La production industrielle en France a résisté sans briller aux chocs en 2011 mais a fini l'année en baisse, ce qui laisse présager d'un début d'année 2012 en demi-teinte, selon les économistes. En décembre, la production industrielle a reculé de 1,4% sur un mois, annulant son net rebond de novembre (+1,1%), a indiqué, avant-hier, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Dans la seule industrie manufacturière, qui exclut l'activité minière et la construction, la production a également diminué de 1,4% après avoir été en hausse au mois de novembre (+1,4%), a précisé l'Insee. Un recul attendu, selon Michel Martinez, économiste en chef pour la France chez Société Générale-CIB, dû notamment au facteur climatique. Progression moyenne de 2,4% Etant donné l'hiver très clément, "les gens n'ont pas consommé d'énergie", explique-t-il. En décembre, la production énergétique a reculé de 1,3%, et de 2,9% au quatrième trimestre 2011. "Cela va peser sur les chiffres de la croissance", estime M. Martinez. Sur l'ensemble de l'année écoulée, la production industrielle en France a progressé en moyenne de 2,4%, selon plusieurs économistes. De son côté, l'industrie manufacturière a progressé de 3,8% en moyenne. "La production industrielle est encore 9% inférieure à son niveau d'avant crise alors que l'Allemagne a effacé la crise", commente Mathilde Lemoine, directrice des études économiques chez HSBC. Au quatrième trimestre de l'année, la production a diminué dans l'industrie manufacturière (-0,5%), de même que dans l'ensemble de l'industrie (-0,8%), précise l'Insee. "On finit l'année en cohérence avec ce qu'avaient montré les enquêtes de confiance dans l'industrie" après l'été, estime Amélie de Montchalin, économiste chez Exane-BNP Paribas. La production a baissé dans les équipements électriques, électroniques, informatiques et machines (-1,1%), ainsi que dans les "autres produits industriels" (-0,9%). Elle a aussi fléchi dans les industries agricoles et alimentaires (-0,9%). En revanche, la production manufacturière a été en hausse dans les matériels de transports (+1,6%) et dans le raffinage (+4,6%). Déstockage Pour les économistes de Natixis, le recul de la production industrielle française s'explique notamment par le déstockage. Selon eux, ces chiffres confirment le scénario d'une légère récession au tournant 2011-2012. Sur le seul mois de décembre, la production a reculé dans les industries agricoles et alimentaires (-1,2%), ainsi que dans les équipements électriques, électroniques, informatiques et machines (-3,2%) notamment. Elle a été en légère progression dans le raffinage (+0,6%). "En fin d'année, le climat des affaires n'était pas favorable", confirme M. Martinez. 2011 a été "difficile, avec beaucoup de chocs qui auraient pu faire tomber l'industrie de manière beaucoup plus forte, en particulier l'industrie manufacturière", juge-t-il toutefois. "C'est plutôt la manifestation d'une bonne résistance, Cela veut dire qu'il y a une demande latente qui reste forte". Si le rebond cyclique entamé en 2010 après la crise de 2008-2009 s'est prolongé en début d'année 2011, depuis le choc de confiance de l'été, "les perspectives pour les industriels sont beaucoup moins bonnes", tempère Mme de Montchalin. Selon elle, "2012 est une année où l'on va souffrir du choc de confiance et des difficultés de financement, ainsi que des premiers impacts des mesures d'austérité sur l'économie réelle".