La situation a atteint le niveau d'alerte “menace”. Des opérations aériennes sont nécessaires, notament au Yémen. La situation relative au criquet pèlerin est devenue extrêmement sérieuse dans certains pays du Sahel particulièrement à l'intérieur du Yémen, où une importante reproduction a eu lieu en raison de pluies exceptionnellement fortes. Des bandes larvaires se sont formées sur une vaste zone reculée, en bordure méridionale du Croissant Vide. On s'attend à ce que des essaims se forment en juin, restent dans la zone et y pondent vers la fin du mois. Ces œufs vont éclore en juillet et une autre génération de bandes larvaires se formera. En conséquence, des opérations aériennes, nécessitant un appui extérieur, devront être organisées en juillet pour éviter la formation d'une deuxième génération d'essaims et réduire au minimum la menace aux cultures et aux pâturages. Des opérations de lutte aérienne et terrestre se poursuivent contre des bandes larvaires l'intérieur de l'Arabie Saoudite. Une reproduction à petite échelle est en cours dans la vallée du Nil, au Soudan, au nord de Khartoum.La reproduction estivale commencera dans le Sahel de l'Afrique de l'Ouest (Mauritanie, Mali, Niger et Tchad) et au Soudan avec le démarrage des pluies saisonnières. Au début, les populations resteront faibles. Cette année, plus que d'habitude, des populations seront présentes au début de l'été le long de la frontière indo-pakistanaise, où la reproduction commencera avec l'arrivée des pluies de mousson. Il existe un risque que des essaims puissent se former et en l'absence d'opérations de lutte, ces essaims se déplacent vers le Yémen et le Soudan. Des traitements de lutte sont aussi en cours contre des infestations de bandes larvaires de plus petite envergure sur la côte sud-est de l'Iran, la côte du Pakistan occidental et à la frontière entre l'Éthiopie et le nord de la Somalie. Par ailleurs, le Yémen reste le pays le plus exposé. Il est confronté à la pire résurgence de criquets pèlerins depuis 1993. Une campagne intensive de prospection et de lutte aériennes, réalisée par hélicoptère, doit être lancée pour éviter des infestations massives et de graves dégâts aux cultures vivrières, a mis en garde l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Une reproduction à grande échelle est en cours sur une vaste zone isolée dans l'intérieur du Yémen, estimée à 31 000 km2, où des essaims sont susceptibles de se former, a annoncé un expert acridien de la FAO, qui revient tout juste d'une mission d'évaluation d'une semaine dans le pays. Des reproductions à plus petite échelle ont aussi eu lieu dans d'autres zones. Au total, on estime qu'il faudra probablement traiter cet été de 50 000 à 75 000 hectares. Si les infestations acridiennes ne sont pas maîtrisées à temps, les cultures agricoles de l'Hadramaout et d'autres zones, notamment les Hauts-Plateaux de Sanaa, seront menacées. Les fortes précipitations sans précédent tombées en mars et à nouveau la semaine dernière ont favorisé la reproduction et les mues imaginales dans les zones les plus touchées et on peut s'attendre à une ou deux nouvelles générations de criquets pèlerins. La situation pourrait s'aggraver durant les prochains jours compte tenu des fortes pluies et grands vents liés au violent cyclone tropical qui balaie l'Oman. La nouvelle génération d'ailés arrivera à maturité en juin et devrait pondre d'ici la fin du mois. Au cours de la même période, il y aura, également, un risque de formation d'essaims à l'intérieur de l'Arabie Saoudite qui, s'ils ne sont pas traités, pourraient se déplacer jusqu'aux zones actuellement infestées du Yémen. La FAO recommande de lancer d'ici la mi-juillet une campagne de lutte à l'aide de deux hélicoptères pour réduire au minimum la menace acridienne dans la région. Une assistance internationale sera nécessaire pour soutenir les efforts nationaux durant une première phase de lutte jusqu'en septembre. Par ailleurs , on se demande si cette menace acridienne pèse, également, sur l'Algérie au même titre que ses voisins. Selon le ministère de l'Agriculture, l'Algérie n'est pas menacée par une invasion à grande échelle car toutes les mesures de lutte ont été prises et sont toujours opérationnelles. Le dispositif de veille a toujours été maintenu. Avec l'arrivée de la saison sèche, les criquets migrent vers les pays du Maghreb. Néanmoins, la reproduction de ces insectes reste limitée, que de petites bandes larvaires signalées dans certaines zones de cultures irriguées et qui peuvent être traitées sans difficulté. Mais la vigilance reste toujours de mise. Il faut savoir que le criquet pèlerin vit de trois à cinq mois. Son cycle de vie comporte trois stades: oeuf, larve et ailé. L'éclosion des oeufs met environ 2 semaines, les larves se développent en 5 à 6 étapes sur une période d'environ 30-40 jours, et les ailés peuvent arriver à maturité en l'espace de 3 semaines. Les essaims peuvent parcourir de 5 à 130 km ou plus par jour, poussés par le vent. Un criquet pèlerin ailé peut consommer, grosso modo, son propre poids en nourriture chaque jour, soit environ deux grammes. Une toute petite partie d'un essaim de taille moyenne dévore, en un jour, la même quantité qu'environ 2 500 personnes.