Les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se réuniront le jeudi 26 avril à Abidjan pour un sommet extraordinaire consacré aux crises au Mali et en Guinée-Bissau, a-t-on appris, hier, auprès de la présidence ivoirienne. Il y a un sommet extraordinaire des chefs d'Etat jeudi à 10H00 (locales et GMT) à Abidjan sur le Mali et la Guinée-Bissau, a indiqué l'entourage du président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. L'organisation ouest-africaine est confrontée à deux très graves crises à la suite de coups d'Etat dans ces deux pays. Au Mali, on attend la composition du gouvernement du nouveau Premier ministre de transition Cheick Modibo Diarra. Mais les putschistes qui ont renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, parti, avant-hier, en exil au Sénégal, sont soupçonnés de ne pas vouloir céder la place aux civils, malgré un accord conclu avec la Cédéao le 6 avril. La Cédéao a par ailleurs menacé d'envoyer une force militaire régionale dans le nord du Mali, sous contrôle de rebelles touareg et de groupes islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), si la voie du dialogue échoue. Pour la Guinée-Bissau, l'organisation régionale a condamné, avant-hier, la mise en place d'un Conseil national de transition, dénonçant une usurpation du pouvoir par les putschistes du 12 avril. Le Portugal, ex-puissance coloniale, a plaidé, avant-hier soir, devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour l'envoi d'une force de stabilisation dans ce pays, à laquelle pourraient contribuer des contingents d'Afrique de l'Ouest et de pays lusophones, notamment des soldats angolais déjà présents dans le cadre d'un accord bilatéral de coopération. L 'ex-président malien Amadou Toumani Touré a quitté Bamako pour Dakar L'ex-président malien Amadou Toumani Touré, renversé par des militaires en mars et qui a ensuite formellement démissionné en avril, a quitté Bamako pour Dakar. L'avion qui transportait ATT (surnom de M. Touré) est arrivé, hier, à Dakar, selon la radio sénégalaise, il était avec toute sa famille: ses enfants, ses petits-enfants, et il y avait avec eux des gardes du corps, a déclaré une source militaire sous couvert d'anonymat, assurant que son départ du Mali s'est fait avec l'accord du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des putschistes. On ignorait s'ils allaient rester au Sénégal, ou se rendre ensuite vers une autre destination. C'est le ministre sénégalais des Affaires étrangères qui est venu le chercher avec un vol spécial, a expliqué une source diplomatique africaine. Selon une source aéroportuaire, M. Touré a quitté, avant-hier, Bamako pour Dakar, dans des conditions mouvementées. Elle n'a pas fourni plus de détails. D'après la source militaire, des soldats en poste à l'aéroport ont tenté de s'opposer au départ d'ATT et ont tiré en l'air, suscitant un mouvement de foule. Quand ATT est arrivé à l'aéroport, il y a un militaire qui a dit qu'il voulait lui dire ses quatre vérités avant qu'il parte du Mali, il a tiré en l'air, a expliqué la source diplomatique. Le Mali tente de mettre en œuvre la transition engagée sous la pression de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) après le coup d'Etat du 21 mars. Après la démission d'Amadou Toumani Touré, le 8 avril, les putschistes ont remis le pouvoir aux civils mais leur rôle dans le gouvernement intérimaire qui doit préparer la tenue de nouvelles élections reste flou. Libération de responsables civils et militaires au Mali Plusieurs hauts responsables militaires et politiques proches de l'ancien président malien Amadou Toumani Touré et détenus par les militaires putschistes ont été libérés. Ces 22 personnalités (onze civils et onze soldats) avaient été interpellées en début de semaine. Leur arrestation par les forces de sécurité avait suscité l'indignation de la communauté internationale quelques jours après le coup d'Etat militaire qui a chassé du pouvoir le chef de l'Etat le 22 mars dernier. "Ils ont tous été libérés", a indiqué à Reuters un responsable de la junte, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat. Une source du ministère de la Défense a confirmé leur libération. Le Mali est coupé en deux par un soulèvement des Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad et des milices islamistes qui se sont emparés de plusieurs villes du Nord en profitant du putsch militaire dans la capitale Bamako. L'ex-président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, 70 ans, a été investi chef de l'Etat par intérim le 12 avril. Il a désigné mardi l'astrophysicien de renommée mondiale Cheick Modibo Diarra, 60 ans, comme Premier ministre. Un candidat battu à la présidentielle à Bissau, nommé président de transition Manuel Serifo Nhamadjo, candidat éliminé au premier tour de la présidentielle en Guinée-Bissau, a été désigné, avant-hier, président de transition selon un accord entre les putschistes et les principaux partis de l'ex-opposition, a-t-on appris auprès d'un porte-parole de l'ex-opposition. Braima Sori Djalo, numéro 2 du principal parti d'opposition, le Parti de la Rénovation sociale (PRS), a été nommé président du Conseil national de transition, nouvel organe de contrôle législatif chargé de gérer le processus de transition après le coup d'Etat du 12 avril, a précisé ce porte-parole, Vitor Pereira. Les deux hommes ont été choisis par consensus par le Commandement militaire et les partis politiques, a-t-il ajouté. Arrivé troisième du premier tour de la présidentielle du 18 mars, M. Serifo Nhamadjo, 54 ans, est un dissident de l'ex-parti au pouvoir, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) de l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior. M. Gomes Junior, vainqueur du premier tour, a été arrêté par les putschistes et il est toujours détenu par l'armée.M. Serifo Nhamadjo était jusqu'au putsch, qui a dissous les institutions, président par intérim de l'Assemblée nationale.