La conseillère du président américain George W. Bush pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste, Frances Frago Townsend, est, depuis hier, en visite en Algérie. Expliquant l'objet de cette visite, elle a déclaré à sa descente d'avion qu'elle est en Algérie "en tant qu'envoyée spéciale du président Bush pour discuter avec les responsables algériens de la lutte antiterroriste". Mme Townsend a été accueillie à son arrivée par Kamel Rezzag Bara, conseiller à la présidence de la République. Selon elle, l'Algérie dispose d'"une expérience importante" dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et exprimé le souhait des Etats-Unis d'"apprendre et de partager cette expérience, pour lutter contre les ennemis de la paix et de la sécurité" dans le monde. Peut-être que la conseillère du président US relancera les autorités algériennes sur l'idée d'installer sur le territoire national des bases du commandement militaire Africom pour lutter contre le terrorisme. On le sait, l'Algérie a opposé une fin de non-recevoir à cette proposition au nom de la souveraineté nationale. Et refuse d'être intégrée dans ce type de plan d'action. "Le territoire algérien n'est pas concerné par le commandement américain projeté. L'Algérie n'a jamais accepté l'installation de bases étrangères sur son sol, (qui seraient) incompatibles avec sa souveraineté et son indépendance", avait déclaré, en mars, l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, M. Mohamed Bedjaoui. Ceci n'exclut pas cependant qu'une coopération se développe sur le plan sécuritaire par le biais d'échange de renseignements sur l'activisme des islamistes qui inscrivent leur nuisance dans une optique internationale. Il y a, chemin faisant, entre les deux pays, le dossier des sept ressortissants algériens détenus à la prison de Guantanamo que Washington souhaite remettre aux autorités algériennes précisément dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Selon l'ambassadeur américain à Alger, Robert S. Ford, les Etats-Unis conditionnent leur rapatriement à la garantie qu'ils ne subiront pas de "mauvais traitements" en Algérie et qu'ils ne retourneront pas à l'action terroriste. Des conditions qui n'ont pas lieu d'être posée car elles constituent des autorités algériennes, une immixtion dans les affaires intérieures du pays. Mme Townsend est arrivée à Alger en provenance de Rabat, où elle a tenu une réunion avec le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, et le ministre délégué à l'Intérieur, Fouad Ali El Himma, concernant la "coopération sécuritaire et les moyens de lutter ensemble contre les menaces que représente le crime transnational pour la sécurité et la stabilité des deux pays", selon un communiqué du ministère marocain de l'Intérieur. La visite de la responsable américaine à Rabat intervenait au lendemain de la décision du Maroc de relever au "maximum le seuil d'alerte face à la menace terroriste". Alors qu'en Algérie, le président Bouteflika vient d'ordonner une intensification de la lutte contre le terrorisme.