Le président élu François Hollande est arrivé hier à 10h au palais de l'Elysée où il a été accueilli par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui est descendu du perron pour lui serrer la main. La cérémonie de passation de pouvoirs a débuté à l'heure prévue. Après un entretien de plus d'une demi-heure entre les deux présidents, Nicolas Sarkozy a quitté le palais à 10h40. Ensuite, dans le salon des ambassadeurs, M. Hollande a reçu les insignes de Grand Croix de la Légion d'Honneur. Puis, dans la salle des fêtes, le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a proclamé les résultats officiels de l'élection présidentielle. François Hollande a reçu alors le grand collier de Grand Maître de l'Ordre national de la Légion d'Honneur, avant de signer le procès-verbal de son investiture et de prononcer une allocution. Pour cette cérémonie, il a invité dix prix Nobel français, dont l'écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio (Littérature 2008) et le Pr Luc Montagnier (Médecine 2008), qui avait découvert le virus du SIDA, ainsi que cinq anciens Premiers ministres socialistes (Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard, Edith Cresson, Lionel Jospin) et la Première secrétaire du PS Martine Aubry. La compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, a été accueillie sur le perron par Carla Bruni-Sarkozy. Ségolène Royal, la candidate PS battue en 2007 par Nicolas Sarkozy, qui a eu quatre enfants avec François Hollande, a fait savoir qu'elle n'assisterait pas à la passation de pouvoirs à l'Elysée mais qu'elle serait présente à la mairie de Paris, où le président tout juste investi fera étape dans l'après-midi. La cérémonie d'installation s'est achevée dans le parc de l'Elysée, avec les honneurs militaires, l'hymne national et une revue des troupes. Comme le veut la tradition, 21 coups de canon ont été tirés depuis l'esplanade des Invalides. Dans la matinée, plusieurs dizaines de sympathisants du chef de l'Etat sortant étaient massés en face de l'entrée principale du palais de l'Elysée. François Hollande a officiellement pris ses fonctions Le socialiste François Hollande a pris officiellement hier ses fonctions de président de la République en promettant de "rassembler" les Français, lors d'une journée forte en symboles. "A compter de ce jour, vous incarnez la France", a proclamé le président du Conseil constitutionnel. Elu le 6 mai avec 51,6% des suffrages, François Hollande, 57 ans, est devenu le septième président de la Ve République et restera cinq ans à la tête d'une des principales puissances mondiales. Et le premier socialiste à s'installer à l'Elysée depuis 17 ans. A peine investi, M. Hollande a voulu adresser un message de confiance aux Français. "Le pays a besoin de réconciliation, de rassemblement, c'est le rôle du président de la République d'y contribuer, faire vivre ensemble tous les Français sans distinction (...) autour des mêmes valeurs, celles de la République, tel est mon impérieux devoir", a-t-il dit en promettant "simplicité et dignité" à la tête de l'Etat. Transmission des codes nucléaires Selon un protocole minutieux, M. Hollande est arrivé à 10h au palais de l'Elysée, accueilli dans la cour d'honneur par son prédécesseur et rival malheureux à la présidentielle Nicolas Sarkozy. Après une poignée de mains, les deux hommes se sont isolés pour la passation de pouvoir au cours de laquelle le sortant a remis à l'élu les codes nucléaires. Puis, sous les applaudissements du personnel et cinq ans après y être entré triomphalement, Nicolas Sarkozy a foulé le tapis rouge dans le sens inverse, main dans la main avec son épouse Carla Bruni, avant de quitter l'Elysée en voiture en faisant le geste de l'au-revoir. Hollande promet "dignité mais simplicité" à l'Elysée François Hollande Sarkozy a assuré hier que durant son quinquennat, le pouvoir serait "exercé avec dignité mais simplicité, avec une grande ambition pour notre pays et une scrupuleuse sobriété dans les comportements". Dans son discours d'investiture, le nouveau président