Les tribus de Touarga ont présenté leurs excuses aux habitants de Misrata pour les dégâts causés dans cette ville côtière de l'ouest de la Libye lors du conflit armé de l'an dernier, selon un communiqué des notables de Touarga à l'issue d'une réunion à Benghazi. Nous, tribus Touarga de Libye nous excusons devant nos frères de Misrata pour tout acte commis par tout habitant de Touarga, affirment dans leur texte les notables qui se sont réunis tard, avant-hier. Le bourg de Touarga, 40 000 habitants, est situé entre Syrte, ville natale de l'ex-dirigeant libyen, et Misrata, dont les combattants ont activement participé à la libération de Tripoli et ont capturé Mouammar Kadhafi --avant sa mort le 20 octobre. Les habitants de Touarga sont accusés par les combattants de Misrata d'avoir joué un rôle clé dans le siège de leur ville par les forces loyales au colonel Kadhafi, et d'avoir violé leurs femmes durant les semaines de combats qui furent parmi les plus sanglantes du soulèvement libyen. Nous affirmons que leur honneur est notre honneur, leur sang est notre sang et leurs fortunes sont les nôtres, poursuit le communiqué des notables de Touarga, exhortant tous ceux accusés de crimes, peu importe leur affiliation tribale, à se présenter devant la justice pour être punis. Nous tendons nos mains et nos cœurs pour l'intérêt de la Libye tout entière et pour que nous construisions ensemble un avenir prospère et de meilleurs lendemains, ajoute le texte. Plus de 1 000 personnes ont assisté à cette réunion, notamment des hauts responsables du Conseil national de transition (CNT, à la tête du pays depuis la chute du colonel Kadhafi), des notables tribaux et des déplacés de Touarga vivant actuellement à Benghazi (est). Mais aucun représentant de Misrata n'était présent. Un haut responsable du CNT, Mohammed al-Mufti, a salué un geste qui va résorber la fracture entre frères, nécessaire pour la stabilité du pays. Human Rights Watch a dénoncé, mardi, le fait que les autorités de Misrata empêchent des milliers de déplacés, accusés d'être pro-Kadhafi, de rentrer chez eux dans deux villages livrés aux pillages et aux saccages de la part des milices. HRW estimait à 30 000 le nombre de déplacés de Touarga. Cheikh Bakr al-Mahdi, qui dirige un comité de réconciliation nationale, a exhorté la population de Misrata, à accepter la branche d'olivier que lui a tendue Touarga: le comité prie Dieu pour que Misrata et ses sages autorités acceptent ce grand honneur en choisissant la paix et la tolérance. Il a ajouté que le CNT avait la responsabilité d'accélérer le processus judiciaire pour punir les auteurs de violences, calmer les esprits et éteindre le feu de la discorde.