Le Premier ministre grec devait mettre la dernière main, avant-hier soir, à la version finale du nouveau mémorandum prévoyant les réformes à mener en Grèce, qui a été négocié toute la journée et finalement proposé, hier, à l'assentiment des chefs des partis de la coalition gouvernementale. Au soir d'une journée de grève générale contre l'austérité, le Premier ministre Lucas Papademos a décidé de reporter à, hier, ("probablement à la mi-journée" selon son cabinet) une rencontre avec le socialiste Georges Papandréou, le conservateur Antonis Samaras et le leader d'extrême-droite Georges Karatzaféris. L'aval des trois responsables politiques est explicitement demandé par les créanciers publics et privés du pays pour débloquer un 2e plan d'aide vital pour le pays, prévoyant à la fois renflouement financier et désendettement, et préparé depuis la fin octobre par la zone euro. Le texte final du plan de redressement remis aux partis pour aval Le texte final présentant le plan de redressement négocié entre la Grèce et ses créanciers UE-FMI a été remis, hier, aux trois dirigeants des partis de la coalition gouvernementale pour qu'ils l'avalisent lors d'une réunion prévue dans l'après-midi, a indiqué un des partis. La dernière touche à ce texte de 50 pages, a été apportée pendant la nuit, lors de tractations, censées être les dernières, entre le Premier ministre grec, Lucas Papademos, et la troïka représentant les bailleurs de fonds institutionnels de la Grèce (Union européenne et Fonds monétaire international). Remis dans la matinée aux partis, le texte présente les grandes lignes des nouvelles mesures dont UE et FMI exigent l'adoption pour débloquer un nouveau prêt destiné au renflouement du pays et décidé par la zone euro fin octobre, a affirmé une source du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND). Le trio politique soutenant le gouvernement (le socialiste Georges Papandréou, le conservateur Antonis Samaras et le leader d'extrême droite Georges Karatzaféris) est appelé à exprimer son accord de principe sur le contenu du projet lors d'une réunion prévue au siège du gouvernement, en présence du Premier ministre, selon la même source. Cette réunion, d'abord prévue à la mi-journée, débutera après 13H00 GMT, ont indiqué les services du Premier ministre. L'agence de presse grecque ANA a affirmé que M. Karatzaféris avait réclamé au préalable une version grecque du projet d'accord rédigé en anglais. En cas d'aval, exigé sans plus de retard par les créanciers du pays surendetté après trois semaines de négociations acharnées, cette nouvelle feuille de route doit être soumise à un vote au Parlement. Selon l'ANA, le texte sera déposé dès vendredi, pour un vote en procédure d'urgence dimanche au Parlement, où M. Papademos, désigné après l'éviction en novembre du socialiste Papandréou dispose d'une majorité de principe de 255 voix. Selon les informations parues ces derniers jours, ces mesures prévoient notamment une baisse d'environ 20% du salaire minimum, des coupes dans les retraites complémentaires et la suppression rapide de 15.000 emplois dans la fonction publique. Un contreseing grec à cette nouvelle cure de rigueur, durcissant des mesures déjà adoptées en contrepartie d'un premier plan UE-FMI de soutien de 110 milliards en mai 2010, doit débloquer des prêts d'au moins 130 milliards d'euros, vitaux pour que le pays évite le défaut de paiement fin mars. En cas d'accord, la zone euro doit aussi donner son aval à l'opération d'effacement par les créanciers privés de 100 milliards de dette grecque, quasi-parachevé fin janvier à l'issue de tractations entre Athènes et le lobby bancaire mondial IIF. Selon le quotidien financier Naftemporiki, les derniers détails de l'accord de désendettement avec les banques ont été réglés lors d'une rencontre, avant-hier soir, entre M. Papademos et les patrons de l'IIF, Charles Dallara et Josef Ackermann, par ailleurs dirigeant de la Deutsche Bank. Le ministère des Finances avait indiqué que cet accord serait également soumis au vote du Parlement, avant le lancement au plus tard le 15 février de l'offre publique pour l'échange prévu des titres, censé réduire la dette grecque autour de 120% du PIB en 2020, au prix de pertes réelles d'environ 70% pour les banques et fonds. La BCE serait prête à contribuer à l'effort sur la dette grecque La Banque centrale européenne (BCE) serait