François Hollande s'est entretenu dans la soirée d'avant-hier, avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour son premier déplacement en tant que chef d'Etat, le jour même de son investiture. Une rencontre destinée à "faire connaissance", où les deux dirigeants ont décidé de mettre "tous les sujets sur la table" d'ici le prochain conseil européen de la fin du mois de juin, alors que les sujets qui fâchent ne manquent pas, notamment sur les questions européennes. Le nouveau président français a martelé pendant sa campagne sa volonté de renégocier le traité européen de discipline budgétaire. François Hollande est arrivé à 19h45 à Berlin, soit 1h15 après l'heure prévue, en raison notamment du coup de foudre qui a contraint son avion à se poser peu après avoir décollé de Paris. Il a dû en reprendre un autre. Faisant référence à cette péripétie, la chancelière s'est dite "d'autant plus heureuse" de la présence de son homologue français à Berlin. "On y voit un heureux présage pour la coopération entre nous", a-t-elle observé, sourire aux lèvres, lors de la conférence de presse commune qui s'est tenue après un entretien d'environ une heure et quart. Concernant la renégociation du traité européen, à laquelle Angela Merkel s'oppose fermement, "la méthode qui nous paraît la meilleure, c'est celle de mettre tout sur la table" à l'occasion du sommet européen informel du 23 mai et du conseil européen prévu à la fin du mois de juin, a expliqué François Hollande. "Tout doit être mis sur la table. Tout ce qui peut contribuer à la croissance, aussi bien l'amélioration de la compétitivité, que les investissements d'avenir, que la mobilisation de fonds, que les eurobonds", a-t-il insisté, alors que la chancelière s'est toujours refusée à toute émission d'obligations européennes. Interrogé sur sa volonté de faire ratifier, ou non, le pacte budgétaire, il a rappelé sa promesse de campagne. "La méthode que nous avons convenu consiste à mettre toutes les idées, toutes les propositions, et voir ensuite quelles sont les traductions juridiques pour les mettre en œuvre. Et c'est au terme de ce travail que je pourrai répondre à votre question", a-t-il affirmé. Avec une pointe d'ironie, François Hollande a fait référence à "l'héritage" qui lui a été laissé par son prédécesseur Nicolas Sarkozy sur le plan économique, pointant notamment "une croissance quasi nulle pour le premier trimestre" 2012. "Parce que je suis pour le sérieux budgétaire, je suis pour la croissance", a-t-il résumé. "S'il n'y a pas la croissance, alors quels que soient nos efforts, nous n'atteindrions pas les objectifs que nous nous sommes fixés". "Je sais qu'il y a derrière le mot croissance des approches qui peuvent être différentes, mais moi, je suis pour à la fois une économie de l'offre qui soit plus productive, et pour des soutiens de la demande qui ne peuvent plus être exercés par des Etats nationaux, compte tenu des situations budgétaires, compte tenu des endettements", a-t-il détaillé. "Donc l'Europe aura à prendre ses responsabilités". De son côté, Angela Merkel a souhaité que les discussions de préparation du prochain conseil européen portent "essentiellement sur la croissance". "Et là, il sera très important que l'Allemagne et la France présentent ensemble leurs idées", a-t-elle souligné, assurant ne pas avoir "peur" des intentions affichées par le nouveau président français. "Je ne suis pas inquiète quant à savoir si, ici ou là, il peut y avoir des divergences, mais il y aura beaucoup de convergences", a-t-elle assuré. Harmonie sur la Grèce, moins sur la croissance Lors de la conférence commune, la chancelière allemande et le président français François Hollande ont déclaré vouloir que la Grèce reste dans la zone euro, Les deux dirigeants ont déclaré que leurs pays avaient une "responsabilité" envers l'Europe. "L'Allemagne et la France ont convenu de présenter en commun des idées sur les moyens de relancer la croissance européenne au Conseil européen de juin", a annoncé, avant-hier, Angela Merkel à l'issue d'un entretien avec François Hollande à Berlin. Le président français a précisé que les mesures à venir sur la croissance devraient notamment concerner les Grecs. Texte séparé sur la croissance S'agissant du pacte budgétaire européen, François Hollande a rappelé qu'il avait demandé sa renégociation pendant la campagne électorale, mais a laissé entendre qu'il était prêt à envisager un texte séparé sur la croissance. Angela Merkel a affirmé que la France et l'Allemagne étaient "conscientes de la responsabilité qu'elles ont pour un bon développement" de l'Europe, en recevant le président français, François Hollande. Jean-Marc Ayrault a pris ses fonctions de Premier ministre Nommé Premier ministre par le nouveau président français François Hollande, Jean-Marc Ayrault a pris ses fonctions hier matin à l'issue d'une brève passation de pouvoirs avec son prédécesseur, François Fillon. Les deux hommes se sont entretenus pendant une demi-heure avant que François Fillon, qui dirigea le gouvernement pendant les cinq années du mandat de Nicolas Sarkozy, et son épouse ne quittent l'hôtel de Matignon. Le nouveau premier ministre a formé son gouvernement hier, et tiendra le premier conseil des ministres aujourd'hui. Martine Aubry ne fera pas partie du nouveau gouvernement La patronne du Parti socialiste Martine Aubry, dont le nom avait aussi circulé pour Matignon, a annoncé qu'elle n'entrerait pas au gouvernement. "Dans cette configuration, on est convenu, en bonne entente, que ça n'avait pas de sens que je sois au gouvernement", a déclaré Martine Aubry. " Il n'y a eu ni proposition, ni tractation", a-t-elle ajouté. "Je ferai tout pour aider Jean-Marc. C'est le choix du Président. Pour moi, ça n'a pas été une surprise, car je savais que François Hollande prendrait un très proche", a fait valoir la maire de Lille. Par ailleurs, Mme Aubry a confirmé qu'elle ne serait pas candidate à sa succession au prochain Congrès du parti socialiste prévu fin octobre.