La Banque centrale du Japon (BoJ) a maintenu, hier, son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0 et 0,1%, ce qui revient à encourager un taux nul afin de dynamiser l'activité en luttant contre les pressions déflationnistes et la hausse du yen qui menace l'économie. Le comité de politique monétaire a voté ce statu quo à l'unanimité de ses neuf membres au terme d'une réunion ordinaire de deux jours, sans adopter de nouvelles dispositions d'assouplissement malgré les risques venus de l'étranger, notamment d'Europe où les problèmes d'endettement ont des répercussions qui pourraient porter un coup à l'économie mondiale, souligne l'institut. La BoJ avait déjà décidé fin octobre des mesures supplémentaires via l'augmentation de 5 000 milliards de yens (47 milliards d'euros) du montant de ses achats de bons du Trésor, élevant ainsi à 55 000 milliards de yens (519 milliards d'euros) la somme totale qu'elle prévoit de consacrer aux créances d'Etat, obligations d'entreprises et autres titres financiers, ainsi qu'à des prêts à taux préférentiel. En inondant le marché des liquidités, la BoJ veut favoriser l'octroi d'argent aux particuliers et aux sociétés afin de motiver les investissements et de doper l'activité. Elle espère aussi contrebalancer les effets négatifs de l'ascension du yen qui bride les exportations et détériore les affaires des entreprises nippones sur les marchés étrangers. Les dispositions monétaires de la Banque du Japon, dont la portée n'est pas immédiate, sont censées compléter la panoplie d'actions politiques et budgétaires de l'Etat. Les autorités ont été poussées à intervenir directement sur le marché des changes le 31 octobre pour stopper la flambée de la devise nationale qui avait atteint quelques heures plus tôt son niveau le plus élevé d'après-guerre face au dollar, lequel ne cotait plus alors que 75,32 yens. Cette troisième intervention unilatérale en un peu plus d'un an a certes permis au yen de décliner un peu, mais la tendance haussière perdure du fait des hoquets de l'économie américaine et des problèmes d'endettement d'Etats européens, deux champs d'incertitudes qui préoccupent fortement la banque centrale nippone. Compte tenu des incertitudes entourant l'économie étrangère et l'instabilité subséquente sur les taux de change et les marchés financiers, "il est nécessaire d'accorder une attention toute particulière aux risques de répercussions négatives sur l'économie japonaise", a souligné l'institut d'émission. De ce fait, la BoJ avait baissé fin octobre ses prévisions de croissance de l'économie japonaise, à 0,3% pour l'année budgétaire en cours d'avril 2011 à mars 2012, contre une estimation précédente de 0,4%, et à 2,2% pour l'année suivante 2012-2013, contre 2,9% jusque là. La BoJ estime que le rythme de reprise de l'économie du Japon est ralenti par les facteurs extérieurs, alors que le pays est convalescent huit mois après le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima. Le Japon devrait toutefois finir par recouvrer le chemin d'une croissance modérée, précise l'institution. Le produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique mondiale s'est redressé entre juillet et septembre après trois trimestres consécutifs de décroissance, un rebond qui reste toutefois fragile à cause des aléas de la conjoncture mondiale.