L'euro repartait en nette baisse face au dollar en fin de semaine, les cambistes fuyant les actifs jugés risqués, comme la monnaie unique et les actions, après le ralentissement surprise des embauches aux Etats-Unis qui a alimenté des inquiétudes sur la vigueur de la reprise américaine. Peu avant la clôture, l'euro valait 1,3084 dollar, contre 1,3149 dollar la veille, tombant à un nouveau plus bas depuis le 19 avril. L'euro baissait face à la devise nippone, à 104,53 yens contre 105,45 yens la veille, tombant même à 104,49 yens vers la mi-séance, un plus bas depuis le 20 février. Le dollar reculait face au yen à 79,83 yens contre 80,20 yens la veille. Si le taux de chômage officiel a de façon inattendue baissé de 0,1 point par rapport à mars, pour s'établir à 8,1%, son niveau le plus faible depuis janvier 2009, les embauches se sont avérées bien inférieures aux prévisions pour avril, selon des chiffres diffusés, vendredi. La livre britannique montait un peu face à l'euro, à 81,09 pence pour un euro, mais baissait face au billet vert, à 1,6146 dollar. La devise helvétique était stable face à l'euro, à 1,2013 franc suisse pour un euro, et baissait face au billet vert, à 0,9174 franc suisse pour un dollar. Le yuan chinois a fini à 6,3061 yuans pour un dollar contre 6,3055 yuans la veille. La baisse de l'euro s'apparente à celle des marchés d'actions, qui "s'explique par un regain d'inquiétude sur le fait que la reprise américaine s'étiole rapidement", commentait Paul Ashworth, de Capital Economics. Ces inquiétudes poussaient les investisseurs à se tourner vers le dollar et le yen, deux des valeurs refuge les plus sûres à leurs yeux. Ces créations d'emploi décevantes étaient aussi de nature à alimenter les spéculations sur de nouvelles injections de liquidités par la Réserve fédérale américaine (Fed) dans la première économie mondiale, des mesures qui ont pour effet de diluer la valeur du dollar et ainsi rendre le billet vert moins attractif pour les investisseurs. Mais malgré ces spéculations, le dollar était "soutenu par l'aversion pour les actifs à risque, alors que l'euro était également mis de côté par les cambistes, du fait des élections à venir en France et en Grèce ce week-end", notait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Le couple euro-dollar continuait ainsi d'avancer sur un parcours en montagnes russes, au lendemain d'une séance mouvementée qui avait vu l'euro tomber à son niveau le plus faible depuis deux semaines suite à un indicateur meilleur que prévu aux Etats-Unis, avant de gagner près d'un cent en quelques minutes quand des propos du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi ont fait renaître un peu d'optimisme concernant les perspectives de la zone euro. La BCE, réunie jeudi à Barcelone, a annoncé comme attendu le maintien de son taux directeur à 1%, niveau auquel il est fixé depuis décembre. Après cette annonce, M. Draghi a toutefois douché les attentes d'un nouvel assouplissement monétaire mais l'évocation d'une évolution économique positive dans les mois à venir a finalement été retenue en fin de semaine par le marché. "Ces propos ont permis de redonner quelque peu confiance aux investisseurs qui restent néanmoins prudents au vu des dernières statistiques économiques en provenance de la zone" euro, tempéraient tout de même les analystes de Saxo Banque. L'enthousiasme des cambistes avait cependant été mis à mal, vendredi, par l'annonce d'une accélération en avril de la contraction de l'activité du secteur privé en zone euro.