Entretien réalisé par Meziane Atmani La société algérienne des foires et expositions (Safex) entame une nouvelle dynamique d'organisation de salons professionnels et régionaux en Algérie et à l'étranger en vue de susciter de nouvelles relations de partenariats et d'accompagnement des operateurs économiques à l'international en termes notamment de logistique et selon le programme de la tutelle, le ministère du commesce. La promotion de la production constitue dans ce contexte un enjeu de taille afin de réduire le volume des importations et de favoriser celui des exportations hors hydrocarbures. Ce sont entre autres des objectifs majeurs de la Safex qui s'investit dans ce sens en termes d'innovation et d'amélioration de l'organisation en s'attelant aux normes et standards internationaux, selon M Mouloud Slimani, directeur de la promotion et de la coopération à la Safex, rencontré, hier, à la veille de l'ouverture du salon international de l'automobile, au siège de la direction générale (Palais des Expositions d'Alger). Il revient dans cet entretien sur des questions de l'heure comme la professionnalisation, la régionalisation des salons et les répercussions économiques sur le développement local, le redéploiement de la Safex à l'international… Le Maghreb Qu'en-est-il en fait de la professionnalisation des salons en Algérie ? Mouloud Slimani Il s'agit d'un souci permanent de la Safex. Nous considérons jusqu'à ce jour que tous nos salons sont professionnels. Il y a seulement deux foires qui ne sont professionnelles au sens pas strict, c'est-à-dire ouvertes au grand public. Il s'agit de la foire internationale d'Alger et la foire de la production algérienne. Même pour cette dernière, nous sommes en train de revoir l'organisation en plusieurs salons spécifiques que nous avons déjà entamés l'année dernière. Et nous allons poursuivre cette nouvelle organisation de la foire de la production nationale afin de concrétiser les objectifs fixés en termes notamment de développement des secteurs d'activité et de promotion Mad In Algeria. Donc la professionnalisation, nous y sommes en plein dedans. Et nous devons aller encore plus. Prenons par exemple le salon international de l'automobile qui s'ouvre demain au Palais des Expositions, il y a plusieurs aspects qui ne sont pas professionnels. Nous sommes en train de traiter la question depuis un certain nombre d'années ; mais cela n'a pas marché à 100%. Nous allons donc marquer une halte pour réfléchir sur l'organisation de ce salon et voir ces ventes qui se font sur place dont nous ne sommes pas d'accord. Nous pensons qu'un salon professionnel ne doit pas être transformé en souk. C'est ainsi donc que nous allons discuter avec nos partenaires et exposants sur la question et leur annoncer notre nouvelle stratégie. La Safex s'implique dans l'organisation des salons régionaux ? Il faut dire que nous avons quand même une grande expérience dans l'organisation des salons régionaux. Faut-il citer dans ce sens la foire Assihar de Tamanrasset qui constitue le grand événement régional. Et puis il y aussi la foire d'Adrar et la foire de Tindouf durant les années 80. Nous avons aussi organisé un autre salon à Sétif. En fait nous avons ouvert des salons régionaux dans plusieurs villes du pays. Mais la foire Assihar de Tam a été une institution quand même. C'est du coup par coup et sur demandes des autorités locales et des wilayas. Maintenant nous avons une nouvelle stratégie. C'est d'aller carrément vers la régionalisation des salons et des événements. La démarche s'explique par l'importance stratégique des potentialités géoéconomiques des régions. La Safex s'implique dans l'événementiel dans les régions en rassemblant d'abord les operateurs économiques et les éventuels investisseurs dans le sens de découverte d'opportunités économiques à valoriser par des investissements productifs dans telle ou telle région du pays. Il s'agit en outre de montrer aux hommes d'affaires et investisseurs étrangers les possibilités d'investissements potentiels qu'offrent ces régions. Par exemple nous organisons depuis trois ans et chaque début de l'année à Hassi Messaoud un salon international sur les industries de pétrole et de gaz. Il prend de l'ampleur chaque année en termes de la qualité de l'organisation, du nombre des exposants et de mises en relation d'affaires et d'investissements. Trois ou quatre pays participent d'une façon régulière et dont 80 % des participants sont des français. Je dois dire que nous avons été chargés par la tutelle, le ministère de commerce, de faire un travail d'étude et de faisabilité d'installation d'une infrastructure d'exposition dans certaines régions du pays, à l'Est, l'Ouest et surtout au Sud. Nous avons réalisé ce travail d'approche et nous avons remis les documents au ministère de commerce. Il s'agit donc pour les pouvoirs publics de garantir l'existence des infrastructures d'exposition conformes aux normes internationales. Il n'est plus question d'offrir des chapiteaux et salles qui ne répondent pas aux normes professionnelles. Ainsi avec la mise en œuvre de ces nouvelles infrastructures dans ces régions, nous allons travailler encore plus dans la sérénité et l'efficacité. Répercussions sur le développement local ? Certainement ! Depuis la fin des années 90, la dynamique économique, qu'elle soit au niveau national, international ou régional, a été précédée par des moments événementiels. Quand vous voyez un grand nombre d'exposants et de participants dans un salon, cela prouve qu'il y a une dynamique de développement local à promouvoir et à développer. C'est une règle que nous constatons et que nous voyons dans tous les salons professionnels et spécialisés que nous organisons. Le redéploiement de la Safex à l'international ? La Safex est pour le moment un instrument de logistique à l'exportation. Nous réalisons en moyenne 15 expositions par an à l'étranger, selon le programme établi par le ministère de commerce. Nous contributions donc à l'organisation de ces événements par la mise en place de la logistique d'une manière professionnelle. Nous accompagnons les autres organismes nationaux tels qu'ALGEX, la CACI et l'association nationale des exportateurs dans le cadre de la promotion des exportations hors hydrocarbures. Il est vrai que nous sommes en train de revoir toutes les procédures de l'organisation sur initiative du ministère du commerce qui nous a demandé de faire un audit sur la participation de l'Algérie et l'organisation des foires à l'étranger. Il s'agit donc de faire le bilan du retour d'investissements, des points forts et des contraintes rencontrées au niveau d'un comité ad hac qui a été installé à cet effet. Ce comité rendra ses conclusions incessamment. De nouvelles mesures seront donc prises pour améliorer la qualité de l'accompagnement des exposants et de la promotion des produits algériens à l'extérieur.