prête à renoncer à une partie de la dette grecque qu'elle détient, a rapporté, hier, le Wall Street Journal (WSJ), ce que demandaient les prêteurs privés qui ne veulent pas être les seuls à payer la note de la décote. La BCE, un des principaux créanciers de la Grèce, semble être prête à inclure les obligations qu'elle détient dans la restructuration de la dette grecque en cours de discussion, écrit le WSJ, citant des personnes au fait des négociations. Selon le journal, la BCE renoncerait au paiement des intérêts (coupons) auxquels elle peut prétendre à échéance des obligations grecques qu'elle a achetées dans le cadre de son programme de rachat d'obligations publiques des Etats de la zone euro en difficulté, lancé au printemps 2010. Cette éventualité a été évoquée à plusieurs reprises ces dernières semaines, alors que les négociations entre Athènes et ses créanciers privés traînent en longueur. Une autre éventualité est que la BCE accepte, comme les créanciers privés, une décote des obligations grecques en sa possession et qui selon un banquier central de la zone euro s'élève à 45 milliards d'euros. Pour l'instant toutefois, la BCE se refuse officiellement à de telles options, elle qui était opposée dès le départ à une restructuration même partielle de la dette grecque. Un assouplissement de la position de la BCE faciliterait un accord avec les créanciers privés de la Grèce, mais il n'est pas acquis que les responsables politiques grecs donnent le feu vert aux mesures d'austérité poussées par l'Union européenne et le FMI. Peu impressionnés par les mouvements de protestation actuels en Grèce et de moins en moins patients, les créanciers publics de la Grèce réclament un engagement explicite des trois partis gouvernementaux sur une nouvelle phase d'austérité pour débloquer le nouveau prêt de 130 milliards d'euros promis fin octobre, et donner leur feu vert au lancement de la restructuration de la dette grecque détenue par les créanciers privés. La patience des créanciers s'épuise "On est là parce qu'on sera dans les premiers de la prochaine fournée de 15 000 à être licenciés", a expliqué Vassilis Bakalis, 34 ans, conservateur au musée Byzantin d'Athènes. Les administrations, services et transports publics ont été affectés par la grève. Peu impressionnés par les mouvements de protestation, les créanciers du pays, dont la patience s'épuise face aux retards grecs à mettre en oeuvre les réformes, réclament un engagement explicite des trois partis gouvernementaux sur cette nouvelle purge pour débloquer les 130 milliards de prêts promis fin octobre, et donner leur feu vert au lancement de la restructuration de la dette grecque détenue par les créanciers privés. Avec MM. Ackermann et Dallara, M. Papademos devait passer en revue les derniers points laissés en suspens pour cette opération, après la quasi-finalisation d'un accord fin janvier. Cet effacement de 100 milliards de créances détenus par banques et fonds, au prix pour eux de pertes réelles d'environ 70%, devrait ramener la dette grecque autour de 120% du PIB en 2020. La pression augmente Devant les tergiversations des leaders politiques, certaines voix au sein des pays créanciers et partenaires de la Grèce ont accru la pression: la commissaire européenne chargée des Nouvelles Technologies, la Néerlandaise Neelie Kroes, a estimé qu'il n'y aurait "pas mort d'homme" si la Grèce sortait de la zone euro. Le couple Merkel-Sarkozy a, lui, suggéré la création d'un compte bloqué pour garantir que les prêts à la Grèce iraient au service de la dette, une proposition soutenue par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Du coup, le président de la Commission européenne a dû monter au créneau, avant-hier, pour affirmer que la place de la Grèce restait dans la zone euro. "Nous voulons que la Grèce reste dans l'euro", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse où il est apparu au côté du Français Jacques Delors, qui fut président de la Commission européenne de 1985 à 1994. M. Barroso a souligné que "les coûts d'une sortie de la Grèce de l'euro seraient plus élevés que les coûts pour continuer à soutenir la Grèce". Malgré l'agitation sociale et la nervosité des marchés, la Grèce a réussi, avant-hier, à lever 812,5 millions d'euros en bons du Trésor à six mois, à un taux d'intérêt en très légère baisse (4,86%) par rapport à la dernière émission du même type.