une baisse du taux directeur à 0,75% est attendue dans les mois qui viennent, affirme l'analyste, qui n'exclut pas d'avoir un taux à 0,50% mi-2012. Dans le détail, le redressement du PMI en janvier repose sur une légère croissance de la production manufacturière, la première depuis juillet. Une fois de plus, cette amélioration est due à une hausse de la production en Allemagne. En revanche, la baisse de l'activité s'accélère légèrement en France. Des facteurs inquiétants demeurent cependant dans la zone euro: les nouvelles commandes à l'export se replient pour le septième mois consécutif et la demande reste atone. "Sans signe tangible de raffermissement de la demande, les entreprises seront en effet peu disposées à renforcer leurs capacités de production et à créer de nouveaux emplois", souligne l'économiste de Markit. L'inflation reste stable à 2,7% en janvier L'inflation est restée stable à 2,7% en janvier dans la zone euro, comme le mois précédent, selon une première estimation, hier, de l'office européen des statistiques, Eurostat. Ce chiffre, conforme aux attentes des analystes, est publié une semaine avant une nouvelle réunion de la Banque centrale européenne jeudi prochain. Il est supérieur pour le 14e mois consécutif au seuil de 2% visé à moyen terme par l'institut monétaire, basé à Francfort. Mais la stagnation observée en janvier semble aller dans la direction pointée par la plupart des économistes qui pensent que le niveau d'inflation dans la zone euro devrait retomber autour de 2% au cours de l'année 2012. En Allemagne, l'inflation a reculé en janvier pour la quatrième fois consécutive, s'établissant à 2% sur un an, son plus bas niveau depuis un an. Manifestement, l'augmentation des prix des carburants et de l'énergie a été plus que compensée par le recul des prix des vêtements et des séjours touristiques, caractéristique de la période suivant les fêtes de fin d'année, à en croire les données publiées par plusieurs Etats régionaux allemands. L'inflation a également ralenti en Espagne en début d'année, s'établissant à à 2% en janvier sur un an, contre 2,4% en décembre. Le chiffre concernant l'ensemble de la en zone euro (2,7%) pourrait rassurer la BCE, dont la prochaine réunion aura lieu le 9 février. Face aux menaces économiques, l'institution avait abaissé en novembre puis en décembre son principal taux directeur de 0,25 point à chaque fois, le ramenant à un plus bas historique de 1%. Les derniers signaux envoyés par les dirigants de la BCE vont dans le sens d'un maintien du taux de 1%, lors de la réunion de février. Eurostat publiera son estimation définitive pour janvier le 29 février. Les conditions du crédit restent tendues Les conditions du crédit bancaire se sont encore resserrées au quatrième trimestre 2011 en zone euro et vont continuer à le faire, malgré les prêts offerts en abondance aux banques par la Banque centrale européenne (BCE), a indiqué cette dernière, hier. Selon ce sondage trimestriel réalisé auprès d'un échantillon de 124 banques de la zone euro, 35% d'entre elles ont reconnu avoir resserré les conditions de l'allocation du crédit pour les entreprises du secteur non financier, contre 16% lors du précédent sondage au troisième trimestre. Concernant les prêts immobiliers pour les ménages, 29% des instituts sondés ont déclaré avoir durci les conditions de leur allocation, contre 18% au troisième trimestre. Les banques ont resserré dans une moindre mesure les conditions du crédit à la consommation (13% au quatrième trimestre, contre 10% précédemment). Pour le premier trimestre 2012, les banques de la zone euro s'attendent à un nouveau resserrement des conditions du crédit, mais à un rythme moins soutenu qu'au quatrième trimestre 2011, note l'étude de la BCE. Les instituts de crédit ont justifié leur réticence à prêter par l'assombrissement de la conjoncture économique et la crise de la dette en zone euro, qui a continué à miner la position financière du secteur bancaire et la vigilance accrue des marchés sur les risques d'insolvabilité des banques au quatrième trimestre a probablement exacerbé leurs difficultés à lever des fonds, ajoute l'étude. Le resserrement du crédit bancaire a été un phénomène largement partagé en zone euro, à l'exception notable de l'Allemagne, souligne encore la BCE. Les banques restent donc réticentes à ouvrir le robinet du crédit, et ce malgré les montants de liquidités sans précédent qui leur sont prêtés par la BCE. L'institution de Francfort (ouest) a en particulier accordé aux banques un prêt historique de près de 500 milliards d'euros sur trois ans fin décembre. Elle doit en accorder un autre fin février et la demande des banques pourrait doubler, selon la presse. Le président de la BCE Mario Draghi n'a de cesse de défendre cette politique très généreuse, même si elle ne se traduit pas pour l'instant par un accès plus facile au crédit des consommateurs et entreprises européennes. Il a toutefois reconnu la semaine dernière qu'il était encore trop tôt pour savoir si cet argent finance vraiment l'économie réelle. Bruxelles met son veto à la fusion de NYSE Euronext-Deutsche Börse La Commission européenne a opposé son veto à la fusion entre NYSE Euronext et Deutsche Börse. Elle empêche ainsi la création du premier opérateur boursier au monde, invoquant un risque de trop forte concentration. Ce veto, largement attendu malgré les efforts déployés jusqu'au dernier moment par les deux parties pour convaincre la Commission, met fin à leur ambition de constituer le premier opérateur boursier mondial. Le projet de fusion prévoyait que le holding serait détenu à 60% par les actionnaires de Deutsche Börse et à 40% par ceux de NYSE Euronext, qui gère les places de New York, Paris, Bruxelles, Amsterdam ou encore Lisbonne. Le mariage aurait entraîné des synergies de revenus annuelles de 150 millions d'euros et des économies de 400 millions d'euros par an dès 2012. 90% des transactions mondiales Mais la Commission a buté sur le fait qu'"ensemble, les deux Bourses contrôlent plus de 90% des transactions mondiales" sur les produits financiers dérivés européens. Elle a été sourde aux arguments des deux groupes selon lesquels le marché des produits dérivés est mondial, et non pas seulement européen, et la très large majorité se font de gré à gré, en-dehors des places boursières.