Un tour dans les marchés de fruits et légumes dans la wilaya de Médéa renseigne sur une mercuriale qui a fini par renvoyer jusqu'à la caricature la " pente " libre en matière de prix. Il ne s'agit plus de vulnérabilité classique du marché, de fluctuations ou de dégradation des conditions climatiques, mais d'une camora qui a trouvé dans la libéralisation des marchés agricoles une voie royale pour amonceler d'autres "chkaras". De Médéa à Chahbounia, en passant par Berrouaghia, Ksar-El-Boukhari, Béni-Slimane, Souaghi, Sidi Naâmane, Tablat ou Aïn-Boucif, la pomme de terre a atteint le seuil spectaculaire, j'allais dire ramadhanesque, de 95 dinars le kilogramme, la tomate est proposée à 80 DA, les carottes et les navets avoisinent les 60 DA, les oignons entre 60 et 70 dinars, les poivrons à 100 DA. Il faut se garder des explications et " alibis" servis durant des décennies, alors que des pans entiers de la société ne peuvent même plus s'offrir la frite-omelette mensuelle…Côté viandes rouges, une zone interdite pour la majorité des habitants, les prix varient entre 1.100 et 1.300 dinars le kg, quant à l'escalope de dinde, elle affiche les 820 DA/kg, le poulet a pris des ailes avec 370 dinars le kilogramme. " Avec ou sans production saisonnière, les citoyens seront de toute façon désossés, et le marché des fruits et légumes sous l'empire des flambées démentielles qui semblent s'installer dans la quotidienneté ", commente un agronome. Quels que soient les facteurs réels qui alimentent les cycles prohibitifs, le système de régulation mis en place en 2008 n'a pas résisté à la patine des spéculateurs.