Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, avant-hier, l'octroi à la Grèce d'un prêt de 28 milliards d'euros sur quatre ans. L'organisation précise dans un communiqué que 1,65 milliard d'euros seront immédiatement débloqués dans le cadre du second prêt de sauvetage à la Grèce, que sa dette souveraine menace de mener à la faillite désordonnée si elle ne peut honorer des échéances de 14,5 milliards d'euros au 20 mars. Elle a déjà bénéficié d'un prêt pluriannuel de 110 milliards d'euros en mai 2010. Athènes, qui ne peut plus emprunter à des taux supportables sur les marchés financiers, recevra un total de 172,7 milliards d'euros de prêts du FMI et de la zone euro, qui veulent éviter que la crise de la dette ne déstabilise davantage le bloc des 17 pays utilisant la monnaie unique et n'ait des répercussions sur le système financier mondial. Le second prêt était conditionné à l'accord préalable des créanciers privés de la Grèce -banques, assurances, fonds d'investissement- d'effacer plus de la moitié de sa dette souveraine par le biais d'un échange d'obligations à moindre rendement et plus longue échéance. Fin de la récession en 2013, avec une croissance nulle La Grèce sortira de la récession en 2013, mais la croissance du PIB grec sera globalement nulle sur l'ensemble de cette année, selon de nouvelles prévisions du Fonds monétaire international pour le pays publiées, avant-hier, et revues en forte baisse par rapport à décembre. Le FMI estime que le produit intérieur brut grec devrait chuter de 4,8% en 2012 après avoir reculé de 6,9% en 2011. En décembre, il estimait que le PIB chuterait de 3,0% en 2012 après un recul de 6,0% en 2011 et que la croissance atteindrait 0,3% en 2013. Les nouvelles prévisions du Fonds figurent dans un communiqué publié après le feu vert donné par son conseil d'administration à un nouveau programme d'assistance financière à la Grèce, d'une durée de quatre ans et d'un montant de 28 milliards de dollars. Après les explosions de colère populaire qui ont accompagné l'instauration de l'austérité en Grèce, le Fonds note que le nouveau programme économique convenu entre Athènes et les créanciers publics du pays a pour but de ramener la compétitivité et la croissance, de rétablir des finances publiques viables et de revenir à la stabilité financière. Les autorités ont réajusté la stratégie de leur programme pour mettre davantage l'accent sur la mise en œuvre de réformes structurelles destinées à accélérer la croissance de l'économie et de l'emploi, ajoute le communiqué. La mise en œuvre des réformes va devoir s'améliorer La Grèce est toujours confrontée à des défis de premier plan et devra faire des efforts importants pour mettre en œuvre les réformes convenues avec ses créanciers afin de pouvoir continuer à bénéficier de leur soutien, a indiqué le Fonds monétaire international. La Grèce fait toujours face à des défis de premier plan, elle a un déficit de compétitivité très important qui devra être comblé, a déclaré à la presse le chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen, après que le conseil d'administration du Fonds eut donné son feu vert à un nouveau programme d'assistance financière au pays de 28 milliards de dollars sur quatre ans. Pour lui, les réformes nécessaires seront difficiles sur le plan politique et sur le plan social, mais le conseil d'administration a signalé clairement à la Grèce qu'il y avait très peu de marge de manœuvre à l'avenir. Le Fonds et les partenaires européens d'Athènes sont en train de fournir un soutien exceptionnel à la Grèce et il y a clairement un signal indiquant que nous continuerons de la sorte tant que la Grèce continuera de progresser vers les objectifs qui ont été retenus en accord avec le FMI et les Européens, a encore dit le responsable du Fonds. Mais il y a aussi un signal fort indiquant que la mise en œuvre des réformes devra s'améliorer par rapport à ce que nous avons vu en 2011, a ajouté M. Thomsen, faisant référence aux péripéties ayant retardé le déblocage des fonds prévus dans le premier plan d'aide du FMI à la Grèce cette année-là. Les propos en forme d'avertissement de M. Thomsen sont plus forts que ceux publiés au nom de la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, dans un communiqué. Les risques associés à la réussite du programme restent exceptionnellement élevés, et ne permettent aucun retard, indique Mme Lagarde, qui relève aussi les efforts énormes fournis par la Grèce pour mettre en oeuvre des réformes douloureuses. Pour le Fonds, la nouvelle facilité de crédit accordé aux autorités d'Athènes est destinée à soutenir leur nouveau programme d'ajustement économique. Après les explosions de colère populaire qui ont accompagné l'instauration de l'austérité en Grèce, le Fonds note que ce programme a pour but de ramener la compétitivité et la croissance, de rétablir la viabilité des finances publiques et de revenir à la stabilité financière. Les autorités ont réajusté la stratégie de leur programme pour mettre davantage l'accent sur la mise en œuvre de réformes structurelles destinées à accélérer la croissance de l'économie et de l'emploi, ajoute le communiqué. Néanmoins, prévient Mme Lagarde, il va falloir des réductions dans les dépenses publiques, politiquement difficiles, ainsi que des mesures décisives pour contrer la fraude fiscale. Il est important, ajoute-t-elle que le rééquilibrage soit à la fois juste et viable, ce qui passe par un renforcement du cœur de la protection sociale et des efforts pour améliorer la perception de l'impôt. Les nouvelles obligations grecques notées CCC par Standard and Poor's Les nouvelles obligations de l'Etat grec, émises à la suite de l'échange de dette lancé par la Grèce pour réduire son endettement, ont été notées CCC par Standard and Poor's, a annoncé, avant-hier, l'agence de notation. La note souveraine de la Grèce devrait être relevée également à CCC à l'issue de l'opération d'échange, qui doit prendre fin le 11 avril, mais reste pour l'instant en "défaut sélectif", a précisé SP dans un communiqué. "A la suite de l'échange, nous considérerons probablement que le défaut sélectif de la Grèce est caduc et accorderons une note souveraine de CCC à la Grèce", indique ce texte. La note CCC correspond à un investissement spéculatif dont les chances de remboursement sont "médiocres". Elle se situe à trois crans (bien trois crans) du défaut. SP justifie sa décision par les perspectives incertaines de croissance en Grèce et l'affaiblissement du consensus politique pour des réformes ambitieuses et largement impopulaires. L'agence d'évaluation financière Fitch Ratings avait annoncé mardi de son côté avoir relevé la note de la Grèce à "B-", contre "défaut partiel" précédemment, justifiant sa décision par la finalisation de l'opération d'échange de dette lundi. Pour l'agence, la fin de l'opération d'échange, qui portait sur les 177 milliards d'euros d'obligations de droit grec aux mains des créanciers privés, a "éteint" la situation de défaut de paiement traduit par la note "défaut partiel", comme dans le cas de SP. La troisième grande agence de notation, Moody's Investors services, considère toujours que la Grèce a fait défaut sur sa dette et maintient jusqu'à présent la note qu'elle attribue au pays à "C", la plus basse dans son échelle.