Les Egyptiens ont commencé à voter, hier, pour choisir un successeur au président déchu Hosni Moubarak, un scrutin historique qui oppose des candidats islamistes ou laïques aux visions profondément différentes pour l'avenir du plus peuplé des pays arabes. De longues files se sont formées dans la capitale avant l'ouverture des bureaux. Cette première présidentielle de l'ère post-Moubarak se tient sur deux jours. Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue, un deuxième tour est prévu les 16 et 17 juin. Douze candidats sont en lice. Parmi les favoris figurent Mohammed Morsi des Frères musulmans, l'islamiste Abdel Moneim Aboul Foutouh, l'ex-Premier ministre Ahmad Chafiq, l'ancien chef de la diplomatie Amr Moussa et le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi. Aucun candidat ne semblant en mesure d'obtenir plus de 50% des voix. Poursuite du scrutin aujourd'hui Le vote pour le premier tour se poursuivra aujourd'hui. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin si aucun candidat ne remporte la majorité absolue au premier. Le vainqueur serait alors proclamé le 21 juin. Le résultat reste très incertain, en raison du grand nombre d'indécis et de la liberté de choix inédite qui s'offre aux électeurs après des décennies d'élections jouées d'avance.Poids lourd du monde arabe, avec quelque 82 millions d'habitants, l'Egypte apparaît partagée entre la tentation islamiste et celle d'une normalisation incarnée par des personnalités issues de l'ancien régime. Que deviendra l'armée ? Le Conseil militaire au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak a appelé à voter en masse, promettant un scrutin "100% transparent" et mettant en garde contre toute "violation" des règles électorales. Ce Conseil, très critiqué pour sa gestion de la période de transition émaillée de protestations et de violences, s'est engagé à remettre le pouvoir au nouveau président avant la fin juin. De nombreux analystes estiment toutefois que l'armée, épine dorsale du système depuis la chute de la monarchie en 1952 et qui détient un patrimoine économique considérable, restera dans les faits un acteur important. Les pouvoirs du prochain président sont pour l'instant très imprécis, la Constitution en vigueur sous M. Moubarak ayant été suspendue et la rédaction de la nouvelle étant au point mort. Il devra également composer avec un Parlement dominé de manière écrasante par les Frères musulmans et les fondamentalistes salafistes depuis les récentes législatives. Le prochain président égyptien sera le cinquième depuis la chute de la monarchie, après un coup d'Etat en 1952, et devra en outre faire face à une situation économique préoccupante, combinant les inégalités sociales extrêmees hérités de l'ancien régime et le fort ralentissement de l'activité, notamment dans le secteur touristique, enregistré depuis la révolte de l'an dernier.