Les putschistes de Guinée-Bissau ont annoncé, avant-hier soir, avoir déposé le chef d'état-major, le général Antonio Indjai, de même que le président intérimaire et le Premier ministre, arrêtés la veille. L'armée confirme avoir déposé le président intérimaire Raimundo Pereira, le Premier ministre Carlos Gomes Junior et le chef d'état-major, le général Antonio Indjai. Les trois sont sains et saufs et se trouvent sous contrôle de l'armée, selon un communiqué du commandement militaire créé après le coup d'Etat de jeudi. Dans ce pays très instable d'Afrique de l'Ouest, abonné aux tentatives de coups de force, le général Indjai était devenu chef d'état-major en juin 2010, après avoir renversé José Zamora Induta, dont il était jusque-là l'adjoint. Par ailleurs, l'armée a annoncé l'instauration d'un couvre-feu en vigueur de 21H00 à 06H00 (locales et GMT), appelé les membres du gouvernement déchu à se rendre à l'état-major, confirmé la fermeture des radios privées et mis en garde contre les actes de vandalisme à la faveur des troubles. L'armée convoque les partis pour résoudre la crise L'armée de Guinée-Bissau a convoqué pour une réunion avec les partis politiques pour permettre un retour rapide du pays à une normalité politique et constitutionnelle, au lendemain de son coup d'Etat. La réunion à huis clos a pour but d'expliquer les raisons du soulèvement militaire de jeudi, afin de trouver une sortie politique de cette situation de peur, de chaos et surtout de paralysie des institutions publiques et privées du pays, selon un communiqué du commandement militaire. Il s'agit aussi de voir comment l'armée entend procéder pour concourir au retour rapide du pays à une normalité politique et constitutionnelle, ajoute le texte. Le commandement militaire réaffirme avec détermination qu'il reste à équidistance du pouvoir civil démocratiquement institué, bien qu'il ait été forcé d'agir militairement pour se défendre contre une tentative du gouvernement de faire éliminer les forces armées nationales par une force étrangère, conclut-il. L'ONU réclame le retour du gouvernement civil Les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné fermement le coup d'Etat militaire survenu en Guinée-Bissau et ont demandé le retour du gouvernement légitime. Dans une déclaration formelle adoptée, avant-hier, le Conseil demande aux militaires putschistes d'assurer la sécurité du président intérimaire Raimundo Pereira et du Premier ministre Carlos Gomes et exigent leur libération immédiate. Ils exigent le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel et du gouvernement légitime pour permettre aux élections de se tenir comme prévu. Les 15 pays lancent un appel au calme à toutes les parties prenantes et indiquent qu'ils continueront de suivre de près la situation en Guinée-Bissau. De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné avec la plus grande fermeté le coup d'Etat et a appelé l'armée à relâcher immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues. Dans un communiqué, M. Ban souligne la nécessité pour les forces armées et leur commandement de respecter l'autorité civile, l'ordre constitutionnel et l'état de droit et de prendre des mesures urgentes et immédiates pour le retour à l'ordre civil dans le pays. Il appelle le peuple de Guinée-Bissau à garder son calme et à s'abstenir de toute violence. L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice, dont le pays préside le Conseil en avril, avait auparavant déclaré que le Conseil avait condamné l'action militaire (en Guinée-Bissau) et demandé instamment le rétablissement immédiat des autorités civiles. Elle avait indiqué qu'on ne savait pas précisément pour l'instant où se trouvaient le président Pereira et M. Carlos Gomes Junior. La Maison Blanche condamne le coup d'Etat La Maison Blanche a condamné le coup d'Etat en Guinée Bissau, exigeant la restauration immédiate du gouvernement légitime de ce pays d'Afrique de l'Ouest. Les Etats-Unis condamnent avec force les actes entrepris par certains membres de l'armée de Guinée Bissau pour prendre le pouvoir aux dépens des autorités civiles du pays, a déclaré dans un communiqué Jay Carney, porte-parole du président Barack Obama, au moment où ce dernier entamait une visite à Carthagène en Colombie, théâtre du 6e sommet des Amériques pendant le week-end. M. Carney a affirmé que les Etats-Unis restaient profondément inquiets au sujet de la sécurité du président intérimaire, de hauts responsables et d'autres qui pourraient voir leur intégrité menacée à cause de ces actions des militaires. Nous appelons à la libération de tous les dirigeants gouvernementaux et pressons toutes les parties de résoudre leurs différends à travers le processus démocratique, a-t-il ajouté. L'Union africaine juge inadmissible le coup d'Etat Le président de la commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a condamné l'inadmissible coup d'Etat militaire en cours en Guinée-Bissau.Le président de la commission souligne que l'UA n'acceptera aucune prise de pouvoir par des voies anticonstitutionnelles et remise en cause du processus démocratique en Guinée-Bissau, selon un communiqué. Le président de la Commission exprime la ferme condamnation par l'UA de ces actes inadmissibles, qui sapent les efforts de stabilisation de la situation en Guinée-Bissau et ternissent l'image du pays et de l'Afrique, selon le texte. M. Ping constate avec regret que ces événements surviennent juste avant le lancement de la campagne électorale pour le second tour de l'élection présidentielle anticipée, prévu le 29 avril, dont M. Gomes faisait figure de favori. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné un coup de force. L'histoire de la Guinée-Bissau est jalonnée de putschs, tentatives de coups d'Etat militaires et violences politiques depuis son indépendance en 1974. Elle est devenue ces dernières années une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique du Sud et l'Europe.