a évoqué le "poids des contraintes" auxquelles la France est confrontée: "une dette massive, une croissance faible, un chômage élevé, une compétitivité dégradée et une Europe qui peine à sortir de la crise". Une description très sombre de l'état du pays que lui laisse son prédécesseur. Adressant toutefois un "message de confiance" aux Français, M. Hollande a promis que ses choix seraient guidés par l'exigence de justice. "Il est temps de remettre la production avant la spéculation, (...) l'emploi durable avant le profit immédiat", a jugé le socialiste. "Il ne peut pas y avoir des sacrifices pour les uns, toujours plus nombreux, et des privilèges pour les autres, sans cesse moins nombreux", a-t-il considéré, en promettant que son gouvernement conduirait des réformes avec le souci de "récompenser le travail, le mérite, l'initiative et de décourager la rente et les rémunérations exorbitantes". Le nouveau chef de l'Etat a appelé à la réconciliation: "Nos différences ne doivent pas devenir des divisions, nos diversités des discordes". Prônant le rassemblement, il s'est engagé à réaffirmer les principes "intangibles" de laïcité, et à lutter contre le racisme, l'antisémitisme et "toutes les discriminations". Hollande veut redresser la France et ouvrir une voie nouvelle en Europe Le nouveau président français François Hollande entend redresser la France dans la justice et proposer aux dirigeants européens un nouveau pacte alliant réduction des dettes et croissance, a-t-il déclaré. Tel est le mandat que j'ai reçu du peuple français: redresser la France dans la justice, ouvrir une voie nouvelle en Europe, contribuer à la paix du monde comme à la préservation de la planète, a déclaré M. Hollande juste après sa prise de fonctions. M. Hollande a promis de faire vivre ensemble tous les Français, sans distinction d'origine. Nos différences ne doivent pas devenir des divisions, nos diversités des discordes. Le pays a besoin d'apaisement, de réconciliation, de rassemblement, a-t-il affirmé, au terme d'une campagne électorale particulièrement violente. "Je mesure aujourd'hui même le poids des contraintes auxquelles notre pays fait face: une dette massive, une croissance faible, un chômage élevé, une compétitivité dégradée", a-t-il poursuivi. François Hollande, a indiqué en outre qu'il proposerait aux dirigeants européens un nouveau pacte alliant la réduction des dettes publiques à une indispensable stimulation de l'économie. Je leur dirai la nécessité pour notre continent de protéger dans un monde si instable non seulement ses valeurs mais ses intérêts, au nom du principe de réciprocité de nos échanges commerciaux, a-t-il ajouté. Pour surmonter la crise qui la frappe, a souligné François Hollande, l'Europe a besoin de projets, elle a besoin de solidarité, elle a besoin de croissance. Le nouveau président s'est aussi engagé à se distinguer du style de son prédécesseur, comme il cherche à le faire depuis son élection le 6 mai. "Je fixerai les priorités, mais je ne déciderai pas de tout pour tout et partout", a-t-il dit. Selon François Hollande, le pouvoir au sommet de l'Etat sera exercé au sommet de l'Etat avec dignité mais simplicité. Pierre-René Lemas nommé secrétaire général de l'Elysée La présidence de la République a annoncé hier après-midi que René-Pierre Lemas avait été nommé secrétaire général de l'Elysée, succédant à Xavier Musca, tandis que le chef de l'état-major particulier de François Hollande restera le général Benoît Puga, déjà en poste sous Nicolas Sarkozy. Agé de 61 ans, M. Lemas, condisciple de M. Hollande à l'ENA, a notamment été préfet. Il était jusqu'à présent directeur de cabinet du président socialiste du Sénat Jean-Pierre Bel. Dans un communiqué, la présidence ajoute que la directrice de cabinet de M. Hollande sera Sylvie Hubac, assistée d'Alain Zabulon, tandis que le chef de cabinet sera Pierre Besnard. Alors que M. Lemas sera assisté d'Emmanuel Macron et de Nicolas Revel, l'Elysée précise qu'Aquilino Morelle, "plume" du candidat Hollande, sera le conseiller politique du président.