La conseillère pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste du président George W. Bush est arrivée hier à Alger pour discuter du dossier de la coopération contre le terrorisme. Frances Frago Townsend a déclaré, à sa décente d'avion, qu'elle est venue en Algérie en tant qu'envoyée spéciale du président Bush pour exprimer le vœu de son pays « apprendre » de l'expérience importante dont dispose l'Algérie dans le domaine de lutte contre le terrorisme et « la partager pour lutter contre les ennemis de la paix et de la sécurité dans le monde ». La conseillère de Bush, qui a été reçue hier par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a qualifié les relations avec Alger « d'excellentes ». « Nous avons eu des discussions extrêmement positives », fera-t-elle souligner, en émettant le vœu d'en avoir d'autres « encore plus positives ». Cet entretien a porté sur la coopération bilatérale en matière de sécurité mais aussi sur la coopération économique et les perspectives de son développement, ainsi que les questions relatives au Moyen-Orient et au Sahara occidental. Si rien d'autre n'a filtré de ce tête-à-tête, il est aisé de conclure que la visite de Mme Townsend s'inscrit en faveur d'un plaidoyer pour l'option d'installation d'un commandement central Africom pour la lutte contre Al Qaïda du Maghreb, ainsi que dans le but de rouvrir le dossier des prisonniers algériens détenus à Guantanamo Bay. Pour le premier dossier de l'Africom, l'Algérie avait, pour rappel, signifié une fin de non-recevoir à la demande américaine. Le précédent ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, avait, en mars dernier, précisé que « le territoire algérien n'est pas concerné par le commandement américain projeté. L'Algérie n'a jamais accepté l'installation de bases étrangères sur son sol, c'est incompatible avec sa souveraineté et son indépendance ». La stratégie américaine est vouée à l'échec sans l'appui des pays de la région, notamment celui de l'Algérie qui est située dans le centre du Maghreb et à la porte de l'Afrique subsaharienne. Toutefois, la détermination américaine à faire aboutir son projet n'a pas perdu de son souffle, c'est ce qui explique l'incessant défilé de hauts responsables américains chargés du dossier de la sécurité qui font montre d'insistance et même de forcing pour arriver à installer un centre de commandement militaire. Dans son discours du 6 février dernier, lors de l'annonce de la création du Department of Defense Unified Combatant Command for Africa, George Bush avait instruit le secrétariat d'Etat à la Défense de rendre opérationnel le US-Africa Command avant la fin de l'exercice fiscal de 2008. La consultation des chefs d'Etat africains se résumerait à décider du lieu de localisation de ce centre de commandement de l'armée qui, outre le rôle purement sécuritaire qu'il joue, sera un pôle « de promotion des politiques de la santé, de l'éducation, de la démocratie et du secteur économique », souligne le président américain. Les Etats-Unis veulent « vendre » leur projet de présence militaire dans la région par un franc soutien aux dirigeants africains. Un officier général a même pris ses fonctions à la tête du commandement. Une manière de confirmer que la machine américaine ne semble pas prête à faire marche arrière. « Nous travaillons de concert avec les pays de l'Afrique du Nord dont ceux du Maghreb et nous continuerons à travailler avec eux car nous ne voyons pas de raisons d'arrêter nos consultations », a tenu à préciser, récemment, Ryan Henry, sous-secrétaire d'Etat à la Défense américaine. Il est à noter qu'un autre point de discorde émaille les relations entre Alger et Washington, qui est celui de l'épineux dossier des détenus de Guantanamo. Reçue par le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezzag Bara, Frances Townsend, qui est à sa deuxième visite dans la capitale algérienne depuis celle de l'année dernière, devra remettre sur le tapis le cas des détenus algériens que compte extrader Washington sous le poids de conditions jugées démesurées. Sept détenus sur 25 sont inscrits sur le registre de départ de la prison américaine, mais leur rapatriement est soumis à des garanties algériennes pour un « traitement humain » des prisonniers. Alger avait jugé ce conditionnement d'immixtion dans ses affaires internes et d'atteinte à sa souveraineté.