Après presque 30 ans à la tête de l'Egypte, Hosni Moubarak devrait finir ses jours en détention. L'ancien raïs a été condamné, hier, à la prison à vie après la mort de centaines de manifestants lors des 18 jours du soulèvement qui l'a poussé à la démission l'an dernier. M. Moubarak, allongé sur une civière derrière les barreaux du box des accusés et portant des lunettes noires, est resté impassible à l'énoncé du verdict, comme durant toute l'audience. Il avait plaidé non-coupable lors de son procès, qui avait débuté le 3 août 2011. L'ex-raïs égyptien était le premier dirigeant emporté par le Printemps arabe à comparaître en personne devant la justice. L'ex-ministre de l'Intérieur de M. Moubarak Habib el-Adli a également été condamné à perpétuité alors que six anciens hauts responsables des services de sécurité égyptiens ont été acquittés .En outre, les faits de corruption contre les fils de l'ancien président égyptien, Alaa et Djamal, sont prescrits. Les condamnés ont le droit de faire appel. Le président égyptien déchu Hosni Moubarak, arrivé un peu plus tôt dans la matinée en hélicoptère à l'école de police de la banlieue du Caire où se tenait son procès pour meurtre de manifestants et corruption, a été condamné à la prison à vie, hier matin. Peu de temps après, l'ex-président a fait connaître son intention de faire appel de cette condamnation. Plus tôt, les avocats qui s'étaient constitués partie civile avaient manifesté leur colère après l'acquittement de six responsables de la sécurité accusés d'être impliqués dans la mort des manifestants, et dit leur crainte de voir Moubarak acquitté en appel. Des heurts, survenus au sein même de ce lieu spécialement aménagé pour l'occasion, avaient en effet été signalés immédiatement après l'annonce du verdict. Les candidats à la présidentielle divisés sur le verdict du procès Moubarak Le candidat islamiste à la présidentielle égyptienne a estimé, hier, que le verdict dans le procès du président déchu Hosni Moubarak était une farce, son rival et ex-premier ministre du raïs appelant à l'inverse à respecter le jugement. Le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, estime que le verdict est une farce et demande un nouveau procès avec les preuves nécessaires en vue d'une juste punition. L'autre prétendant à la présidence, Ahmad Chafiq, qui fut le dernier Premier ministre de M. Moubarak, a quant à lui affirmé que les décisions de justice doivent être acceptées, y compris l'acquittement des six hauts responsables de la sécurité. Le général Ahmad Chafiq a indiqué qu'en tant que candidat à la présidence de la République il insistait sur la nécessité d'accepter toutes les décisions de justice, a rapporté la presse. Il n'est pas de notre droit de faire des commentaires sur les décisions de justice, mais le verdict signifie que personne n'est au-dessus du fait qu'il faille rendre des comptes si la loi en a décidé ainsi, a-t-il poursuivi. L'état de santé de Moubarak se dégrade La télévision égyptienne a indiqué, hier, que l'état de santé de Hosni Moubarak s'était dégradé à son arrivée à la prison de Tora au Caire. Moubarak a souffert d'une crise de santé surprise à son arrivée en hélicoptère à la prison de Tora", dans le sud du Caire, ont indiqué la télévision et l'agence officielle Mena, sans donner de précisions. Les principales dates de la vie de Hosni Moubarak Les principales dates de la vie de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak: - 4 mai 1928: naissance à Kafr el-Moseilha, ville du Delta du Nil dans le nord du pays - avril 1975: désignation au poste de vice-président par le chef de l'Etat, Anouar el-Sadate - 14 octobre 1981: prestation de serment à la présidence, après l'assassinat de Sadate le 6 octobre - 26 juin 1995: il échappe à une tentative d'assassinat lors du 31e sommet de l'OUA à Addis Abeba en Ethiopie - 18 novembre 2003: malaise lors d'un discours au Parlement, mis sur le compte de médicaments et du jeûne du Ramadhan - juin 2004: intervention chirurgicale en Allemagne pour une hernie discale - février 2005: amendements à la Constitution égyptienne ouvrant la voie aux premières élections multipartites - mars 2005: manifestations contre un nouveau mandat de Moubarak, le cinquième consécutif - 7 septembre 2005: première élection présidentielle pluraliste. Hosni Moubarak l'emporte facilement devant neuf autres candidats - 6 mars 2010: intervention chirurgicale en Allemagne pour des problèmes de vésicule biliaire, transfert temporaire des pouvoirs au Premier ministre - 28 novembre 2010: élections législatives entachées de fraudes selon l'opposition 2011 - 25 janvier : inspirés par la révolte populaire en Tunisie, les manifestants descendent dans la rue par milliers pour réclamer le départ du raïs - 28 janvier: Moubarak ordonne à l'armée de rétablir l'ordre - 29 janvier: pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, Moubarak nomme un vice-président, choisissant son chef des services de renseignement Omar Souleïman. Vague de pillages dans tout le pays, après le retrait de la police des rues - 1er février: Moubarak annonce lors d'une allocution qu'il ne briguera pas un nouveau mandat lors de la présidentielle de septembre, mais ne quittera pas le pouvoir d'ici là - 10 février: Moubarak transfère ses pouvoirs à Souleïman, sans pour autant démissionner - 11 février: Hosni Moubarak démissionne et transfère ses prérogatives à l'armée - 13 avril: l'ex-président est placé en détention provisoire, accusé d'avoir ordonné d'ouvrir le feu contre les manifestants et de corruption. Il est assigné à résidence à l'hôpital de Charm el-Cheikh où il a été admis auparavant pour des problèmes cardiaques - 1er juin: le procureur général d'Egypte annonce que Hosni Moubarak et ses deux fils seront jugés à partir du 3 août - 14 juillet: publication par la presse égyptienne de la transcription de l'interrogatoire du président déchu, qui dément avoir ordonné d'ouvrir le feu sur les manifestants. Près de 900 d'entre eux ont été tués durant le soulèvement, du 25 janvier au 11 février - 3 août: début au Caire du procès de Hosni Moubarak, qui comparaît sur une civière installé dans le box des accusés. Ses fils Gamal et Alaa, l'ex-ministre de l'Intérieur Habib al-Adly et six anciens responsables de la police sont jugés avec lui. 2012 - 5 janvier: le ministère public indique qu'il entend requérir la peine de mort pour Moubarak, El-Adly et quatre anciens responsables de la police - 22 janvier: son avocat, Me Farid el-Dib, réclame son acquittement - 20 février: le procureur Mustafa Souleïman requiert la peine de mort pour Moubarak et cinq autres co-accusés - 2 juin: Hosni Moubarak est condamné à la prison à vie, ainsi qu'Habib el-Adly. M. Moubarak est acquitté des chefs de corruption pesant sur lui, tout comme ses deux fils. Ces derniers doivent encore être jugés pour délit d'initiés.