Le régime syrien a annoncé, hier, qu'il ne retirerait pas ses troupes déployées dans les centres urbains sans "garanties écrites" que les rebelles (qualifiés de "groupes terroristes armés") déposeront les armes. Ce que ces derniers ont refusé. Le plan de Kofi Annan, que Damas est censé avoir accepté, prévoit pourtant le retrait des forces armées des villes et villages d'ici demain. Mais le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Djihad Makdessi, a fait savoir que les informations selon lesquelles son gouvernement retirerait ses troupes des centres urbains d'ici mardi constituaient "une mauvaise interprétation". Dans un communiqué, il explique que l'émissaire de la Ligue arabe et des Nations unies Kofi Annan n'a pas fourni au régime alaouite les "garanties écrites" des "groupes terroristes armés" par lesquelles ils s'engageraient à cesser la violence. Les mutins de l'Armée syrienne libre ont catégoriquement refusé, hier, de donner de telles garanties. Leur chef, le colonel Riad el-Assaad, a indiqué par téléphone à l'Associated Press que l'ASL ne reconnaissait pas le régime du président Bachar el-Assad et qu'il n'avait par conséquent aucune garantie à lui donner. Joint en Turquie, le militaire dissident a précisé que si Damas acceptait le plan en six points de M. Annan, alors son groupe cesserait le feu. Le bureau de Kofi Annan avait pourtant annoncé que le président Assad avait accepté l'accord de cessez-le-feu élaboré par l'ancien secrétaire général de l'ONU. Celui-ci vise à mettre fin aux violences en Syrie, où les forces de sécurité mènent depuis plus d'un an une répression sanglante du mouvement de contestation contre le régime alaouite. A deux jours de la date-limite du 10 avril, les troupes syriennes poursuivaient, hier, leurs bombardements et offensives dans le nord et le centre du pays, selon des militants syriens. L'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme, basé en Grande-Bretagne, signalait une offensive militaire impliquant des dizaines de véhicules à l'est de la ville de Jisr al-Choughour (nord-ouest), ajoutant que des explosions ont été entendues dans ce secteur, hier matin. A Homs (centre), le militant Tarek Badrakhan a affirmé que l'armée avait tiré des obus de mortier, hier, sur le quartier de Khaldiyeh, contrôlé par les rebelles. Kofi Annan choqué par la montée des violences Kofi Annan, émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie, s'est déclaré, hier, choqué par la montée des violences et des atrocités commises en Syrie. Je suis choqué par les récents rapports indiquant une montée de la violence et des atrocités dans plusieurs villes et villages de Syrie, a souligné l'émissaire international Kofi Annan dans un communiqué. Nous devons tous œuvrer d'urgence pour un arrêt complet des hostilités, permettre l'accès aux humanitaires et créer les conditions d'un processus politique permettant de prendre en compte les aspirations légitimes et les inquiétudes du peuple syrien, a-t-il ajouté. M. Annan a appelé le gouvernement syrien et l'opposition à cesser les violences d'ici jeudi 06H00 heures locales de Damas. Alors que nous approchons de la date limite du mardi 10 avril, je rappelle au gouvernement syrien le besoin de mettre entièrement en place ses engagements, a insisté M. Annan, ajoutant que l'escalade de la violence (était) inacceptable. L'émissaire spécial des Nations unies a également demandé à tous les Etats ayant une influence sur les partis de l'utiliser maintenant pour arrêter l'effusion de sang et pour commencer le dialogue. Kofi Annan espère que le gouvernement syrien et l'opposition mettent en place un cessez-le-feu complet dans les 48 heures après le 10 avril. Les forces armées syriennes poursuivaient, hier, leurs opérations militaires dans les bastions rebelles, notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest), et combattaient des déserteurs dans plusieurs régions, ont rapporté les militants. La veille, les violences ont fait au moins 128 morts en Syrie: 86 civils, dont près de la moitié dans l'attaque de Latamna, 26 soldats et 16 combattants déserteurs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).