La Banque centrale du Koweït s'est dotée, avant-hier, d'un nouveau gouverneur, Mohammad al-Hachel, après la démission le 13 février de son prédécesseur qui avait dirigé la banque pendant 25 ans, a annoncé le ministre des Finances, Moustafa al-Chamali. M. Hachel, qui pendant plusieurs années occupait les fonctions de vice-gouverneur, avait été nommé gouverneur par intérim après la démission de cheikh Salem Abdelaziz Al-Sabah, qui protestait contre une forte hausse des dépenses publiques. Les dépenses publiques ont augmenté pour atteindre des niveaux sans précédent, handicapant la capacité de la Banque à assurer la stabilité budgétaire et monétaire de l'émirat, avait déploré cheikh Salem. Cheikh Salem était à l'origine de la décision en mai 2007 d'indexer le dinar koweïtien sur un panier de devises, et non plus uniquement sur le dollar, dans le but de contenir une inflation galopante. Il a souvent mis en garde publiquement contre les conséquences de la politique du gouvernement, qui a laissé filer les dépenses, sur l'avenir du Koweït. A la faveur de douze années consécutives d'importants excédents budgétaires, obtenus grâce aux prix élevés du pétrole, les dépenses publiques de l'émirat ont plus que triplé ces six dernières années. Elles sont passées de 23 à plus de 70 milliards de dollars, en soutien principalement aux salaires et aux subventions, selon des chiffres officiels. Des experts ont averti que le Koweït, qui dit contrôler 10% des réserves mondiales de brut et pompe environ 3 millions de barils par jour, ne serait pas en mesure de supporter ce rythme de dépenses si le cours du brut baissait. Ces dernières semaines, les employés de plusieurs organismes publics ont observé des grèves réclamant des hausses de salaire. Jeudi, le Parlement a tenu une séance spéciale pour discuter de ces revendications, le gouvernement avertissant qu'une augmentation continue des salaires est néfaste pour l'économie du pays. Le Koweït est un véritable Etat providence pour ses 1,17 million de citoyens, qui jouissent gratuitement de nombreux services sociaux dont ceux de la santé et de l'éducation, de prix fortement subventionnés et d'avantages fiscaux.