Mohamed Boudiaf, le militant incorruptible, a toujours placé l'Algérie avant tout. Ses années de clandestinité ont forgé son caractère et son mépris pour les quêtes matérielles. Il a, d'ailleurs, payé de sa vie son mépris pour ceux qui voyaient en l'Algérie une poule aux œufs d'or, disait de lui un de ses admirateurs après son assassinat le 29 juin 1992 à Annaba. Annie Rey Goldzeiguer, historienne, militante anticolonialiste, pour l'indépendance de l'Algérie, estime que s'il est un homme qui incarne le 1er Novembre 1954, c'est bien Mohamed Boudiaf. Mohamed était un homme intègre, vertueux. Un homme très structuré, un organisateur né. Mohamed Boudiaf était animé d'une volonté de démocratie réelle. Il pensait qu'en laissant s'épanouir la démocratie, le peuple algérien avancerait. Pendant la période précédant le 1er Novembre 1954, Mohamed Boudiaf a joué un rôle essentiel et a continuellement œuvré à l'unité du mouvement nationaliste. Il a créé le CRUA qui a échoué, puis les 22. C'est à partir de là qu'a été décidé le recours à la lutte armée, avec l'idée qu'il fallait la lancer et que le peuple suivrait. Il y a tout l'apport de Mohamed Boudiaf, en particulier dans l'OS au sein de laquelle il a joué un rôle important. Il s'était même entraîné à devenir un militaire clandestin. Les membres de l'OS éprouvaient pour Boudiaf un attachement filial. Il ne les a pas abandonnés, il les a soutenus. Les activistes ont lancé le 1er Novembre 1954 en sachant qu'il n'y aurait pas d'alternative, qu'il n'y aurait pas de négociations de troisième force. C'est Mohamed Boudiaf qui est chargé de la logistique. Il avait déjà prévu les voies d'acheminement des armes et des munitions. Le patriote, le révolutionnaire répondra encore à l'appel de l'Algérie. De retour dans son pays en 1992 après un long exil, Mohamed Boudiaf a su redonner confiance à la majorité des Algériens. Durant les quelques mois qu'il a passés à la tête du HCE, son langage et ses discours exprimaient une seule chose : "l'amour pour la patrie et la justice". Son franc-parler a résonné dans les coins les plus reculés, les villes, les villages, les dechras et les montagnes de l'Algérie.