La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, hier, qu'elle n'acceptait plus pour le moment les titres de dette émis par la Grèce en garantie, prenant en compte l'abaissement par l'agence Standard & Poor's de la notation du pays à "défaut sélectif". S&P a réagi dans la nuit d'hier, à l'échange proposé par Athènes à ses créanciers privés de leurs titres de dette, revenant à l'effacement d'une partie de celle-ci, en abaissant la notation du pays à "SD" ou "Selective Default", soit défaillance partielle. De ce fait, aucun titre de dette grec n'est plus éligible pour le moment pour servir de collatéral, c'est-à-dire de garantie fournie par les banques à la BCE lors des opérations de refinancement que celle-ci conduit à intervalles réguliers, selon un communiqué.Mercredi, l'institution doit notamment mener sa seconde opération de prêts illimités à long terme (trois ans), une mesure destinée à abreuver en liquidités les banques de la zone euro malmenées par la crise. En excluant les collatéraux grecs, la BCE restreint sensiblement l'accès des banques grecques à cette opération. Le conseil des gouverneurs de la BCE "a décidé que les besoins en liquidités des contreparties affectées pouvaient être satisfaits par les banques centrales nationales concernées", précise le communiqué, renvoyant de facto la balle à la banque centrale grecque. La mesure de suspension devrait être levée mi-mars, précise la BCE, c'est-à-dire d'ici l'entrée en vigueur du deuxième plan d'aide à la Grèce décidé la semaine dernière. Celui-ci prévoit une enveloppe de 35 milliards d'euros spécialement destinée aux banques affectées par la restructuration de la dette grecque. Ces 35 milliards d'euros prendront la forme de garanties accordées aux banques pour remplacer leurs actifs grecs désormais inutilisables par d'autres collatéraux. Cette enveloppe a été décidée pour inciter les banques à participer à l'échange proposé par Athènes. Celui-ci doit permettre au pays, au bord du défaut de paiement, d'obtenir un effacement de dette de 107 milliards d'euros. La Grèce propose de donner aux créanciers privés qui participeront à l'opération des titres d'une valeur inférieure de 53,5% à ceux qu'ils détiennent actuellement. L'objectif est de repousser les échéances de remboursement de la Grèce sur les montants qu'elle accepte encore d'honorer, pour lui laisser le temps de se rétablir. Si l'opération réussit, "nous devrions considérer que l'incident de la défaillance partielle de la Grèce appartient au passé", a prévenu S&P, faisant miroiter un relèvement de la note de la Grèce à CCC.Le Bundestag adopte le plan d'aide à la Grèce Le Bundestag allemand a approuvé, avant-hier, à une large majorité le dernier plan européen de sauvetage financier de la Grèce, malgré les pressions subies par la chancelière Angela Merkel pour que Berlin cesse de verser de l'argent dans "un puits sans fond". Le texte a été adopté par 496 voix pour, 90 voix contre et cinq abstentions, et Angela Merkel a évité l'embarras de dépendre des voix de l'opposition pour qu'il soit voté. Au sein de la coalition de la chancelière, 304 voix ont approuvé le texte, soit un peu moins que les 311 qu'elle espérait pour atteindre un seuil symbolique qui aurait conforté son assise. Avant le vote, Angela Merkel a pris la parole devant les élus pour affirmer qu'il serait "irresponsable" de sa part d'exposer l'Allemagne, la zone euro et le monde aux conséquences inconnues d'une faillite grecque.Il aurait suffi que vingt députés de la majorité fassent défection et votent contre le texte pour que celui-ci ne puisse obtenir une majorité que grâce à l'opposition. Ce week-end, les pays du G20 ont mis l'Allemagne sous pression pour qu'elle cesse de s'opposer à un accroissement du fonds de secours européen.Le G20 a clairement fait comprendre à l'Union européenne qu'elle devait accroître ses capacités de sauvetage si elle voulait que les autres puissances en fassent autant via le Fonds monétaire international.Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a souligné, avant-hier, s'attendre à une décision courant mars sur le renforcement du "pare-feu" financier européen. L'aide à la Grèce est cependant de plus en plus mal vécue en Allemagne. "Des milliards pour la Grèce: Stop!", clame le tabloïd allemand "Bild" à la "une". "Ne suivez pas plus longtemps cette voie insensée", exhorte le quotidien, qui cite des économistes selon lesquels il vaudrait mieux pour la Grèce se déclarer en faillite et sortir temporairement de la zone euro. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, présent ce week-end à la réunion du FMI à Mexico, a semblé ouvert à une fusion de l'actuel fonds de sauvetage européen, le FESF, et de son successeur, le MES, afin de créer un "pare-feu" de 750 milliards d'euros. De source proche d'Angela Merkel, on estimait toutefois que le dispositif européen était déjà bien assez pourvu. La position de la chancelière est liée en partie au sentiment de l'opinion publique allemande et de ses troupes mais aussi par le sentiment à Berlin que la pression des marchés commence à s'apaiser et qu'il n'est plus aussi urgent de les calmer en affichant une forte capacité à venir en aide à tout pays en difficulté. Standard and Poor's abaisse la note de la Grèce L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a abaissé, avant-hier, la note de solvabilité de la Grèce à SD, niveau correspondant à un défaut de paiement sélectif, pour tenir compte de la restructuration de la dette publique grecque lancée vendredi. S&P indique dans un communiqué qu'elle envisage de relever la note du pays à CCC, note attribuée à des émetteurs de qualité médiocre présentant un vrai risque de non-remboursement, lorsque cette opération aura été intégralement réalisée, probablement vers la mi-mars. La décision de l'agence américaine était attendue dans la mesure où celle-ci avait indiqué par le passé qu'elle ferait passer la Grèce par la note SD sitôt que commencerait la mise en oeuvre de l'accord de renoncement de créances sur Athènes consenti par les établissements financiers privés. En revanche, si un nombre suffisant de détenteurs d'obligations (publiques) grecques n'acceptait pas l'offre d'échange, écrit S&P dans un communiqué, nous pensons que la Grèce présenterait un risque imminent de défaut de paiement caractérisé dans la mesure où le déblocage du reste de l'assistance promise au pays par la zone euro et le Fonds monétaire international est soumis à la réussite de la restructuration de la dette d'Athènes. Un défaut de paiement caractérisé est reflété par la note D dans la notation de S&P. Je prends note de la décision de S&P, a indiqué le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker, dans un communiqué publié à Luxembourg, ajoutant qu'il s'attendait à une forte participation des créanciers privés à l'opération lancée vendredi. Cette opération d'échange doit permettre à la Grèce d'obtenir un effacement de dette de 107 milliards d'euros. La Grèce propose de donner aux créanciers privés qui participeront à l'opération des titres d'une valeur inférieure de 53,5% à ceux qu'ils détiennent actuellement. Un quart des titres que recevront ces créanciers seront des obligations du Fonds européen de stabilité (FESF), vraisemblablement d'une maturité maximale de deux ans. Le reste sera composé de nouvelles obligations grecques d'une maturité s'échelonnant de 11 à 30 ans, soit une durée bien supérieure à celles qu'elles remplaceront. L'objectif est de repousser les échéances de remboursement de la Grèce sur les montants qu'elle accepte encore d'honorer, pour lui laisser le temps de se rétablir. Si l'opération réussit, nous devrions considérer que l'incident de la défaillance partielle de la Grèce appartient au passé, écrit S&P, pour qui le relèvement éventuel de la note à CCC rendrait alors compte des perspectives de croissance économique incertaines du pays et de sa dette publique toujours forte, même après sa restructuration.